Ostraca - Disaster

Chronique CD album (32:52)

chronique Ostraca - Disaster

Ostraca, c'est une sorte de « gros nom », mais dans les trucs archi-méconnus. Parce qu'en fait, personne ne connaît. Mais dans les groupes que personne ne connaît, c'est connu. En tout cas dans la marge de la niche screamisante dans laquelle le combo de Richmond évolue. Et encore, 'screamisante' reste encore un peu large, puisqu'Ostraca s'agite dans une sous-chapelle de cette famille musicale assez réduite, un screamo pas réellement blackened mais toutefois assez shrieky-friendly dans son approche du chant (proche de celui de Frail Body par exemple), tout en affichant une affiliation réelle aux sonorités post-hardcore. En bref, dans le sillage d'un groupe qui n'a malheureusement pas survécu au milieu des années 2000, mais qui a tout de même marqué son temps : Welcome The Plague Year.

 

Actifs depuis une petite dizaine d'années, on avait laissé le trio Ostraca il y a cinq ans déjà avec leur dernier album Enemy, qui avait mis un peu tout ce petit monde d'accord, un an après un déjà très bon Last ; et voilà que Disaster vient par surprise s'ajouter à la liste des très bonnes sorties de 2023.

Avec une production plus soignée (ou en tout cas un peu moins raw) que sur leur précédent opus, les six titres qui le composent offrent une belle variété tout en parvenant à maintenir leur cohérence d'ensemble. La moitié de ceux-ci zone autour des six minutes, l'un fait péter la barre des sept, et le plus court atteint déjà celle des trois. Il y a donc de la consistance, de la construction, de la progression et toute une élaboration à ces quelques morceaux.

 

« Constellation », par exemple rentre directement dans le vif du sujet de ce qu'on trouvera sur Disaster : sombre et direct, avec un chant très criard, comme on l'évoquait, et un peu en retrait dans le mix. Il a cependant la particularité de proposer des riffs et mélodies qui évoquent gentiment les groupes de neocrust à l'anglaise de type Morrow ou les opus plus post-hardcore de Fall Of Efrafa., que ce soit dans les parties plus rapides ou dans les ralentissements.

En seconde position, « Heaven is Still » viendra évoluer à l'inverse dans un registre plutôt post-hardcore avec une guitare quasi uptone, mais avec des ponts qui n'oublient pas l'héritage d'emoviolence de la formation : on ressent nettement l'influence toujours présente d'Orchid et des groupes du début des années 2000, et ce bouillonnement d'emoviolence refera surface sur le dernier morceau « Song for a frieze » et son apothéose finale en guise de conclusion d'album.

 

Sinon, en plus des Welcome The Plague Year dont on a déjà parlé plus haut, l'autre spectre qui plâne sur cet album me semble sans conteste être celui de City Of Caterpillar, avec l'enchaînement par exemple de la seconde moitié de « Heaven is Still » à la montée de plusieurs minutes de « Stage Whisper » qui vient s'abandonner dans un riff de type rouleau compresseur typiquement post-hardcore.

Par là-dessus, de nombreuses autres directions sont saupoudrées et donnent beaucoup de relief à ces compositions, tout en gardant une saveur très digeste : des riffs très clairement blackened, qui s'associent très bien à ce chant shrieky (sur « Stage Whisper », « Whilom », « Rebuke »...), une dualité vocale qui vient bien se plaquer sur les changements stylistiques (sur le hardcore chaotique assez moderne de la fin de « Stage Whisper », le postcore plus mid-tempo de « Whilom »...), mais sans oublier surtout que l'on se trouve dans un album de screamo, comme ne manquent pas de le marteler les trois derniers morceaux (et notamment « Rebuke », qui est vraiment screamo A.O.P.).

 

Oups, bah oui, voilà, j'ai presque fait une sorte de track by track par mégarde. Mais en même temps, Ostraca ont suffisamment varié les plaisirs sur Disaster pour que cette pratique ne soit pas totalement hors cadre dans le cas présent, car il y a bien plus à découvrir sur ces titres que les quelques lignes sans trop d'intérêt que vous venez de lire.

 

S'il y a quelque chose à en retenir, c'est peut-être qu'en bref, en écoutant Ostraca, ce sont surtout des formations du début des années 2000 qui viennent en tête. Peut-être est-ce pour ça qu'Ostraca sont une sorte de « gros nom », comme on le disait au début : le trio porte l'héritage modernisé de cet « âge d'or » du screamo. Un peu comme si ces groupes étaient brassés avec d'autres plus modernes tels que Glassing ou Frail Body.

Avec Disaster, ils persistent et signent dans le sillage qu'ils empruntaient déjà sur leurs précédents opus, tout en lui donnant cette petite touche plus moderne qui lui rajoute du cachet. Et qui fait de cette album une franche réussite, très largement conseillé à celles et ceux qui gravitent dans ce genre de scène et qui n'auraient pas encore posé une oreille sur ce groupe.

 

En attendant l'automne et les sorties annoncées de Capra ou Néboas (mais aussi Dreamwell pour les plus screamos-addict d'entre vous), il est assez certain que blaster Disaster régulièrement sera une des mes activités favorites de l'été.

 

A écouter pour ouvrir un couloir spatio-temporel avec il y a vingt ans.

photo de Pingouins
le 07/08/2023

4 COMMENTAIRES

AdicTo

AdicTo le 07/08/2023 à 18:51:35

Je les ai découvert avec cet album. Il tourne régulièrement. Bien d’accord avec ton analyse. Le combo de voix me fait aussi souvent penser à Glassing. Sur la première c’est frappant. L’approche différente sur chaque track fait que je ne m’en lasse pas.

Pingouins

Pingouins le 08/08/2023 à 13:14:25

C'est clair qu'il y a une super diversité sur ce skeud qui facilite la répétition des écoutes.
Merci :)

Tookie

Tookie le 09/08/2023 à 06:10:58

C'est excellent ! Merci pour la découverte !

Freaks

Freaks le 12/08/2023 à 17:34:55

C'est tookie qui a raison...
Il t'attrape fort ce skeud putain! Et ce son oulala.. Ça claque! comme on aurait dit il y a 20 ans :p
Merci pour l'AOP j'ai bien ri ;)

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