Royal Republic - Club Majesty

Chronique CD album (34:53)

chronique Royal Republic - Club Majesty

Ultra Vomit, c'est rigolo mais bon, ils ne sortiront pas leur nouvel album avant 2026. Alors, certes, en attendant, tu peux les voir en concert, c'est qu'ils font plus de dix mille dates l'année après tout... Et là, encore, c'est fort rigolo mais tu te rends vite compte qu'en salle en tête d'affiche à Nantes, Marseille, Montcul, sous la tente d'un Hellfest ou d'un festival d'hippies/bouseux paumé en plein cœur de la Creuse, c'est toujours le même show à quelques exceptions près. Entier ou fractionné, même mise en scène, même setlist pour ainsi dire et mêmes vannes, autant dire que même si c'est bien une fois ou deux, ça devient quelque peu gonflant à force. D'où le fait que parfois, c'est pas mal de trouver une autre petite croustillade de fun concentrée. Alors quand tu te réveilles un dimanche matin, le lendemain de Gay Pride de ta ville qui plus est (véridique !), que tu tombes sur une chronique arborant l'étiquette « disco rock », il y a comme une petite voix diabolique qui te susurre au coin de l'oreille gauche que tu te dois d'écouter ça de tes propres oreilles. Et ce, même si tu n'es absolument pas du matin et que tu n'as même pas encore pris ton saint mug de café permettant enfin que tu puisses sortir de ta bouche autre chose que des râles et grognements agacés (agaçants ?). C'est que parfois, il faut savoir prendre des risques.

 

Allez, zou, c'était donc parti pour Club Majesty, quatrième album des Suédois de Royal Republic. Un quatuor arborant ici coupe plaquée sponsorisée au Vivelle Dop et costard rouge impeccables, qui n'étaient déjà pas hyper sérieux sur ses trois méfaits précédents. Mais là, pour le coup, les mecs ont pété leur plomb et se sont enfin dit « qu'après tout, on s'en cogne, on fait ce qu'on veut sans se restreindre, on s'en bat les couilles des qu'en dira-t-on ». Pas besoin d'aller plus loin que l'entame : imaginez une sorte de Franz Ferdinand qui ramasserait la savonnette devant les Village People et vous obtenez « Fireman & Dancer ». Tempo soutenu, intro empruntée directement de The Who que n'importe qui aurait vu un épisode des Experts connaît, couleurs flashy, paillettes, petites pointes de saxo en guise de vaseline, emballé c'est pesé et ce, sans même ressentir la moindre petite douleur au coin de l'anus. C'est que Royal Republic nous la joue dans le mélange improbable entre rock alternatif et disco et il faut reconnaître que ça fout une sacré banane. Il suffit d'arriver sur « Boomerang » qui est CE titre – pourtant totalement bateau dans les mélodies – qui saoule à mort tant il te reste gravé intempestivement dans la tête dès les deux premières secondes pour les trois semaines à venir et, à défaut de pouvoir communiquer avec le reste de la maisonnée, tu rallieras ta salle d'eau en moonwalk. Et pour quelqu'un qui n'est pas du matin, croyez bien que c'est déjà un pas énorme.

 

Alors, certes, Club Majesty est kitsch à mort, le genre de truc à ne pas prendre au premier degré. C'est même peut-être le genre de truc qu'on voudrait détester : trop bright et sucré pour un metalleux tout vilain-kro-viril. Et pourtant, Royal Republic joue tellement la carte de la surenchère et de l'exubérance qu'il arrive parfaitement à transmettre à l'auditeur – on n'ose imaginer en live – qui n'aura d'autres choix que de se laisser entraîner dans la spirale en espérant secrètement de les voir jouer au Macumba Open Air, histoire d'avoir autre chose que David Hasselhoff et La Chenille tous les quarts d'heure. Surtout qu'au final, on se laisse quand même pas mal surprendre que la sauce arrive à se renouveler assez pour qu'on ne lâche pas l'affaire au bout de cinq minutes. Ça sait gentiment durcir le ton sans perdre de son déjanté jusqu'à faire penser au Turbonegro le plus récent (« Fortune Favors », « Stop Movin' », « Bulldog »). Ça peut se montrer délicieusement funky (« Blunt Force Trauma ») ou se montrer encore plus improbable avec le côté Toto rencontre le Pharell Williams de « Happy » (« Anna-Leigh »). Et calmer un peu le jeu pour mieux renvoyer la boule à facettes en pleine poire (« Like A Lover »).

 

Autant dire que même si ça fait marrer et qu'on relègue Club Majesty au rang « délire de soirée entre potes », il y a quand même du boulot d'abattu là-dedans. C'est varié et parvient à conserver une belle cohésion d'ensemble. Pour un résultat qui pourra parler à tout le monde car nul doute que ça passerait en boîte de nuit, histoire de remonter le niveau des David Gaytta et Boobs'a, ça affolerait bien la piste de danse. Du clubbeur confirmé au rock-metalleux qui sirote son verre dans un coin en se demandant ce qu'il fout là. Bref, qu'est-ce qu'on pourrait espérer dans le futur pour Royal Republic ? Des concerts et une coupe mulet pour le chanteur qui siérait fort bien à sa beauf-moustache sans l'ombre d'un doute.

photo de Margoth
le 17/09/2019

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 17/09/2019 à 10:19:54

C'est malin du coup j'ai Boomerang en tête maintenant !!

Seisachtheion

Seisachtheion le 17/09/2019 à 18:29:31

Oh foutre Dieu que tu as raison au sujet d'Ultra Vomit !!! Depuis 2017, Xtrem Fest, Hellfest², Warm-Up HF, Motoc, Olympia, moult tournées en région... Comme a dit le grand intellectuel franco-tunisien Dove Attia : "Trop de trop tue le trop"... !

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