Mairu - SOL CULTUS

Chronique CD album (48:59)

chronique Mairu - SOL CULTUS

Mairu, quatuor de Liverpool, quatre ans après leur EP The Sacred Dissonnance, la première brique de leur discographie (dont on ne doute pas qu'elle continuera de s'étoffer), présente en cette fin juillet leur premier album, SOL CULTUS.

Et si cette belle pochette, au soleil visiblement éclipsé et à la colorimétrie généralement plus associée aux projets synthwave ou darkwave (parce qu'on sait que vous aimez vous ambiancer sur ce genre de choses jusqu'au bout de la nuit et dans des états que vous ne souhaiteriez pas aux pires de vos intimes), c'est finalement plutôt du côté d'un autre culte qu'il faudra se pencher pour mettre le doigt dans l'engrenage stylistique de la formation : le Culte de la Lune.

Oui, c'est ça, vous avez très bien compris, je tourne autour du brasier pot et je fais des phrases inutilement longues pour dire que l'on zone en terrain post-metal / sludge atmosphérique.

 

Et là, la belle affaire me direz-vous, sauf que, SAUF QUE, vous rétorquerai-je, à l'image de cette pochette que je trouve réussie et assez originale pour attirer le regard et rester collée à la rétine plus que d'autres, SOL CULTUS est un album qui lui aussi est réussi, et qui parvient à être assez original au sein du style pratiqué.

 

Parce que Mairu, dans une démarche qui m'a rappelé les très bons Suisses de When Icarus Falls, opte pour une approche progressive de la construction d'ambiances, d'intrications de mélodies et d'impression de gros travail d'ensemble qui ne se contente pas de jouer sur l'écrasement des accords et la surenchère de basses et de saturation.

Parmi les éléments qui participent de cette originalité, on notera la présence régulière d'un saxophone, ce qui est de plus en plus commun dans les musiques saturées, mais dont je n'avais pas encore vraiment croisé le chemin dans les contrées sludge / post-metal, de mémoire. Et ici, mbien que Mairu ne s'aventurent à aucun moment dans le domaine du black metal, les arrangements du saxophones font vite penser à ceux que l'on peut trouver chez White Ward (au milieu de « Wild Darkened Eyes » par exemple) ou Ashenspire. Mais comme je le disais juste avant, cette impression peut être un peu biaisée par le peu de référence que j'ai en la matière chez d'autres groupes plus proches stylistiquement parlant.

 

La construction des ambiances est l'un des points forts de cet album, où l'on ne s'ennuie vraiment pas malgré la longueur des morceaux et leur tempo rarement trop emballé : la tension palpable qui s'installe sur le début de « The Scattering Dust », par exemple, fait un excellent contrepoint à plusieurs passages plus atmosphériques, ou ressort même des tiroirs les vagues airs d'atmosphère flippantes que pouvaient invoquer Terra Tenebrosa (« Rite of Embers » en est, je pense, un bon exemple). Tous les morceaux sont pleins de textures, de détails, de riffs qui vont tantôt doomer le monde (le début du morceau d'ouverture de l'album « Torch Bearer », qui évolue ensuite), tantôt le secouer à grands renforts de tremolos tendus, bref : de nombreuses variations bienvenues, qui va peine jusqu'à proposer des sonorités ici et là quasi psychédéliques.

 

Le chant, pour sa part, est relativement peu présent bien qu'il intervienne très tôt sur l'album, toujours braillé, se contentant de venir en renfort de quelques poussées vers la lourdeur et la noirceur, sans jamais vraiment être un élément central de la musique de Mairu. Et il est pourtant lui aussi varié, puisque les trois instrumentistes à corde usent leurs cordes vocales en plus de celles de leurs instruments.

 

Bref, avec SOL CULTUS, Mairu réalisent la belle opération du milieu d'été en se frayant un chemin clair vers le club des très bonnes surprises, même dans le post-metal, parvenant à proposer un album qui fait un pas de côté par rapport à de nombreuses autres formations et lui confère donc son petit quelque chose à lui. Pour ma part, c'est pour le moment l'un des meilleurs disques que j'ai entendus dans le style cette année.

Et puis en plus, la pochette est violette, alors qu'est-ce qu'il vous faut de plus ?

 

A écouter sans savoir quoi faire pour les vacances, même si on a changé d'adresse.

photo de Pingouins
le 28/08/2023

1 COMMENTAIRE

Dams

Dams le 28/08/2023 à 13:31:18

Classe ! Belle découverte, merci.

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