Last Prey - Another way

Chronique CD album (26:00)

chronique Last Prey - Another way

 

Il est parfois très facile de comprendre les messages laissés dans les titres des albums ou de certaines chansons.
Lorsqu'on connait l'histoire de Last Prey, cela sonne comme une évidence. Et pour les curieux...
 
...voici une courte explication :
 
Après un bon 1er ep. Tout semblait aller pour le quintet : les concerts s'enchainaient, les guitaristes choppaient, le chanteur était evidemment la grande star du groupe. Pendant ce temps, le batteur rangeait son matériel et le bassiste allait chercher les bières de ses potes tout en faisant quelques extras pour le patron du bar dans lequel il venait de jouer.
Bref, la vie normale d'un groupe de métal qui progressait.
 
Mais un soir, brusquement, tout fut chamboulé. Les rires laissèrent place aux larmes : Max, le chanteur Zach de la Rochien du groupe Nord-Pas-de-Calaisien, avait décidé de partir à 8000kms des terrils des chômeurs pédophiles consanguins. Ce déménagement compliquait légèrement l'organisation des répètes : la séparation était inéluctable.
 
Suite à une rupture aussi brutale il fallut quelques mois, au désormais quartet, pour se remettre sur pied. Le groupe s'enferma dans une certaine solitude, préférant branler son manche (de guitare) ou titiller de sa baguette (de batterie) à l'abri des regards.
Un dimanche après-midi, le ventre contracté par un trop plein de lait-fraise, le groupe prit conscience qu'il fallait réagir.
Usant du web 2.0, le groupe se mit à draguer, et à chercher sa nouvelle voix.
La quête aurait pu être simple si Last Prey avait été moins difficile, et surtout s'il acceptait de coucher chanter le premier soir avec le premier venu. 
Rien à faire, ce n'était pas son genre, se réservant pour le bon.
 
Puis un soir : 
"Big bisou hum hum Big bisou" : c'était le téléphone du guitariste (le vrai, le soliste, pas le rythmique) qui sonnait en pleine répète. Il répondit :
-Allo ?
-A l'huile !
 
Eclat de rire général. Les Last Prey se mirent à rire avec la finesse bien connue des métalleux (hormis le bassiste, sommé d'aller chercher des 33 au Carrefour Market).
17 minutes plus tard et quelques plaisanteries alternatives comme la célèbre : 
-Allo-Ween
-Ici-trouille
Une voix grave et suave se fit entendre : 
-Vous cherchez toujours un chanteur ? J'passerai bien une audition !
 
Ce fut un electro-choc. Les membres se remirent à mettre du déodorant (acheté par le bassiste) et à raser leur duvet naissant.
Les premiers essais avec ce chanteur étaient concluants. Il y avait du boulot, il était encore puceau (de scène) mais pourquoi pas.
 
Des répétitions à l'extrême, quelques nouveaux titres et quelques douzaines de palettes de packs X24 plus tard, Last Prey signe son retour fin 2011.
Tout a changé. Les débuts sont délicats, le chant demande quelques réglages. Tout le monde se remet au boulot et se dérouille.
 
9 mois plus tard le groupe l'annonce fièrement sur FB entre deux parties de Farmville : 
"Nous allons avoir un enfant. Il aura 6 titres. On lui cherche encore un prénom !"
 
L'accouchement se fera à Lille au désormais célèbre Boss Hog studio et presenté au public le 13/10/2012.
 
Et tout ce qu'on peut dire c'est qu'il est beau. 
Du haut de ses 26 minutes et un son d'une grande clarté on repère les différents papas.
 
Fort de sa précédente expérience, le groupe a compris ce qui était à changer sans pour autant se renier.
Il ne faut donc pas être surpris de retrouver quelques gènes américains dans ce bébé :
 
On reconnait d'ailleurs facilement ses origines avec une basse sonnant clairement et discinctement les 90's (KoRn a d'ailleurs laissé pas mal de traces) : voilà qui ravira des nostalgiques !
Les guitares sont elles, plus à double tranchant : clairement touchées par la vague néo-métal, élevées à grands coups de Disturbed ou surtout Mudwayne (et c'est un compliment pour le genre !), elles tirent quelques influences chez des blondinets priant Thor. In Flames dans sa période actuelle (et selon le point de vue ce n'est pas un reproche !) est une source d'inspiration secondaire mais présente.
Quant aux soli ils sont présents et bien foutus : courts mais pas trop, branlette mais pas trop, rapides mais pas trop ! Un jeu d'équilibriste qui ne tient qu'à un fil, mais sur lequel le duo tient. 
Quant au batteur, s'il est un peu plus en retrait, il nous démontre des qualités audibles depuis le 1er ep. De multiples influences, le néo-métal en tête. Le résultat de la section rythmique est vraiment efficace.
 
Last Prey, à ce titre, peut se targuer d'être comparable au General de Gaulle qui se faisait une "certaine idée de la France" en avancant musicalement une "certaine idée du néo-métal".
Comme quoi, le genre a un avenir : le groupe explore ses limites (parfois dans la simplicité), à lui de les dépasser pour la suite.
 
Mais...qu'en est-il de ce nouveau chanteur ?
Le groupe s'est-il trop vite engagé ?
 
Les débuts sur scène n'étaient pas des plus simples : comme souvent pour les premières fois, l'envie de balancer la purée trop vite prenait le dessus. Il ne faudra cependant pas longtemps pour l'adopter. La pièce rapportée est devenue à part entière et a métamorphosé les créations du groupe.
Les choses ne sont pas toujours mieux (il y a là moins d'énergie dans le chant), elles sont en tout cas différentes. Fini le rappé : place au néo-rocailleux.
 
On découvre donc de la hargne ("Evilution"), une patate mieux canalisée que sur scène ainsi qu'un gros travail mélodique sur "Another way".
Parfois un peu bas de front ("Ghost rehab"), on trouve là un mix entre la gravité d'Anselmo et ce que les deux chanteurs de Drowning Pool ont pu faire.
 
La rencontre entre 5 hommes donne un beau bébé comme "Another way" avec ses imperfections, inévitablement (le principal étant que le tempo est très proche d'une piste à l'autre malgré des breaks en leur sein), mais c'est là un bon départ pour cette nouvelle orientation musicale, cette "autre route".
photo de Tookie
le 05/11/2012

3 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 05/11/2012 à 21:59:47

énorme chronique :D

Geoffrey Fatbastard

Geoffrey Fatbastard le 05/11/2012 à 22:16:44

Haha, j'me suis bien marré sur la première moitié! Good -job!

Vzo

Vzo le 06/11/2012 à 00:28:25

Je pense que le chanteur appréciera l'allusion à Anselmo; c'est tout à fait juste.

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