Infestdead - Killing Christ

Century Media venant de sortir Satanic Serenades – double album tout chaud tout beau compilant l’intégrale de Infestdead pour une utilisation optimisée de votre meuble range-CD – la solution de facilité consisterait à torcher en une chro l’ensemble de l’œuvre du side-project glenbentonophile de Dan Swanö. Ce qui reviendrait, si vous permettez la comparaison, à se taper un maxi-hamburger mélangeant joyeusement entrée « saumon & truffe », tournedos Rossini et parfait au chocolat dans la même cloche en pain de sésame, le tout étant servi sur les WC d’une station-service d’autoroute. Vite fait, mal fait, bien fait pour la gueule des boulimiques peu regardants dont l’estomac et les oreilles protesteront plusieurs heures après l’ingestion de la chose!

Sauf que sur CoreAndCo, on aime prendre le temps. Et en l’occurrence il n’y a pas que Madame qui en profite, lecteur/trice adoré(e). Profitons-donc de la sortie de ce gros parpaing métallique pour dépiauter chacune des sorties du « groupe » suédois ici évoqué avec la méticulosité, le respect de la chronologie et la gourmandise que requiert cette Encyclopædia Universalis du Death à pieds de bouc.

Pour commencer, mettons les points sur les i de la biographie d’Infestdead: en 1995, alors que Deicide a déjà honoré la mascotte barbue du FC Vatican de 3 brûlants crachats death métalliques, Dan Swanö commence à se dire que ça va bien un temps de jouer les gentils guitaristes mélodiques et bien peignés au sein de Nightingale, Unicorn, Godsend ou encore Pan.Thy.Monium, mais que les filles sont quand même vachement plus impressionnées par les loubards qui crient « Hail Satan » dans le micro lors des soirées merguez / messes noires de la MJC de Krisprölls-les-båins. C’est qu’il a bien vu que ceux qui repartent avec les plus jolis minettes, ce sont toujours ses rivaux de Luciferion. Et si Edge of Sanity constitue certes un pas dans la bonne direction, ça ne suffit pas à stimuler convenablement les glandes de Bartholin de ces dames et à accéder au St Graal de la pénétration sans irritation. Ni une ni deux, le Danny téléphone à Andreas Axelsson – Dread pour les intimes –, ex-Edge of Sanity, ex-Marduk, afin de bosser sur des compos qui s’inscriraient à 100% dans les traces sulfureuses du Death blasphémateur de Deicide.

Le premier fruit interdit de cette fructueuse collaboration est l’EP Killing Christ, courte mais intense charge caricaturalement – et délicieusement – antichrétienne dont tonton Glen Benton aurait été fier. En 5 morceaux et une intro, Infestdead réussit à s’imposer comme l’un des plus fidèles lieutenants des Antéchrists américains. Il faut dire que rien n’est laissé au hasard. Après une intro hantée par quelques « Sa-tan, Sa-tan… » fantomatiques, nos 2 lascars balancent un « I’ll Be Black » qui latte sans pitié, avec la sécheresse du fouet et le double assaut vocal de circonstance. Démarrant sur l’un de ces courts solos brulants qui font le sel du Death démoniaque, « In the Spell of Satan » tape tout aussi dur, avec néanmoins une petite pause incantatoire au milieu de ce torrent de fiel. Petite entorse stylistique à la règle, « Save Me from the Hands of Christ » démarre sur une mélodie plus suédoise qu’américaine, avant d’aller moissonner le champ de Death via un riff sentant fort le refrain de « Within The Mind ». Cela n’empêche nullement le titre d’être l’un des meilleurs de l’EP, notamment grâce à ce break merveilleux qui vient réveiller les forges d’Hadès à 0:52. Puis arrive la bœuterie frontale « Fucked By Satan » qui, en 35 secondes seulement, annihile tout espoir de retrouver des survivants au fond de l’église. Et pour finir de brûler les missels, Infestdead crache un autre tube infernal, « Burn Me (Without the Grace of God) » qui rougit autant les fesses qu’il marque les esprits de sa diabolique « mélodie ».

Court, intense, taquinant le Jésus avec une espièglerie à double canon scié, ce Killing Christ a tout pour plaire aux fans des 4 premiers albums de Deicide. Et rassurez-vous: la suite des évènements ne verra nul virage s’amorcer vers le Doo-wop pour catéchète enthousiaste. Mais on en reparle sous peu en ces mêmes colonnes…

La chronique, version courte: Un joli petit minois de gendre parfait qu’il a le Dan Swanö? Le genre à toujours baptiser ses bébés métalliques avec une grosse louche de sucre? Mouais, a priori vous n’avez jamais écouté Infestdead pour sortir ce genre d’énormité…

Cglaume

le 06/07/2016