Kibosh - Your Favorite Curse

Chronique CD album (17:39)

chronique Kibosh - Your Favorite Curse

Kibosh...Déjà quand ton nom sonne comme celui d'un site minier planqué au fin fond de la Sibérie ou le nom autochtone d'un ouragan parti de je-ne-sais-quelle îlot perdu, ça part bien (même si kibosh est un terme anglais à l'étymologie incertaine et qui signifie "arrêt", "hola"). Quand en plus, le groupe formé en 2021 a déjà signé avec Frozen Records (qui s'occupe notamment de Sorcerer, Nature Morte, Black Bile), ça continue gentiment.

Ces 5 bordelais ont sorti leur premier EP autoproduit en décembre 2023 et n'ont pas traîné pour pondre sa suite Your Favorite Curse, leur premier album, un peu court sur le papier mais ça se présente toujours sereinement.

Le kit-press est bien foutu, il y a deux photos du groupe en live qui rappelle instantanément la vague métalcore/mathcore des années 90-2000. L'odeur de sueur de braves types dans le pit commence à chatouiller le reniflard, c'est de plus en plus bonnard.

 

Et puis l'album commence...Et là, wooouf! Les quelques poils qui me restaient sur le caillou sont soufflés d'un coup d'un seul. Kojakisé en moins d'une minute, le chroniqueur. Faut dire que les hostilités sont ouvertes à coup de pied de biche avec l'incroyable instrumental "Tear Their Wings". Ce morceau est l'une des plus talentueuse invitation à écouter le reste d'un album. Un titre qui impose de tendre une oreille sur tout ce qui suit, le trailer, sans spoiler, d'un thriller sauvage d'un peu de plus 17 minutes. Bref, pour une fois, le reniflard a eu du pif et c'est peu dire.

 

Dans la lignée même d'un Knocked Lose moins répétitif (j'assume), le groupe envoie 8 pépites acérées de hardcore incisif, moderne, méchant et bagarreur, 8 coups de schlass aux lames émoussées mais qui tranchent bel et bien. Alors, c'est pas de la coupure net. Non. Kibosh déchire, Kibosh cisaille, Kibosh déchiquete, Kibosh éssorille!

 

L'approche musicale est chaotique. Variations de tempo, structures digne d'un escape-game (pas trop difficile quand même), l'entropie musicale fait des siennes mais sans nous larguer en route, ni nous laisser sur le banc des ennuyés. Et si les guitares se font plus mélodiques le temps de quelques breaks post-hardcorien vite fait, le naturel revient au galop nous éperonner la face. Bien des écoutes seront nécessaires pour saisir tous les détails (comme les ptits leads de fifou à gauche dans "Gathered In Wilt") d'une musique qui se présente aussi massivement et dans laquelle les deux guitares s'invectivent à coups de riffs quand elles ne travaillent pas de concert à la lourdeur sauvageonne de l'ensemble.

 

L'approche vocale est cathartique. Your Favorite Crush est un crachoir, un sac juteux plein d'une salive acide expectorée sans retenue, presque comme un réflexe, incontrôlé mais maîtrisé à coup de souffrance. C'est carré, ça ne s'essouffle jamais pourtant ça développe. Et même si on devine qu'elle est doublée et traitée soigneusement par l'ingénieur son (coucou et bravo à Tom Kaduk de Satanic Beats), la prestation est incroyable d'énergie et de fraîcheur sueur.

Cependant, cette voix a aussi la particularité d'attaquer certaines phrases en mode "bleuargh" (le terme technique m'échappe) et si cette touche personnelle m'a, je l'avoue, un peu surpris au début et si je pensais qu'elle me freinerait, rien de tel. Elle donne à l'ensemble une couleur originale, qui propulse à sa manière la musique avec un style peut-être bien unique finalement (les experts confirmeront ou non en commentaire). A noter qu'elle n'est pas en reste sur les rares passages en voix claires, très bien exécutés, avec un grain agréable et qui atteint à peine le niveau 1 du gnan-gnanmètre.

 

La production est dantesque, pleine de punch et de brillance, la batterie est dingue (la snare m'a fait dire "Bah voilà, ça, c'est de la snare, bordel! C'est quand même pas compliqué"), les guitares sont super tight, c'est propre et rien de tel que du propre quand l'intention est bien sale. Si la production joue un rôle majeur dans ce genre de musique qui a besoin d'une grosse énergie sonore et fréquentielle, sachez que le groupe ne manque absolument pas de jus en live et semble plus que prêt à défendre son album. Ils seront d'ailleurs à l'affiche du  Seisach' Metal Night(s) #5 (chose que j'ai apprise après la rédaction de cette chronique) !

 

Malgré un format un peu court pour un album et un artwork circonspectant qui l'empêcheront d'atteindre une note pascale, Your Favorite Curse est un excellent premier album qui dépasse le rôle de simple et belle carte de visite. Plus qu'un prémisse, il est la promesse d'un groupe ultra solide, prêt à faire débouler son hardcore enrichi en fiel sur scène comme en studio. Hormis une intro dantesque dont je ne me lasse pas, il y manque peut-être un titre ou deux qui auraient la saveur immédiate d'un "single". On imagine tout à fait que le groupe puisse en être capable à l'avenir et mon reniflard me dit que de l'avenir, ils en auront...

 

 

On aime bien : un très beau représentant du filthy chaotic hardcore français

On aime moins : mais...mais...mais qu'est ce que c'est que cette pochette!?

photo de 8oris
le 09/10/2024

7 COMMENTAIRES

Seisachtheion

Seisachtheion le 09/10/2024 à 09:35:13

Les openers de la 5e édition de la Seisach' ;p

cglaume

cglaume le 09/10/2024 à 14:04:23

Elle est très bien la pochette !
C’est pas du Dali ?

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 09/10/2024 à 15:52:01

Non, c'est numérique. On dirait plutôt un truc généré par IA. Je serais curieux de connaitre les critères par contre.

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 11/10/2024 à 16:08:25

Eh bah entre eux et Vestige la Seisach' ne manque guère de p'tits nouveaux prometteurs ! (Deg de pas venir au final...)

noideaforid

noideaforid le 11/10/2024 à 22:15:18

La pochette est faite par un artiste 3D du nom de Sam Balfus. Mot clé sayssiworld sur le net. 

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 12/10/2024 à 12:57:18

Merci pour l'info! 

Pingouins

Pingouins le 14/10/2024 à 17:32:01

Oh j'avais pas encore pris le temps d'écouter mais y'a du très chouette là dedans dites donc. La filiation KL est assez évidente en effet, et c'est vraiment marrant ce son de snare quasi grindy mais non grâce à ce petit écho (/reverb ?) dessus.
A suivre !

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