Melvins - (A) senile animal

Chronique CD album (41:25)

chronique Melvins - (A) senile animal

CANADA BUZZ HAS A WAY TO SEE THROUGH MY EYES


Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS. - Chapitre 23 -

Pour comprendre le pourquoi de la démarche boiteuse, se référer à l'introduction du chapitre 1...

 

Ils sont arrivés avec leurs mines de fête, le cirque est en ville, cavaliers aux nez rouges ils font la roue et, l'air de rien, bloquent toutes les issues. Ils nous rassemblent tous sur la place, ils tissent leur toile et nous sous-tendent que les apparences sont trompeuses.

Nous vous voulons aucun mal, disaient-ils, tout ceci n'est qu'un jeu, bientôt vous serez libres.

 

Marqueterie fine, enluminures typées, les Melvins vous assiègent tranquillement les oreilles et, une fois de plus, sauvent le rock.

Si la classe est parfois inquiétante (les deux premiers titres dont le numéro de marionnettes « Blood Witch »), c'est pour mieux vous séduire sur l'ensoleillé « Civilized Worm », qui sonne comme la réconciliation de deux vieux amis : la main sur la volant, chevelure au vent, on se dit ce qu'on avait à se dire depuis trop longtemps et les sourires pointent sur nos faces fatiguées.

Moment de détente et de bonheur, ils osent les envolées en tonalités majeures, les multiples voix s'auto-nourrissent avec un allant rare, le groupe est en pleine santé, 23 ans après leurs débuts rances de rancœur, d'incompréhension et d'insuccès.

 

Puis vient le moment de la danse et des festivités sur « A History Of Drunks ». Y'a même des claps, avant une trilogie de titres rentre-dedans ; avalanches de riffs métalliques malins et vicieux. On remarquera, au milieu de toutes ces montagnes soniques à la fois escarpées et luxuriantes, un morceau hymnique absolument génial, le bien-nommé « The Hawk ». Majestueux, il fond sur vous, les ailes grandes déployées. Les voix épiques de Buzzo et Jared Warren se répondent et rebondissent sur un roc dur sculpté par les dieux totémiques, à qui dédient leur vie les petites souris comme les éléphants. Tout le monde le sait bien.

 

Houm.

Le temps est venu de twister en grands-guignols avec « You've Never Been Right », car ensuite tu devras affronter à nouveau les dieux sur « A History Of Bad Men », qui contient un canon. Oui, des chants en canon, en plein milieu de cette invocation d'une déesse oubliée des hommes (mais pas des animaux qui rêvent). On a déjà entendu la presque-même ligne de basse sur « Night Goat », mais là c'est pour en faire un titre encore plus prenant. Les voix, les mélodies, sont toujours aussi miraculeuses, apportant une autre pulsation organique ondoyante, parallèle à la rythmique rampante.

A genoux mains ouvertes, accueille le canon guerrier. Et quand il prend sa fin, c'est les chutes du Niagara qui dévalent sur toi.

L’œil est dans la chute et il te regarde.

 

La Déesse ressort de l'eau, fait tournoyer ses cheveux et envoie des gerbes larges comme des torrents, dans lesquelles des humains se débattent contre la noyade. Elle se déhanche doucement et créé les vents, elle met un pied à terre et c'est le manteau sur la lave qui tremble.

Beau et grand désastre.

Faut pas faire chier la Déesse qui sort de la baille à moitié à poil, elle te jouera un Blues lent martial, « The Mechanical Bride », où les Melvins revisitent un « Hoochie-Coochie Man » façon titanesque. J'insiste, les voix apportent nuances et mélodies, usant à la fois de la finesse et de l'outré.

 

Ce monde est une vaste prison crasseuse et les Snivlem transcendent ce triste constat sur le dernier morceau, genre de Rock progressif qui aurait oublié de faire pompier, en collant de la soie à même l'os.

 

Pour ce premier album fusionnant Big Business et les Melvins (deux batteries, et jusqu'à quatre voix, du coup...), ça frappait fort. Avec le recul, c'est encore mieux. Une pertinence et un savoir-faire presque décourageants pour qui s'essaie au Rock aujourd'hui.

Original, beau, complexe et séducteur sans faire la pute, mais plutôt la grande courtisane qui faisait tomber les empires et les empereurs d'un coup de rein.

Royal.

 

Couronne de flammes et parfum de lavande, vastes pâturages et sommets de majesté éternellement enneigés , les images dansent la sarabande dans mon imaginaire.

Nema Snivlem.

photo de El Gep
le 06/11/2011

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