Converge - When Forever Comes Crashing

Chronique CD album (39:18)

chronique Converge - When Forever Comes Crashing

Il y a une éternité... une autre vie... je bosse dans les disques, supermarché du disque. Et mes amis de Le Massacre Du Client De 15 Heures m'apportent de nouvelles connaissances musicales, amicales, et du poppers. Je découvre Converge avec cet album. Et cette pochette immonde et parfaite. Pourquoi en avoir changé plus tard ? Quelle drôle d'idée... (La ''nouvelle'' pochette est nulle, en sus. Encore plus en sucette : ils ont aussi changé le mix lors de la réédition. On reparlera du son plus tard, mais... quelle drôle d'idée...)

When Forever Comes Crashing, quand ''pour toujours'' vient s'éclater, ça deviendrait presque mon préféré, il est tellement singulier et destroy... Avec ses accès quasi Black Metal, et son Death de corniaud, son pseudo Grind et bref, son Hardcore chaotique, quoi, oui, mais avec des gamelles qui chutent sur le carrelage froid et crade, avant d'être traînées, les casseroles, au cul d'un pick-up de cassos jusqu'au bar miteux où ton ex boit du gin en draguant ton vieux pote de beuverie. Comment elle t'avait dit déjà, avant de te planter ? Ah oui : « chuis pas dure à satisfaire, c'est toi qu'ya jamais su y faire ». Mais elle avait dit aussi une autre fois : « cé pas moi quissui dure à satisfaire, cé toi qué pas dur », mais elle était moins inspirée sur ce coup-ci. Et là, t'auras le courage de faire quoi, là, avec ton vieux flingue, à part le retourner contre toi, dans ta bouche ?

 

 

Je parle de flingue, mais c'est pas étonnant : Steve Austin n'est pas loin. Il est même un peu partout sur ce disque, « le gars de Today Is The Day ». Oui, lui, le misanthrope parano accro aux guns dépressif et génie notoire, le cinglé qui sortira ensuite le double album cauchemardesque Sadness Will Prevail aux portes de la folie et le manifeste de haine totale Kiss The Pig. A l'époque il venait d'accoucher du bloc titanesque du délirant Temple Of The Morning Star, beau comme un sacrifice Maya. Je l'avais pas compris tout de suite, même si je connaissais déjà Today is The Day à cause de In The Eyes Of God, découvert en même temps que je poursuivais ma quête du Black Metal, avec Mayhem en tête de gondole, lol, oui, on rigole, qu'est-ce que je rigolais à l'époque. Je l'avais pas compris tout de suite, mais When Forever Comes Crashing, c'est presque une collab officieuse en gang-bang de Converge fondu dans Today Is The Day. (En tous cas c'est officiellement une coproduction, ha.) Y'a les mêmes sonorités vicieuses qui transpercent, la même misère, y'a p't'être juste un peu plus de crasse sur le carrelage (des casseroles de tout à l'heure) et des cafards en plus du cafard, à cause du Converge de l'époque ? Les chaussettes sales et les sons clairs pollués de Kurt Ballou, les vociférations étouffées, ou pleines d'échardes et de rouille, les aboiements asthmatiques et les plaintes lunatiques de Jacob Bannon.

 

L'est souvent critiqué comme vocaliste, le père Bannon. Bah ici c'est parfait pourtant, et en concert, on s'en fout un peu qu'il ''chante'' pas comme sur le disque ou qu'il arrête carrément de chanter pour courir et tendre le micro aux premiers rangs. C'est un chanteur de Hardcore, quoi. Hé les gars ?! Le rouleau compresseur continue derrière, il est parfois essoufflé le Jacob ? A la bonne heure... P't'être que c'est aussi parce que, malgré sa présence physique parfois violente (les grands coups de pieds destinés aux indésirables sur scène ne semblent pas lui poser de grands cas de conscience) son chant ne fait pas vraiment mâle alpha typique Hardcore à la con, mais plus vulnérable et ambigu que ça. Bon pis des fois c'est vrai qu'il est juste aux fraises, oui, ça arrive...

Bah ici c'est parfait, un peu comme sur l'éprouvant album de Supermachiner, que je vous conseille, çui-là en tous cas : Rise Of The Great Machine. Je dis pas ça juste pour placer la réf', car cet album est un trauma. Checkez, écoutez ''le-morceau-Me-Too-avec-la-femme-qui-crie'' très fort et en entier, vous verrez bien comment vous vous sentirez après. Fin de la parenthèse Supermachiner.

Bah ici c'est parfait, même quand il s'énerve comme un bébé difforme qui fait sa crise de nerf. Même quand il chantonne une chanson complètement niaise, qui n'est sauvée que par l'utilisation d'un mixage extrémiste qui déconstruit le rendu sonore du morceau, faisant sonner une ballade-bluette dérangeante grâce, entre autres, à cette caisse claire SUR-surmixée. Quelle drôle d'idée... ? Quelle bonne idée ! On dirait qu'une partie du groupe joue à l'autre bout de la maison, et qu'il y a plein de courants d'air dans ce bouge. Soufflées, les bougies des junkies. Y'a un début d'incendie, mais y'aura-t-il quelqu'un de suffisamment conscient pour s'en rendre compte ?

Ou peut-être que ce quelqu'un laissera tout brûler...

 

Tout ici est jaune pisse et rouille, et bleu ruine. Corrompu. Steve Austin encore ? Rendons-nous les lauriers du Caucase au Pazuzu en chef ? Imaginez l'Exorciste chez l'Amérique de Trump. No you won't fix it, dickhead ! En tous cas, ça sonne un peu comme Entombed en accéléré passé dans le mixeur avec Slayer par des garçons sauvages hystéros ; tout a giclé dans la cuisine comme un explosif smoothie à la merde !

Merde !

 

Quesse que je raconte encore...

 

Faut quand-même bien préciser que hormis le glauque ambiant, c'est chaud bouillant ici : des missiles Hardcore Metal qui niquent tout, y'en a une sacrée pelletée, un enchaînement de patates dans la gueule qui permet de ne pas rester avachis là dans sa salle de bains à compter les insectes. Les scutigères véloces bouffent les punaises de lit je crois. Et les cafards ? Putain de cafards...

 

Naon je fais pas de listes de morceau ici. Non je fais pas du titre-par-titre. En vrai je m'en balek ici des morceaux, des plages, des titres, même des paroles. Ce disque est un truc, un monstre, un machin global qui poutre, qui broie, qui pue mais qui intrigue et qui intéresse ton intellect qui se délecte. Ça cause aux tripes, mais pas que.

 

Mais bon je vais quand même évoquer l'enchaînement génial de la fin tonitruante et malade de ''The High Cost Of Playing God'' et ses voix tarées (on dirait que Stevie fait des backing vocals partout sur le disque, mais officiellement seulement sur ''The Lowest Common Denominator'') qui bêlent une mélodie de chansonnette pervertie, avec la reptilienne dans le malaise ''In Harm's Way'', digne de Serenade In Red d'Oxbow, sorti deux ans plus tôt.

Et puis le foldingue et écrasant ''The Lowest Common Denominator'' et ses ambiances sons clairs maladifs / larsens / lourdeurs saturées MammothBass entre Sludge et Indus, toujours avec ces voix de cauchemar.

A vous de retrouver aussi quelques moshparts absolument légendaires, aussi légendaires que le coup de coude à précisément 1:39 dans ''My Unsaid Everything'', que les fans gogoles connaissent par cœur, ou le départ tonitruant de ''When Forever Comes Crashing'' qui fait tourner le headbanging à l'envers et dans tous les sens, même le mauvais, tu te dévisses la tête Megan styley baby, ''Towing Jeovah'' et son déroulé de leçons Hardcore-Metal, la brutalité de ''Love As Arson'', et bref... ah j'aime bien me contredire ! C'est tellement bon de faire le contraire de ce qu'on annonce, un goût de sang et de politique me vient à la bouche, c'est tellement enivrant !

 

Mais ce truc est tout bonnement anxiogène. A l'image du méli-mélo de ''Year Of The Swine'', ça n'arrête pas de te faire jeter des regards par-dessus l'épaule, quelque chose ne va pas, QUELQUE CHOSE NE VA PAS !

 

Ce « truc », disais-je, n'était pas répertorié dans notre crèmerie.

C'est chose faite.

Pour tous ceux qui viennent découvrir, vous saurez, un peu, à quoi vous attendre. Les autres, j'espère que ça vous donnera l'envie morbide de relancer cette foutue toupie maléfique.

Et, j'y reviendrai dans d'autres textes qui lui seront spécifiquement dédiés, mais profitez-en pour redonner une chance à Today Is The Day. Son dernier en date, No Good To Anyone, est magnifique et même touchant, plein d'émotions ! Et sinon tentez les trois premiers cités plus haut. In the Eyes Of God étant en fait le moins bon de tous ceux que j'aie écouté (je ne connais pas TOUS les albums non plus, pas encore, ça va venir! J'ai du retard à rattraper...).

Converge, eux, boah, n'ont plus tant besoin de nous, hein ?

photo de El Gep
le 29/12/2024

4 COMMENTAIRES

Pingouins

Pingouins le 29/12/2024 à 11:08:01

Ah je connais mieux Petitioning the empty sky (pas chroniqué non plus d'ailleurs) de la période pré Jane Doe.
Faudra que je réécoute celui ci, ça me semble parfait poir les fêtes. Cimer !

el gep

el gep le 29/12/2024 à 11:53:52

C'est clairement leur disque de Noël.

Joie, et surtout bonne santé !

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 31/12/2024 à 22:18:00

J'étais trop jeune à l'époque.

Pingouins

Pingouins le 05/01/2025 à 23:25:09

C'est vraiment très, très bon.

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