PAN - KAIROS
Chronique CD album (32:52)

- Style
Indie-prog/Noise-rock - Label(s)
Araki Records / Urgence Disk / Mighty Worm / Yellowsharps - Date de sortie
7 novembre 2024 - Lieu d'enregistrement Studio La Corbière (Jura) / Cube Studio (Besançon) / Wild Horse Studio (Besançon)
- écouter via bandcamp
PAN, un groupe qui va faire du bruit*
« A Besançon et ses alentours, le bonheur est à la portée de tous. Un patrimoine d'exception, une vie culturelle foisonnante, une nature omniprésente, et mille et un petits plaisirs… : tous les ingrédients sont là pour combler petits et grands ».
J’ai volé ça sur le site de l’office de tourisme. Je ne suis pas sûr du pourcentage de véracité du truc, mais ce que je peux affirmer, c’est qu’ils feraient bien de rajouter PAN à leurs mille et un petits plaisirs, parce que les bisontins ont vraisemblablement décidé de mettre la préfecture du Doubs (on révise ses gentilés et ses préfectures, CoreandCo c’est aussi du service public de qualité) sur la carte du rock, avec une classe assez folle.
PAN refuse encore et toujours de grandir*
Parce qu’en étant formé en 2021, avec un EP de 6 titres dans le sac à dos, on aurait été en droit d’attendre un premier LP solide, plein de bonnes idées, de volonté, de maladresses, de promesses pour le futur. Parce que c’est comme ça qu’on fait, normalement.
Mais les gars ont visiblement pas le temps. En même temps, pour qui avait eu le bonheur de les découvrir avec l’EP Door en 2022, les indices étaient déjà là : une écriture ciselée, mordante, empruntant autant au prog rock qu’à la noise (« Keep not trying », la fin de « Twice a day »), pour des morceaux emplis de rage sourde. Un genre de « A quoi bon ? », mais avec encore de l’énergie dans les phalanges pour agripper une gorge qui traine.
Tout cela aurait pu n’être qu’un cri, une fulgurance, 6 titres et puis s’en va. Et c’aurait déjà été un tour de force. Mais apparemment ils doivent foutre un truc dans l’eau à Besançon, parce que le Kairos que vient de sortir le groupe (bon, c’était en novembre 2024, autant dire hier) pousse encore les potards un peu plus loin.
PAN, le demi-lapin, l’ami de Bam, le demi-faon*
Déjà, la production est gigantesque. Enregistré au Corbière Studio par François Brugger et Martial Baudouin, au Cube Studio par Yann Morel et Sébastien Descamps, mixé par François Brugger, masterisé au Wild Horse Studio par François Michaud, ça en fait du monde à l’œuvre. Et ça se sent : tout est à sa place, la section rythmique est monstrueuse de présence grondante, les guitares savent se faire mordantes, parfois plus en avant sur les sections noise (la fin de « Before the Void »), les effets electros sont discrètement présents, tout comme les samples utilisés (« Inaction », « Somewhere Else », « It Falls ») la voix respire. Tout est là.
Et dans le même temps, on constate les évolutions : une approche empruntant peut-être un peu plus au post-punk (voire au krautrock sur le début de « Somewhere Else »), une construction globalement plus aérée, entre comme au sein des morceaux, avec des transitions plus organiques entre les phases prog/post et les instants plus orientés noise. Et toujours ce sens affûté de la mélodie désabusée, qui m’a rappelé les excellents angevins de LANE (« Fiery Head », « Somewhere Else »), dans un registre différent.
PAN, disait le break volvo au chevreuil*
Mais ce qui frappe le plus, c’est cette capacité inouïe à convoquer efficacement des atmosphères, sans effet de manche, sans arrangements grandiloquents, au talent et à la sincérité (« Fiery Head »). On pense régulièrement à ce que pouvait proposer Microfilm sur son magnifique The Bay of Future Passed, mais aussi à ce que la scène belge a pu proposer et propose encore, depuis le Blow de Ghinzu (« The smallest matter ») jusqu’au Unison Life de Brutus (la fin de « Before the Void », notamment).En un mot comme en cent : cet album suinte littéralement la classe, l’intelligence et la sincérité. Tout comme a priori les humains qui l’ont composé : l’album est à disposition gratuitement en ligne, mais les achats en physiques peuvent se faire via l’Association Le Bastion, qui a l’air d’abattre un boulot assez monstrueux dans le coin de Besançon pour la scène culturelle. Le genre de lien qu’on aimerait voir se faire plus souvent pour continuer à faire vivre toutes les scènes, où qu’elles soient...
PAN, c’est pas de la flûte*
Ah et l’artwork, tout comme l’album, bute. Par balle, évidemment.*
*J’ai essayé de foutre toutes les mauvaises vannes au fil de l’eau, histoire de les exorciser, comme ça c’est fait (et c’est libre de droit si Rock ‘n Folk veut faire une couv’).
7 COMMENTAIRES
el gep le 15/04/2025 à 11:35:26
Les environs de Besançon sont vite magnifiques, on est en pleine nature, on parle du Doubs et du Jura, c'est pas n'importe quoi, hein...
La ville est belle par endroits, moins à d'autres comme plus ou moins toutes les putain de villes, quelle drôle de notion !!!, mais y'a quand-même quelques belles joliesses dans les vieux quartiers et quand tu lèves le nez, la citadelle.
La vie culturelle ? Peut mieux faire, j'imagine comme partout, ça crève à petit feu pour le Rock, mais y'a toujours de la résistance...
cglaume le 15/04/2025 à 16:09:00
"PAN, le demi-lapin, l’ami de Bam, le demi-faon"
🤣
Un premier blâme. 😂
Pan le 15/04/2025 à 17:42:55
Joli maniement des mots et belle comprehension de l'univers, avec de belles références.
Merci Thedukilla pour ces belles phrases 🙏
Thedukilla le 15/04/2025 à 19:06:41
@el gep : vendu, prochaine vacances rando, ce sera Besanc’ !
@cglaume : y’a des blâmes qui valent des médailles 🤣
@Pan : merci à vous pour la qualité de l’album, qui continue de m’accompagner régulièrement 😊 En espérant vous voir en live dans le Nord un de ces jours !
greg le 15/04/2025 à 21:36:54
Chronique très cool.
On dit Besac' et pas Besanc'.😉 pas facile à deviner
Thedukilla le 15/04/2025 à 22:35:42
@greg : effectivement pas si évident 😊merci pour l’info, ça m’évitera de passer pour un plouc, je m’étais jamais intéressé aux subtilités de l’argot doubien (doubiste ?)
Aldorus Berthier le 17/04/2025 à 09:38:09
Bordel, nous en fallait un autre, de collègue contaminé par les jeux de mots moisis...
... Pour notre plus grand plaisir.
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