Raider - Trial By Chaos
Chronique CD album (39:28)

- Style
Blackened Thrash/Death + Melodeath - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
7 avril 2023 - Lieu d'enregistrement Monolithic Productions & Nomadic Arts Studios
- écouter via bandcamp
En voilà un groupe qui porte bien son nom !
Pas parce que le Metal pratiqué par ces Canadiens serait particulièrement « aventureux » (rapport aux Aventuriers de l’Arche Perdue / Raiders of the Lost Ark). Mais parce qu’une telle pochette, digne des plus fiers groupes de Power Dungeons & Dragons Metal, est particulièrement efficace pour faire perdre tout appétit à qui n’est pas un fan acharné de Gloryhammer et Luca Turilli !
Raider… Deux doigts coupe-faim… Vous êtes trop jeunes pour avoir la référence ?
C’est vrai que la double barre chocolatée s’appelle Twix depuis un bail…
Je vieillis. Ça me déprime, tiens : je vais me boire un verre de Tang et me coucher.
Mais trève de batifolage chroniquatoire. D’autant que Raider n’est pas là pour raconter des blagues de Toto. Ni pour faire retentir le fracas des lames et faire couler le sang ennemi en l’honneur d’un Metôôôl généreux en contre-ut. Le truc de ces natifs de Waterloo, Ontario – Bonap’, si tu nous écoutes – c’est le Blackened Thrash/Death furax, tempéré par les douces caresses du Melodeath. Un peu de Dimension Zero / The Crown à ma gauche, et un peu d’At The Gates à ma droite. Le tout saupoudré de bon vieux riffs Thrash qui piquent et cisaillent. Et d’une pincée de Hatesphere aussi, parce que ça faisait longtemps.
Et nomdidiou que c’est efficace !
La preuve : une écoute en diagonale d’une dizaine de minutes du promo livré au quartier général de la CoreAndCorporation, et la sentence tombait : « Ça les amis, c’est du mastar de matos pour le lapin ! »
Rarement Canadiens auront sonné aussi suédois ! D'autant que sur les quarante minutes de ce 2e album, les gugusses baissent très rarement la garde. Ça cavale ventre à terre deux bons tiers du temps. Ça affiche un rictus hostile, des sourcils froncés, et l’envie de torgnoler tout le voisinage. Ça pratique le tir de barrage, ça dégaine leads et solos aux moments opportuns, ainsi que des breaks brise-nuque – parce qu’on est des gros durs, oui ou non ? S’il y a bien des domaines où Raider excelle, c’est l’efficacité rentre-dedans, la solidité à toute épreuve, le savoir-faire torgnolesque à la Bud Spencer, et la mélodie-missile brillamment torchée.
Oui mais, euh, comment dire : pas un petit brin de personnalité quand même ? Non parce qu’à la fin de Trial By Chaos, on a un peu l’impression d’avoir passé une folle partie de jambes en l’air nocturne avec une fougueuse inconnue… Puis un lendemain confus, le cerveau en pilotage-automatique, infoutu de se rappeler du prénom de la belle… Ni même de la tête qu’elle avait ! Comme lors de ces sorties, dans ce fameux bar. D'où l’on rentre bredouille, mais bourré... La fin de soirée se concluant sur un échange piteux, euros contre un peu de chaleur humaine, professionnelle mais impersonnelle (Mesdames, je vous laisse transposer ce scénario dans un univers moins marqué par de vils réflexes patriarcaux).
Voilà, c’est ça : Trial By Chaos est carrément bonnard, mais complètement générique. Superficiellement, l’album est une claque. Sauf qu’il peine à mettre le feu en profondeur. Un peu comme ce groupe qui-n’en-veut, issu de votre scène locale, qui se débrouille méchamment bien sur scène… Mais dont vous n’emporteriez aucun album sur une ile déserte, si vous deviez faire une sélection sévère de seulement 200 skeuds.
Pas le moindre morceau faiblard ici – même si on n’accroche que moyennement au début traine-la-patte de « Juggernaut Cerebrivore » et au refrain de « Ark of Empyrea », tellement peu notable qu’on pense longuement qu’il n’est qu’un pré-refrain. Et diable, c’est appréciable d'avoir ainsi le chargeur plein. Parmi les titres solides, on vous a même bricolé une petite sélection : le supplément d’accroche de « Labyrinth », les jolis ricochets riffés de « Ark of Empyrea », et la dynamique de winner d’un « Juggernaut Cerebrivore » débarrassé de sa première minute.
Mais bon : rien qui justifie des débordements d’enthousiasme, au final.
Gardons quand même un œil sur les lascars. Car si toute cette énergie et ce savoir-faire trouvait tout à coup à se mettre au service de compos inspirées – on n’est jamais à l’abri – alors cela pourrait faire vraiment mal. Cela s’est déjà vu. Cela pourrait donc se reproduire – à l’occasion d’un deal « inspiration Vs âme » peut-être, Lucifer fait des promos intéressantes parfois.
La chronique, version courte : certains Canadiens parlent parfaitement le Suédois, et ce sans le moindre accent. C’est par exemple le cas de Raider, qui maîtrise tout autant le Thrash/Death brûlant à la Dimension Zero / The Crown que le Melodeath fougueux à la At The Gates. On aurait cependant apprécié que ceux-ci développent une vision un tant soit peu personnelle du riff qui taillade et tempête. Parce qu’en l’occurrence, toute cette belle énergie et cette efficacité ne laissent que peu de trace dans le sable une fois la marée montante de la fin d’album arrivée.
2 COMMENTAIRES
Moland le 26/01/2024 à 03:37:01
Veni ecuti li.
M'en veux d'avoir fait la blague sur Facebook, du coup.
cglaume le 26/01/2024 à 05:33:07
En même temps, quand c'est trop tentant, faut pas se retenir, sinon ça fait cocotte-minute 🤯😁
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