Gloosh - Sylvan Coven

Chronique CD album (47:41)

chronique Gloosh - Sylvan Coven

Mon panorama – forcément imparfait et partial – des projets soli dans le Black Metal se poursuit avec le travail proposé depuis deux ans maintenant par le Russe George Gabrielyan avec Gloosh (littéralement « Forêt reculée »). Ce dernier n’est pas tout à fait un novice puisque, sous le nom de Foltath Eternum, il est déjà membre depuis 2010 du duo derrière Frozenwoods et depuis 2012 du trio derrière le très bon Eoront.

 

Originaire de la ville de Krasnoyarsk, George Gabrielyan fait suinter de son Gloosh son attrait sincère pour la nature sibérienne qui dégage au moyen de son Black Metal atmosphérique et mélodique une réelle puissance esthétique. Dès les premières secondes du premier titre ("Vjkhr") du premier album (Timewheel), autoproduit et sorti en février 2020, on sent que cette proposition de (très) belle facture doit être prise au sérieux. On y retrouve de très jolis riffs, certains très abbathiens ("Samsara"). Il lui est paru important de composer sa musique à l’automne et à l’hiver (nous étions en 2019) à une saison où les nuages s’épaississent, où s’entremêlent la pluie, les premières neiges, le givre.

 

L'album Timewheel (février 2020)

 

Cette aventure purement individuelle, authentifiée 100% « fabriquée main » (aucun invité n’est à signaler, ni au chant, ni à la batterie) s’est ardemment poursuivie à l’été de la même année avec l’EP 4 titres The River. Le morceau "The Source" apparait comme le plus varié et le plus sauvage. La rigueur du climat (le vent, les tempêtes neigeuses, les orages) occupe une place centrale de son univers conceptuel, au même titre d’ailleurs – et les différents artworks l’illustrent avec force – que la faune et la flore très riches de la taïga qu’il aime arpenter : la forêt, la mousse, la roche, etc. Vous ne serez donc pas étonnés d’entendre de larges samples d’écoulement de rivières, de colères orageuses et de cris d’animaux ("Mokh" et "Clouds" de Timewheel, "Rivulets" de The River).

 

L'EP The River (juillet 2020)

 

Se laissant davantage le temps pour parfaire sa production, une nouvelle offrande ne voit le jour qu’en octobre 2021 avec l’album Sylvan Coven. Plus agressif qu’à l’accoutumée ("The Mist of Sleep"), mais moins mis en relief par des bruits rapportés ("Hyakki Yagyō", rooooh les batraciens à la fin de "Swampsong"), son BM forestier entend toujours donner corps à la force vitale qui se dégage des éléments de la nature sibérienne, avec un degré d’investissement semblable à celui déjà relevé chez Grima. Il y renouvèle son admiration primale devant la capacité de la Nature d’absorber pour partie les chocs infligés par les sociétés humaines. Un souffle animiste parcourt l’ensemble des 6 titres de Sylvan Coven avec une qualité qui ne s’affadit pas un instant, à l’image des très denses "Woodland Waltz" et "Hexenring" (belle insertion d’une voix féminine pour ce dernier). Son BM exprime avec ses notes et ses mots sa manière de vivre en harmonie avec son environnement, sa manière d’habiter et de concevoir le monde, d’illustrer son expérience vécue ("Incantation").

 

Le cover art complet de Taya Rostovtseva

 

Avec le second long-format de Gloosh, George Gabrielyan confirme donc tout l’apport actuel, sûrement précieux, du Black Metal russe (Grima, Malist, Elderwind, EisflammenPasséisme, Wintaar…), surtout lorsque celui-ci porte en lui une forme atmosphérique, mélodique et épique aussi franche et probante.

 

photo de Seisachtheion
le 04/01/2022

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