Orphan Donor - Unraveled

687 jours, c’est le temps qui s’est écoulé entre le jour de la sortie du 2ème album des américains d’Orphan Donnor et le jour où votre ignoble serviteur s’est enfin mis à la tâche de rédiger la chronique que ce méfait mérite (même s’il eut mérité meilleure chronique peut-être). 687 jours? Vous allez dire que c’est un peu de foutage de gueule de mettre autant de temps, que franchement vu le prix qu’on paie, c’est inadmissible, qu’en plus avec la réforme des retraites, faudrait voir à se magner un peu le derche parce qu’on a pas toute la vie pour découvrir des albums qui déglinguent… Et vous n’auriez pas tout à fait tort.

Sauf que 687 jours, c’est au moins le temps qu’il m’a fallu pour démarrer les prémisses d’un début au commencement de ma compréhension parfaite de Unraveled qui comme son nom ne l’indique pas est un sacré méli-mélo musical bien délicat à déméliméloter.

Évidemment, j’aurai pu choisir la facilité en vous disant que c’est du post-quelque chose, un post-quelque chose bien générique, comme post-hardcore par exemple, c’est la mode en ce moment, on en voit partout (pire que des tour Eiffel en porte-clé à Paris) mais mon éthique de chroniqueur m’en aura empêché: je suis lent mais je ne suis pas un menteur. Orphan Donnor n’est pas facile à positionner de façon sûre et certaine sur la grande échelle des styles musicales, la leur n’étant clairement pas rectiligne. Pourtant, c’est bien et c’est bel et bien du post-quelquechose…Du post-hardcore, du post-metal, du post-screamo, du post-grind, du post-rock même (bon, ok, vraiment un tout petit peu), ou encore du post-blackened-grunge (sérieux, ça passerait). Mais, non rien de tout ça, en fait! Enfin, si mais tout mélangé. Mélangé avec des gros bouts de ci par ici, des petits bouts de ça par là. Unraveled est un ensemble de petits “ensembles” qui vont très bien ensemble.

Évidemment, j’aurais pu faire un track by track exégétique plus long qu’une journée sans ADSL (la version moderne d’une journée sans pain) mais mes collègues m’aurait raillé sur le format et le patron m’aurait envoyé faire la pige chez "Ok Metal, le webzine métal inclusif des 13-17 ans". Et pis, soyons honnête, 39 minutes, 7 titres tous plein à craquer d’une foultitude de détails, d’ambiances qui évoluent entre le dépressif désabusé et le plombant ultra-lourd, de gimmicks sale et noisy ici ou mélodique et mathcore par là au fond, et encore je vous la fais courte niveau exemples…Bref, ça aurait été un peu long pour du track by track, le patron m’aurait finalement envoyé faire la pige chez "Les Cahiers du Métal" où les chroniques font minimum 10 000 signes (demandez à Moland, il a fait un stage là-bas, pas fou, il est vite revenu par chez nous).

Évidemment, j’aurai pu me cacher derrière un buisson touffu de name dropping mais là, c’est Orphan Donnor qui ne s’y prête pas car la production, l’approche musicale du duo est difficile à rapprocher totalement de celle d’un artiste déjà existant. Ca ressemble à plein de choses tout en n’y ressemblant pas vraiment.

Bref, Orphan Donnor, c’est pas une sinécure pour le chroniqueur et Unraveled est un disque incroyablement riche, intense, qui se vit véritablement plus qu’il ne se décrit. Les fans hardcore de hardcore et de screamo bien harsh s’y loveront avec un véritable plaisir tant l’interprétation y est honnête et plein de (re)sentiments, tant la production y est superbe....Mais il n’est pas dit que ceux qui sont plus clients d’autres styles comme ceux susmentionnés au-dessus ne puissent pas y découvrir aussi de quoi les satisfaire. Par contre, il faudra trouver le courage d’explorer les méandres tortueuses et torturées dans lesquelles ces 2 zigotos vous emmènent.

On aime bien: un style unique, très riche sans être prog ou plan-plan, une interprétation qui vient du fond des trippes, une prod superbe

On aime moins: pas évident ni intuitif malgré tout

8oris

le 31/05/2023