Get Your Gun - The worrying gun
Chronique CD album (42:00)

- Style
Personal rock - Label(s)
Autoproduction - Sortie
2014 - écouter via bandcamp
J'suis né sans charisme. C'est comme ça, c'est la vie : j'ai une gueule passe-partout, un physique de brindille, une voix commune. Bref, j'peux faire tapisserie, ce qui s'accomode plutôt bien avec ma propension à ne pas trop apprécier la compagnie de mon prochain.
Par contre, y'a des gars qui ont pour nature de s'imposer après avoir bavé deux syllabes. Le chanteur de Get your gun est de cette race de winner. De winner mélancolique, de gagnant shamanique, de gourou musical.
La voix grave et quelque peu nonchalante, parfois habitée de ce groupe danois, est le principal attrait de cet album dont on ne se décroche pas facilement.
Quelque part entre Nick cave et David Eugene Edwards (Wovenhand / Sixteen Horsepower), l'homme au micro a cette capacité d'attraction, peu commune, en captant l'auditeur en quelques mots...et en le privant d'en sortir un seul à son sujet.
Il fut long le temps où j'étais admiratif silencieux face aux mots explosifs de "Black books" ou écorchés sur "Staying for a while" voire sombres et désabusés sur "Tender lies".
Une voix fortement avancée par la production.
Un chant mis en valeur par des murmures et ajoutent à l'aspect "envoûtant" de chaque mot. Alors, inévitablement, lors des premières écoutes, on ne se focalise que sur elle.
Puis on en vient à découvrir que les instruments sont bien plus que des faire-valoir.
Audibles dans une production carrément limpide, ils démontrent aussi qu'ils ont une âme, une aura et un talent fou qui s'exprime pleinement lorsque le chanteur reste muet.
Dans des styles extrêmement variés, on perçoit quelques notes d'un stoner glacial, d'autres plus proches du rock anglais, de fortes teintes de blues, d'autres plus post-rock, parfois un peu de folk.
De lointains cousins de The National...encore plus tourmentés.
Bref, on est pas mal décontenancé par le premier morceau qui est une claque intense, dont l'onde va perdurer et se renforcer à chaque piste.
Surtout, le groupe semble tout se permettre.
Que ce soit une basse archi-lourde ou de sombres cordes sur "Black books"
Une guitare et un rythme qui accentuent l'atmosphère shamanique de "Sea of sorrow"
L'épique 'The worrying kind" porté par deux guitares : l'une saturée, l'autre plus claire légèrement en retrait...et je passe sur les petits sons plus discrets mais importants (l'accordéon de "Sometime", des violons) : le groupe ose constamment, tout en se forgeant une personnalité.
Un tempo relativement lent et des percussions d'une puissante gravité associées à une basse qui fait vibrer jusqu'aux vers de terre : voilà schématiquement ce qu'est Get your gun, qui développe des ambiances extrêmement sombres mais sait donner vie à cet album en surprenant constamment...et prudemment.
On termine ainsi l'album avec "Call me rage" avec un titre "indus sans bidouille" mais à la rythmique surpuissante...alors que l'on achève l'album sur une ambiance plus respirable mais toujours aussi mélancolique.
Get your gun est d'une infinie tristesse, d'une incroyable finesse, d'une quasi-perfection déroutante.
C'est parce qu'il faut bien écrire pour les faire connaître, mais face à un album comme celui-là, seul le silence s'impose.
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