Nightwatchers - Common Crusades

Chronique CD album (28:21)

chronique Nightwatchers - Common Crusades

Ils redébarquent les Toulousains de Nightwatchers avec dans leur besace et pour cette fin d’année 2021 un deuxième album Post-punk, Common Crusades. Après deux Ep consacrés aux peines à jouir et matraqueurs assermentés, le combo revient après La Paix Ou le Sable sur une thématique qui lui est chère, l’histoire coloniale Française. Deux champs thématiques qui intéressent particulièrement les membres de Nightwatchers et qui si on les croise prennent corps dans les écrits récents de Mathieu Rigouste. Quand le Punk français fulmine contre la police, le racisme d’Etat et le retour du refoulé colonial, c’est qu’il semble plutôt bien se porter. En espérant pour bien faire que l’esthétique du groupe sera à la hauteur de ses préoccupations politiques.

 

On prend les mêmes et on recommence… Les 10 titres de l’album s’enchaînent sans à-coups, et se dévoilent sans que le temps ne se fasse attendre. L’équilibre et l’efficacité sont au rendez-vous, le sentiment de fluidité générale de mise. On reste sur les mêmes bases que sur les précédentes sorties du groupe même si le ton se veut bien plus premier degré. L’ironie et le ton humoristique adopté sur Who’s To Blame laisse place sur Common Crusade à bien plus de gravité. Une approche à la fois plus sombre et plus sérieuse que le choix des thématiques anticoloniales impose.

 

Le riffing n’a absolument pas bougé non plus, seule la production a été réhaussée pour amener le groupe vers un peu plus d’accomplissement. Le chant continue d’alterner entre détachement Post-Punk et invectives Punk-Rock. Deux modalités qui se confortent et qui s’apprécient malgré quelques redondances à la longue. Heureusement, les chœurs saillants sont là pour donner le change et contre-carrer ce sentiment de redites vocales. Des chœurs relativement candides à la manière d’un Punk-Rock décomplexé sur « The Phantom Menace », un titre rempli d’une fougue positive et dont on admire le dépouillement dans l’exécution. Le soin est toujours accordé à des introductions parfois tendues, pleines de suspense et qui teasent méchamment un auditeur en attente de détonations « For the Sake of the People and the Nation », « Dismissed ». D’autres morceaux démarrent sans le moindre artifice, la tête dans le manche et dans un esprit purement Ramonesque, cher aux Nightwatchers, « G. Kepel President Whisperer », « No Matter Who "Osei Kofi Tutu I" Is ». « A Not So Secular State Culturalism » se conclut sur la touche la plus mélancolique de l’album. Un titre bien plus accidenté où les intentions et la structure du morceau se veut bien plus élaborée. Des lignes de guitares conclusives qui malgré le manque de saturation se retrouvent à quelques encablures d’un Post-Hardcore à la fois accablant et dramatique. Ce titre tranche avec le reste et donne en milieu de course le relief nécessaire à un album relativement univoque dans ses velléités rythmiques. Cette occasion nous est donnée avec ce titre le plus sombre de l’album d’apprécier le ton catastrophé et toute la charge émotionnelle qui se dégage de Common Crusades.

 

Une fois de plus, les Nightwatchers devrait marquer les esprits et ce grâce à l’identité propre qu’ils ont su se forger au fil des années. Leur Post-Punk est imparable d’efficacité et de concision. Les compos sont travaillées sans pour autant faire dans une technicité redoutable. A saluer également, les affinités anti-autoritaires du combo qui motivent souvent l’écriture d’albums profonds, subversifs et édifiants politiquement.

photo de Freaks
le 01/11/2021

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