Gradience - Ironsight

Chronique Maxi-cd / EP

chronique Gradience - Ironsight

8 mars 2024, 12:58. Le département FusionAndCo de votre webzine préféré est en ébullition. Et ce pour une bonne raison : le webfacteur vient de déposer dans notre boîte postale Outlook un paquet contenant cinq titres décrits comme « une fusion puissante de Trap-Rap, de Black metal, de Metalcore et de Deathcore ». Crom-Cruach, qui a ouvert la missive par inadvertance, est retrouvé en PLS dans un coin de la cantoche. Xuaterc et 8oris, le visage déformé par une grimace de convoitise, luttent dix bonnes minutes pour s'approprier le Précieux – le premier tentant un nekroche-pied vicieux, le second ripostant par de grosses 8eignes dans les or8ites de son rival. Profitant de la confusion, votre interlocuteur s'empare discrètement de l'objet de toutes les convoitises... Après tout, il semblerait bien qu'il s'agisse là d'une mission pour Nawakator, non ?

 

Le vif d'or discographique qui a ainsi retourné la rédac s'intitule Ironsight. Il s'agit de l'EP-carte de visite de Gradience, duo danois osant un pari qui – à l'époque de l'Inner Circle – lui aurait valu une fatwa satanica carabinée. Et il faut reconnaître que ce qui est offert à nos oreilles est bien ce qui est annoncé sur l'emballage – même si l'on regrettera qu'en fait de Trap craignos transpirant la sueur froide du ghetto, on nous serve un bon gros High School Rap assez inoffensif, du même acabit que celui qu'Hacktivist mélange à son Djent. Mais fermons là la parenthèse SAV, et constatons qu'en effet, les gus ont mélangé en parts relativement égales le flow et les beats du Hip-Hop, les blasts et les shrieks du Grand Nord, ainsi que les mosh parts et les saccades du Metal extrême moderne rimant avec "-core". Et le résultat est loin de sentir le patchwork à 3 euros. Bien au contraire : la recette fonctionne à pleins tubes. À ce titre, « This Abyss » constitue un point d'entrée parfait dans l'EP, ses deux minutes trente en proposant un résumé idéal (… et suffisant pour quiconque aurait l'estomac trop fragile pour supporter ce genre de cocktail).

 

Mais il ne va pas être possible de garder ce ton neutre plus longtemps. Car la vérité c'est que, si d'un côté le cerveau capte bien que le mélange en question est objectivement réussi, que les morceaux sont accrocheurs, et qu'ils vont certainement rencontrer un gros succès dans les coins les plus sombres des cours de récréation, de l'autre le système nerveux secondaire n'arrête pas de subir des décharges répulsives qui empêchent de profiter pleinement de la musique proposée. C'est que, certes, le vieux con qui vous cause est fan du Black/Rap d'Uratsakidogi, ainsi que du Black/Ska de Leper. Par contre il a énormément de mal avec le « Teen Metal » qui sent le cartable – d'où un rejet plus ou moins violent des derniers Hyro the Hero, Hourhouse et Fever 33. Et c'est justement ce qui relègue Ironsight dans le Championnat Junior, sans espoir d'accès immédiat à la Première Division : ce côté péniblement « jeune blanc-bec qui roucoule » (cf. « Love Me and Lie »). Mais également cette prod' Disney+, ce synthé parfois trop flashy – et, c'est vrai, des gimmicks tout droit issus de la doublette Metal-/Deathcore, scènes dont je ne suis pas le plus grand fan qui soit...

 

Pourtant un Kim Dracula a parfaitement démontré qu'avec la dose adéquate de talent – et une véritable aura, si si, il faut lui reconnaître ça – un artiste tout juste post-ado peu parfaitement convaincre un vieux ronchon de mon espèce. Mais ce n'est malheureusement pas le cas de Gradience, qui sait a priori comment composer un morceau, mais dont la personnalité dépasse peu celle de ces seconds rôles insipides qui succombent durant les 20 premières minutes des slashers. D'ailleurs c'est un peu ça, Ironsight : l'équivalent Metal de Souviens-Toi... l'Été Dernier IX (ça sortira bien un jour). On nous annonce une tambouille bien sanglante, mais c'est en fait une grosse boîte de pop-corn pour ado qui nous est servie. Et rien n'y fait, j'ai beau faire tourner l'EP, j'ai beau admirer cette capacité à faire se fondre l'un dans l'autre des modes d'expression a priori peu compatibles, l'endorphine ne veut jamais se mettre à véritablement couler. Au final, la seule impression qui persiste durablement quand le 5e titre s'achève, c'est que cette version teenager d'un Zeal And Ardor à casquette pourrait bien avoir pour unique intérêt celui de servir d’appât pour les ados qui vivent sous mon toît, afin de les amener à inclure un peu de Metal dans leurs playlists...

Mais en dehors de ça, rhaaaaa, j'ai beau insister, non, ça ne veut décidément pas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : Ironsight, c'est ce qu'un Zeal And Ardor à casquette aurait pu proposer s'il avait visé un public ado fan de Rap, de frissons faciles et de Metal en -core (… Grind exclu). Ce mélange de Black Metal, de Deathcore, de Rap et de Metalcore est objectivement bien foutu, et accouche de morceaux qui impressionnent durablement ces parties du cerveau où vont se loger jingles et autres tubes Popounesques... Il laisse par contre un arrière-goût très désagréable dans la bouche de ceux qui ne rentrent qu'à reculons dans les sorties les plus lisses d'Hyro the Hero et Hactivist.

photo de Cglaume
le 16/05/2024

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