Gillian Carter - Salvation Through Misery

Chronique CD album (24:38)

chronique Gillian Carter - Salvation Through Misery

Gillian Carter, que ce groupe me redonne les frissons d’antan et l’envie d’en découdre avec tout cette pourriture environnante qui ronge les âmes et bousille les corps à petit feu. Cette chronique n’aura rien d’une cure de jouvence, l’époque est plombée par le drame commun, et sur Salvation Through Misery, l’esprit est à la noirceur et aux états d’âmes violents. Petit avertissement de circonstances, préparez-vous à vivre en souffrance et à traverser esthétiquement une expérience imparable de catharsis. Comme par le passé, Gillian Carter ne fait pas de quartier sur son dernier album, et pourtant sa virulence acharnée n’a d’égal que sa sensibilité exacerbée.

Avec son approche du screamo à la fois chaotique et meurtri, les Américains continuent de nous étriper à grand renfort d’un riffing lapidaire, lourdement outillé et méchamment assassin. Aussi, si vous aimez les crudités dans le hardcore, je vous laisserai apprécier le naturel de la production, la rudesse chaleureuse des amplis et l’éclat d’authenticité qu’est Salvation Through Misery. Raw Power!

 

Depuis …This Earth Shaped Tomb, Gillian Carter continue donc de nous gratifier de l’intensité émotionnelle qui caractérise le screamo et dont on se délecte le cœur meurtri, la poigne fermée et le regard sévère. Des luttes personnelles aux collectives, le combo originaire d’Orlando, à travers ces douze morceaux azimutés, nous fait passer par des états de négativité et de seum absolu, deux ressorts endoloris mais qui commandent la rage et ravivent les feux dévorants.

 

Les hostilités commencent sur “Life is Hell, Hell is Fucked”, un titre qui donne sans concession la tonalité générale de l’album… Un malaise explosif fait de distorsions, de dissonances mentales/instrumentales et d’une touche d'effroi. Un titre inaugural métallisant qui fait retentir tous les instruments dans un bordel sonore extrême, entre suffocation et jubilation. S’ensuivent deux titres dans les mêmes bails. Savant mélange entre épaisseur métallique et fulgurance emo-violente. Ces trois premiers titres valorisent le jeu d’un batteur très à l’aise quand l’aiguille des bpm explose le compteur et que les fûts supplient pour toujours plus de maltraitances. « The Pain Of Being Awake” met en avant toute la technicité d’un batteur toujours fin dans ses accès émo-violents et mesuré quand le hardcore se veut plus pondérer dans sa brutalité. Une entame de skeud qui régale de part la violence qu’elle déploie, avec autant de générosité que de corps. Des corps instrumentaux malmenés de tout l’engagement des musiciens dans ce maelstrom viscéralement dramatique.

 

Petite pause sur « Borrowed Time » après l'avalanche sonore auquel on vient d’assister, le tempo retombe drastiquement et le combo se la joue plus emo-friendly. Les accords intenables et dissonants ont laissé la place à plus de rondeur dans les mélodies. Poétique et naïve, la comptine « Serene Landscapes Of A Violent Utopia » est un écrin sensible qui ramène un peu de quiétudes entre deux bourrasques Emo-violentes. Les américains savent jouer sur les contrastent quand bien même l’esprit générale reste profondément sombre et plombé. On alterne donc tout du long de l’album entre coups de butoirs screamo et moments plus retirés.

 

S’en suit le titre coup de cœur « Lake of Misery/Heart Of Hatred » … Titre screamo à la teneur Post-hardcore et dans le même esprit que les regrettés camarades de Old Souls. Avec un point commun dans la manière de hurler son désespoir et son seum d’être. Un chant aux encablures du screamo et de l’emo, touchant dans les deux registres. Sensible et délicat dans ses manifestations Emo, supplicié et désespéré dans les plus screamo. 

 

Le dénouement approche, encore quelques titres acharnés et fonceurs avant de conclure cet album long de vingt petites minutes. Un temps court mais intensément dense. L’harmonica adoucit les peines, les petits sifflotements aussi... Deuxième souffle consolant que nous autorise Gillian Carter avec « Living in isolation ». Petit pied de nez candide à ce monde vautré dans l’obscurité et la violence. Etat de tristesse qui s’amenuise à l’écoute d’un titre presque réenchantant, la candeur semble retrouvée, des interstices lumineux et discrets que fait raisonner les respirations d’un harmonica chaleureux mais dont l’esseulement ne fait que renforcer cette noirceur installée. On termine de la meilleure des manières sur « Watching a Friend Die » et ses vibs typées amertume emo-punk. 

 

La puissance cathartique de Salvation Through Misery est à tomber par terre, si tenté que l’état n’était pas déjà à l’abattement avant l’écoute de ce marquant coup de poings. Un album qui aurait dû figurer dans mon top de l’année. Une chronique en guise de rattrapage et pour compenser ce pardonnable oubli.

 

Forced into this world where violence consumes my mind, Bathing in sin, I feel my collapse, Bearer of death, behold these sounds of life…”.

 

Les situations ordaliques jalonnent nos chemins, la sublimation par la mort et la violence sont devenus la norme, l’expérience de la perte et son pendant mortifère des routines, toutes ces merdes qui aujourd’hui pèsent lourd dans des esprits diminués et en voie de naufrage… La violence contre soi ou contre ce monde de désolation !??? Tiens bon ! Accroche-toi ! La nuit est sombre… Suis la Lune !! Et incendie la nuit…

photo de Freaks
le 13/04/2023

5 COMMENTAIRES

AdicTo

AdicTo le 13/04/2023 à 07:46:01

Quelle « belle » conclusion. Rien que pour ça je vais l’écouter tient… un peu aussi parce que le screamo ça fait du bien là où ça fait mal :)

Pingouins

Pingouins le 13/04/2023 à 09:05:16

Super chronique camarade !

Freaks

Freaks le 13/04/2023 à 18:37:32

Cimer c'est gentil les copains! 

AdicTo

AdicTo le 20/04/2023 à 19:43:23

Mais non! J’avais clôturer 2022 moi :-/

Si je l’écoute une deuxième fois je commande moi… Et comment je fais pour sortir ce truc de ma tête?

Du screamo comme je l’aime. Allez, je fais mon hipster: « instant classic » :)

Freaks

Freaks le 20/04/2023 à 21:01:40

"Et comment je fais pour sortir ce truc de ma tête?" 
Tu ne résistes surtout pas et tu te laisses matrixer avec ton goût du consentement :p
Enjoy ! ;) 

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