Monochromatic Black - Vicissitude

Chronique CD album (40:21)

chronique Monochromatic Black - Vicissitude

A peine le temps d'une inspiration que l'on prend déjà sur la gueule le semi-remorque au volant duquel Tanya Beickert est confortablement assise.

 

Parce que oui, les New-Yorkais-es de Monochromatic Black sont (déjà) de retour, avec ce premier long format du nom de Vicissitude et à la pochette.... relativement de base, disons. Du tout noir (remarque, avec ce nom de groupe – inspiré des toiles de Soulages ? Aucune idée –, c'est pas non plus totalement à côté de la plaque), un crâne vaguement discernable, un logo qui fait à la fois propret et « trucs-en-'core' », et zou. De retour, parce qu'est récemment parue dans les méandres de votre webzine préféré (enfin p't'être) celle de leur EP Pneuma, qui a été une sorte de péché mignon personnel, peut-être un poil exagérément, d'ailleurs, vu les quelques retours de personnes qui s'y connaissent beaucoup mieux en musique que moi. N'empêche, je le trouvais frais.

 

Depuis cet EP, le style du groupe a évolué. Si Monochromatic Black naviguait du côté du deathcore avec des incursions techniques et parfois vaguement prog, on s'est sur Vicissitude rapprochés d'un monde plus djent, dans le riffing notamment, avec toujours du « core » dedans. Quelques sections iront également se rapprocher de sensations plutôt mathcore (certains plans de guitares en arrière-plan par exemple, mais aussi des bouts de « Elation »). Après, on reste pas si loin de ce qu'il y avait sur le précédent tout de même, il y a une certaine logique tout de même d'un disque à l'autre.

 

Semi-remorque, disions-nous donc en introduction. En effet, parce qu'encore une fois, la voix de Tanya Beickert est bien efficace comme il faut. Dans une tradition plutôt deathcore pour le coup, elle parvient à descendre vraiment bas dans le « brrreuagggghhhhhhhhhhhhhhhhh » (dès la deuxième seconde de « Sadist », le morceau d'ouverture, mais aussi un peu partout sur le disque, l'intro quasi death/doom de « Wall of Dissonance » pour ne prendre qu'un autre exemple).

Mais elle est aussi capable de shriek plus aigus, plus proches d'un gobelin qui ferait du black metal, très réussies là encore. Parfois (« The Ritual »...), ces deux voix sont superposées, pour un beau résultat.

Là où le bas blesse, comme sur leur EP, c'est que les voix claires souvent assez limite (sauf sur « Sadist » peut-être, ou sur les voix doublées de « Wall of Dissonance »). Les choses ont cependant un peu évolué tout de même par rapport à l'EP, puisque sur une base similaire, elle tente de nouvelles choses, ce qui est plutôt positif. Mais peut-être est-ce moi qui ne suis pas du tout, mais alors pas du tout réceptif à ça, mais il y a plus d'un moment sur l'album où je les ai trouvées plates, voire carrément pénibles, à en casser le rythme et la dynamique pourtant bien installée par l'instrumentation, et ce malgré la recherche de contrastes qui aurait pu être intéressante. Ces voix claires sont en tout cas clairement – à mon humble avis – un point faible et largement améliorable. Ce qui est un poil paradoxal, parce que les voix hurlées et le growl sont clairement l'un des points forts du groupe : les deux extrêmes incarnées en une même personne.

 

Du côté des instruments, au sein d'une navigation dans les styles que l'on a évoqué plus haut, on aura un certain nombre de parties de basse plutôt intéressantes (sur « Sadist » par exemple), avec un son qui lorgne du côté du tech death et ses basses fretless (sur « Cerulean » entre autres), quelques parties ajoutées de guitare acoustiques dans le plus pur style d'Opeth (on croirait entendre des parties transférées de Blackwater Park sur « Abaddon » ou en intro de « Solstice »).

 

Après un petit passage vaguement 'lounge' (qui me rappelle bizzaremment « Intermission » des Californiens d'Offspring), on entre sur le morceau qui, pour moi, est celui qui sauve cet album : « Closing the Gates » : il s'agit je pense su morceau le plus solide, dès le riff syncopé d'entrée, avec un gros travail sur les rythmiques et une dynamique vocale très bien gérée. Et puis le petit breakdown des familles fait mal comme il faut, c'est bienvenu. C'est clairement le morceau, par ailleurs récemment clippé, que je retiens de cet album, même si je trouve encore une fois les voix claires souvent de trop.

 

Après quelques virages supplémentaires , on s'approche de la fin : un riff blackisant au départ de « The Ritual », une bonne moitié de « Disillusioned » qui s'ancre dans une tentative de clôture en balade un peu jazzy/trip-hop sur fond de piano. Bon, pourquoi pas, mais en ce qui me concerne, plutôt pas. A la limite, la fin du morceau, qui revient aux voix hurlées sur un fond pas loin du post-black, d'accord.

 

Bref. Malgré mon affection pour le groupe, j'ai été un poil déçu par ce Vicissitude. J'en apprécie la volonté de ne pas se cantonner à un schéma, d'aller chercher dans différentes directions, ainsi que le fait que leur musique soit pas mal articulée autour des rythmiques (et le batteur étant l'un des principaux compositeurs, avec l'un des guitaristes, ce n'est pas forcément un hasard), avec des bons gros breaks qui font plaisir.

 

Cependant, et j'y reviens encore, ces voix claires cassent l'effort d'ensemble. Il y a vraiment plus d'une fois où je me suis dit « rahh mais non, pourquoi !! », et les différentes écoutes n'ont pas adoucit cette impression. Et puis, pas grand chose à voir, mais leur légère tendance à poser un « Official » sur toutes leurs vidéos m'agace.

 

Des morceaux comme « Closing the Gates » ou « Sadist » relèvent tout de même pas mal le niveau, et j'y reviendrai sans souci. Mais j'ai tout de même un petit pincement au cœur. Peut-être mal placé, parce que comme je le disais, du point de vue instrumental, le bagage technique et bien présent, et l'efficacité souvent bien en place elle aussi.

 

Pour celles et ceux que ça intéresse, le groupe a mis en ligne un petit docu (« officiel » bien sûr) sur le making-of de l'album. On y parle processus de composition pendant les premiers soubresauts de la pandémie, leur volonté d'aller vers une dimension plus progressive, tout en ayant une dimension plus technique que leur précédent opus.

 

A écouter en prenant une belle inspiration d'entrée.

photo de Pingouins
le 08/12/2021

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