Kourgane - Corps de Chasse

Label précieux, aux sorties toutes plus décalées et peu conventionnelles les unes que les autres, A tant rêver du roi, basé à Pau, abrite parmi ses nombreaux groupes de valeur ce quatuor palois, qui avec Corps de chasse fait suite à un bien nommé Heavy, déjà probant à souhait.

Inqualifiable, passionnant, le groupe de Frédéric Jouanlong-Bernadou, chanteur rageur et expressif, réitère sa noise lourde et saccadée, chantée en Français sans que cela pose le moindre problème, et "Akène", premier titre défloré par la guitare de Ryan Kernoa et la guitare baryton de Gilles Lahonda, porté par la frappe assurée de Jérôme Renault, valide avec maestria un style que Kourgane a lui-même défini. Remonté, il laisse ensuite place à "Rambarde", tendu mais dans la retenue sur son intro, qui use de l'Anglais dans le chant avec le même brio que dans notre langue, dans un groove haché impulsé par la basse et la batterie. Le morceau s'emballe ensuite et fait dans le plus ouvertement brutal, avec des mélodies tordues, géniales, émanant du chant.

Avant cela, l'épais, massif et obsédant "Camalès" aura fait son œuvre, voix changeante et guitares de feu, associées à une rythmique de poids, faisant sensation. Puis "Elan 1", lui aussi lancinant, opaque, entérine à son tour les ambiances singulières instaurées par Kourgane.

Que ce soit sur le format sobre de ce morceau comme sur les six minutes de "Radio free Asia", cadencées, aux riffs frontaux, dotées d'un break noisy qui durera jusqu'à la fin de la chanson, ou encore sur la durée quasi similaire de "Y rester", ultime titre de l'album, tribal, déjanté, impulsif, les protégés d'ATRDR nous régalent et imposent une folie diablement créatrice, qui fait de Corps de chasse un opus de tout premier ordre, à ranger auprès des travaux signés TeTsuo, Calva ou Mr. protector, autres perles de ce collectif incontournable.

Refuse to keep silent

le 08/08/2011