Poncharello - 220 kV

Chronique CD album (36:54)

chronique Poncharello - 220 kV

Rendez vous compte.

En 2007 Nicolas Sarkozy venait d'être élu président.
Le scoutisme fêtait son centenaire.
Les jeux panafricains se déroulaient en Algérie.
Microsoft sortait Windows Vista.
Myspace était le réseau social par excellence.

En gros, c'était une année, au mieux, sans intérêt, au pire : à chier.
Cela fait surtout une éternité.
En 2007, Poncharello sortait un ep en début d'année. Il annonçait logiquement, si ma mémoire est bonne, un album pour la fin de ces 12 mois à la con.
Finalement il y eut un autre ep. Bien cool d'ailleurs, chroniqué ici par un jeune puceau plein de talent.
Il aura fallu attendre 2014 pour que "220kV" ne sorte.

Quelques touffes de cheveux ont fini au fond de la baignoire. Les rides sont apparues sur des visages sechés par quelques lampées de whisky, les risques d'acouphènes se sont multipliés.
Cela n'a pas empêché le groupe lillois de continuer. Pour la beauté du rock. Celui qu'il aime. Celui qui ne répond pas aux modes, celui d'une bande de potes qui aiment le rock, un peu stoner, qui aime le hard des 70's, qui aime le punk dans ses racines les plus profondes. Celui qui reprend des titres de son vieil ep. Celui que de nombreux gars aiment jouer dès que la cravate est désserrée.

Quand on marche à la passion, quand on marche aussi avec un minimum de travail, et ce talent qui brûle les doigts "d'amateurs-qui-n'ont-rien-à-envier-aux-pros" : c'est plutôt bon signe pour le gusse qui se retrouve planté devant le groupe en café-concert, ou le chroniqueur qui tartine pour quelques surfeurs du web.
On retrouve un peu tout ce qu'il y a de cool dans un album de bon rock.
Ça ne commence pas par le son. Que l'on ne se méprenne pas : il est BON, mais un peu trop neutre, là où on aurait pu attendre quelque chose de plus chaud.
A défaut, on aurait pu esperer quelque chose de plus incisif. Non plus. Soit. Il appartient alors au charme musical de donner des suées.

Voilà qui arrive avec de bons riffs qui puisent leur inspiration dans des classiques du gros rock, mais aussi (et surtout !) dans un coin de leur tête.
Entre les petits soli et les grésillements qui fleurent bon le désert, on sent la chaleur monter. On se voit décapoter sur une de ces routes américaines que l'on rêve de prendre à tout berzingue.
L'ambiance est américaine, et elle ne fait aucun doute sur l'instrumental qui a sa place sur la BO du prochain Tarantino ("Kawasaki Todoroki express"). Outre ses 78 points potentiels au scrabble, c'est une couche supplémentaire pour ceux qui n'ont pas piger les goûts des bonshommes.

Comme certains d'entre vous, je suis habitué à voir derrière le micro de gros boeufs accros aux salles de muscu ou de gros boeufs accros au zinc d'un bar. Ici, la présence d'un maigrichon peut donc apparaitre perturbante.
Derrière sa chemise à carreaux de bûcheron se cache une stature de somalien, mais derrière le col se cache aussi des cordes vocales dévelopées pour le rock.
L'interprétation n'est pas forcée, elle est aussi loin d'être molle : il s'agit d'une certaine nonchalance, d'un accent bien sudiste pour un ch'ti et d'échauffements à base de Jack Daniels.
Certains trouveront le résultat tiède, mais justement c'est parce que le chanteur n'en fait pas des caisses qu'il est parfait.

L'album est bon, non pas parce qu'il va à toute vitesse, non pas parce qu'il va lentement.
L'album est bon parce qu'il nous laisse profiter du voyage...et dure ce qu'il faut pour que l'on ne commence pas par se lasser.
C'est court, mais on voudra se refaire une virée rapidement.
C'est court, mais le paysage est plaisant du début à la fin.

On ne s'emmerde pas. Et finalement, peu importe la durée de la balade, le plus important c'est de savoir avec qui on la fait.
Pour l'occasion, Poncharello est un excellent compagnon.

photo de Tookie
le 27/06/2014

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