Mr. Bungle le 29/06/2024, La Valley, Hellfest - CLISSON (44)

Mr. Bungle (report)

MR. BUNGLE : LE COUP DU LAPIN, À LA CLISSONNAISE

 

 

AVERTISSEMENTS & PRÉCISIONS PRÉALABLES

 

  • Après avoir zappé intentionnellement l’édition 2023, c’est la présence de Mr. Bungle qui a poussé votre interlocuteur à rempiler pour la cuvée 2024 du Hellfest (… même si la présence d’autres artistes, comme Clawfinger, a également pesé dans la balance)
  • Le live report qui suit est plus un billet d’humeur qu’un réel compte-rendu de la prestation du groupe. À bon entendeur...

 

 

AVANT LE SHOW

 

Mr bungle au Hellfest 1Après un décès, tous les psys vous le diront, les proches du défunt passent par sept phases successives : le Choc, le Déni, la Colère, la Dépression, la Résignation, l’Acceptation, et enfin la Reconstruction. Or, après la sortie, fin 2020, d’un The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo n’ayant que peu répondu aux attentes du bunglomaniaque qui vous parle, je croyais être passé directement de l’étape du Choc à celle de la Résignation, puis de l’Acceptation. Mais la vérité était tout autre : je me mentais à moi-même, et étais de fait toujours en plein Déni. Et ce manque de lucidité était d’autant plus facile à entretenir que :

  • cette sortie n’était pas un véritable nouvel album, mais juste du recyclage de vieille démo
  • l’énergumène qui vous cause aime beaucoup le Crossover Thrash

La chose était donc passée comme un suppositoire à la Poste. D’autant que ce lapin de Pâques discographique n’est pas revenu si souvent que cela sur ma platine, contrairement aux trois albums précédents. Mon cerveau n'avait dès lors aucune difficulté à éluder cette incartade…

 

Déni manifeste, donc, il y avait. D'ailleurs pas une fois je n’avais pris le temps de me poser LA question, pourtant évidente :

« Bordel, pourquoi revenir après tout ce temps avec un Thrash urbain vénère pas vraiment plus brillant que la moyenne, quand on excelle dans son propre univers, et que l'on pourrait à nouveau semer des arcs-en-ciel dans les oreilles ? ».

 

La question aurait mérité d’être posée, quand même...

Mais la réponse qui s'imposait avec une pénible évidence m’interdisait d’oser même formuler cette interrogation : « Il s’agit de Mr. Bungle, mon garçon. Ils ont tous les droits. Parmi lesquels celui d’aller là où on ne les attend pas. Et de faire grincer les dents des grincheux et des fâcheux. Parce que tout ce qu’ils font est génial. Puisque, on te l'a déjà dit, mais on te le redit : il s'agit de Mr. Bungle» CQFD.

 

Vraiment ?

 

J’avoue que je (me) disais la même chose. À la façon d’un mantra auto-hypnotisant. Pourtant n’aurait-on pas été en droit de nuancer un peu la dernière affirmation, là, juste au-dessus ? Qu'y a-t-il donc de si génial à reprendre « Territory » de Sepultura devant un parterre de T-shirts « Hellfest 2024 » scandant sur commande des « Hey ! Hey ! Hey ! » fiévreusement ovins ? Ce genre d’« exploit », c’est ce que l’on attend d'un Agressive Beer Exterminator, quand celui-ci s’époumone devant le PMU de Ste Geneviève des Genoux, à l'occasion de la Fête de la Musique. Là oui, dans ce contexte particulier, ça peut être très cool…

 

Mais putain : Mr. Bungle ? Pour sa première date en France depuis la fin de La Chance Aux Chansons ? Et pourquoi pas un Mon Curé contre les Hiboux nazis signé Bernardo Bertolucci, en compétition officielle à Cannes ? Ou la version 2024 du Mc Nuggets par Pierre Gagnaire, au menu du 6 rue Balzac, Paris 8 ?

 

Bon, on tergiverse, on refait le match, mais il serait peut-être temps d’en arriver enfin au concert proprement dit, non ?

 

 

LE CONCERT "PROPREMENT" DIT

 

Évidemment, se faire saucer non-stop pendant une heure, ça peut rendre irritable.

 

Évidemment, se faire écraser contre les barrières et se prendre des rangeos crottées dans la trogne (j’ai pourtant l’habitude de ce genre de pratique en territoires altariens et warzoniens) peut empêcher de vivre l’expérience à 200%.

 

Évidemment, j’avais maté les setlits des concerts passés, et je savais donc pertinemment que les morceaux des trois premiers albums, on pouvait se les tailler en pointe et se les carrer là où se pratiquent les coloscopies… Mais comment ne pas se persuader qu’un tel groupe saurait quand même nous surprendre, s’en sortir avec une pirouette, et être ce que l’on attend de lui : génial ?

 

Déni, déni, déni, vous dis-je. Car oui, mais en fait non.

Les miracles c’est à Noël, quand on a 6 ans. Ou à Lourdes, quand on fume des cierges.

 

Mr bungle au Hellfest 2

 

Lors de ce funeste samedi, en lieu et place d’une pluie d’étoiles scintillantes, on aura eu le droit à :

  • du Crossover Thrash, donc. Normal. Pas vraiment un rêve de bunglomaniaque, mais pas de quoi pondre une pendule étant donné la nature du nouveau contrat passé entre le groupe et ses fans
  • des reprises – « Speak French or Die » (because Scott Ian), « Hell Awaits » (parce que Dave Lombardo), et « Territory » (parce que Andreas Kisser en guest) – taillées pour faire beugler les pits de toutes les Fêtes de la Bière & de la Saucisse
  • ce genre de blagounettes pipi-caca-pouët-pouët qui fait habituellement hurler les chantres du bon goût (« Jesus fait pipi sur nous », « ‘y a des filles avec des bites ce soir ? », je-fais-coin-coin-avec-mon-canard, je-fais-mine-de-baiser-le-pauvre-hère-chargé-d’essuyer-la-scène). De ce point de vue, Patton n’a pas changé, au moins…
  • du remplissage calamiteux de tous les créneaux restés libres entre les purs morceaux de Crossover. Car au lieu de piocher dans son glorieux passé (notez quand même un charcutage en règle de « My Ass in on Fire »), Mike a préféré nous balancer des brouettes de merde (« … mais non voyons : il est soooooooo 2nd degré ! »), dont le « I'm Not in Love » de 10CC, et en guise de bouquet final dans nos gueules dépitées, le « All By Myself » d'Eric Carmen, popularisé par Céline Dion… 

 

Ça n’est pas du pur sadisme ça, peut-être ? Je vous laisse imaginer l’acidité des sécrétions gastriques qui allaient croissant et bouillonnant au fur et à mesure que les foutages de gueule s’accumulaient les uns après les autres…

 

Alors on est d’accord : un artiste est ENTIÈREMENT libre de faire ce qui lui plait. C'est même une nécessité. Parce qu’il faut d’abord que lui même kiffe ce qu'il fait, pour qu’en bout de chaîne, il y ait une chance qu'il nous fasse plaisir à nous aussi. C’est d’ailleurs habité par cette réflexion qu’on a jadis accueilli en opinant du chef les albums de Tetema, la collab' avec Jean-Claude Vannier, les B.O. de films & autres zouaveries plus ou moins intéressantes. Parce que c’est en laissant notre Mikounet délirer au sein de ce genre de projets qu’on peut, de temps à autre, espérer profiter de beaux albums nouveaux frappés du sceau de Faith No More, ou de Tomahawk.

 

Mais pourquoi diable ce satané hurluberlu ne pratique-t-il pas ses clowncoreries actuelles sous un autre nom ? Genre Bunglicipal Waste ? Ou My CrASSover is on Fire ? Cela nous aurait évité d'ainsi nous monter le bourrichon…

 

Répondons honnêtement à cette question : quel fan de Mr. Bungle, extrait sans ménagement de l’année 2019 (avant la sortie de The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo, donc) via une faille temporelle, aurait pleinement kiffé le set donné à la Valley, s’il avait été projeté devant, BAM, via un retour-vers-le-futur de 5 ans en avant ? Qu’est-ce qu’il aurait trouvé de si géniaaaaaaaal, si tête-d’affichable dans ce concert n’offrant guère plus que celui donné la veille par les superbes zouaves d'Eight Sins (… que j’ai d’ailleurs trouvés très bons, dans leur créneau, avec leur manque de melon, et leur ambition uniquement festive) ? Quand j’entends ces commentaires unanimes qui trouvent formidaaaaaable la prestation des Américains, j’ai l’impression de lire ces critiques dithyrambiques d’esthètes vantant les Noirs de Pierre Soulages…

 

Mr Bungle au Hellfest 3D’ailleurs c'est là que doit résider l’explication : il doit falloir être à même d'apprécier l’œuvre de Soulages. Ou aimer se faire piétiner les roubignoles par les talons aiguilles de Demonia. Ou trouver normal de voler 22 heures jusqu’en Nouvelle-Zélande pour s’y enfermer dans une chambre d'hôtel et jouer à la Playstation, plutôt que de profiter des superbes paysages alentours. S’il adhère à ce genre de plans, ok, je comprends qu’un vieux fan de Mr. Bungle ait pu kiffer ce retour sur scène…

 

Quoique si c’était là l’explication, je ne serais sans doute pas le seul à ruminer dans mon coin. Je ne serais pas le seul à n’avoir quitté l’étape du Déni que pour évoluer d’un unique cran, vers celui de la Colère…

 

Alors s’il vous plaît, vous qui avez pris votre pied devant la prestation bunglienne, ouvrez-moi les yeux, remettez-moi dans le droit chemin. Avec un peu de chance, c’est en effet moi qui suis complètement con, ou trop réfractaire au changement pour voir le génie derrière la rugosité du Mr. Bungle dernier cru. Je veux y croire : non, le problème ce n'est pas que Sa Majesté Patton est à ce point tordu qu’il jouit de sentir la frustration de son fan club qui, non-non-et-non, n’aura pas ce qu’il tuerait père et mère pour obtenir, live, après toutes ces années de disette... Ce n’est pas le genre du bonhomme, hein, dites ? Il n’est pas aussi méchant qu’une bouteille d’Orangina rouge, quand même ???

 

… Si ?

 

 

PS : pas de setlist, désolé (mais ça se trouve facilement, par exemple). Pas d’information non plus sur le look des zicos. Ni sur l’accordage des guitares. Ni sur les poils sous les aisselles de Dave Lombardo. Décidément ce « live report » n’est VRAIMENT pas pro…

 

PPS : dites, Docteur, ça prend combien de temps pour passer enfin aux étapes de Résignation, puis d’Acceptation ?

 

 

 

photo de Cglaume
le 05/07/2024

14 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 05/07/2024 à 10:06:18

Il est pas content le lapinou


 Also sprach Zarathustra, op. 30
(Richard Strauss song) (Portsmouth Sinfonia version)
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Satan Never Sleeps
(Timi Yuro cover)
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Anarchy Up Your Anus
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Bungle Grind
Play Video
I'm Not in Love
(10cc cover)
Play Video
Eracist
Play Video
Spreading the Thighs of Death
Play Video
Loss of Control
(Van Halen cover) (with Wolfgang Van Halen)
Play Video
Hypocrites / Habla español o muere
Play Video
Hell Awaits
(Slayer cover)
Play Video
Hopelessly Devoted to You
(John Farrar cover)
Play Video
Raping Your Mind
Play Video
My Ass Is on Fire
Play Video
Territory
(Sepultura cover) (with Andreas Kisser)
Play Video
All by Myself
(Eric Carmen cover)

cglaume

cglaume le 05/07/2024 à 10:11:22

Ils ont joué autant de fois « Play Video » ??? Putain j’avais pas fait gaffe 😂😂

el gep

el gep le 05/07/2024 à 11:11:03

Ouch, Lapin qui pique ! Mais une revue de concert faite avec le cœur, c'est ce qui compte...
Je comprends et partage ton point de vue musical, avec plus de distance car je me suis tout de suite de ne pas trop en attendre, de cette reformation, justement.
C'est plus facile d'aimer des groupes morts (ou les Melvins), LOL !

el gep

el gep le 05/07/2024 à 11:11:33

''tout de suite dit'' manque un mot.

cglaume

cglaume le 05/07/2024 à 11:14:24

Je crois qu'il fallait que je fasse l'expérience grandeur nature pour réaliser vraiment que NON, décidément, même si le Crossover Thrash du dernier album est très cool, ce n'est pas ça qu'on veut de Mr Bungle ! :)

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 05/07/2024 à 12:34:33

Mémo à ma propre intention : ne jamais froisser le lapinou, ça peut visiblement piquer quand il s'y met 😶

cglaume

cglaume le 05/07/2024 à 12:58:13

😅
Meuh non. C’est juste quand une de mes idoles fait un peu nimp’ que ça me rend chagrinou, c’est tout 😁

Dams

Dams le 08/07/2024 à 14:13:13

Moi j'ai apprécié la performance musicale, mais je peux tout à fait comprendre ton point de vue, à titre d’exemple les Foo Fighters se sont nommés différemment pour leurs projets Disco ou Metal.
Après les facéties puériles de Patton sont parfois drôles, mais aussi assez pitoyables, bref je vieillis sûrement pour ce genre de bêtises.
J’espère néanmoins Lapin que tu t'es réjouis des performances de ST, Dismember ou Nova Twins...

cglaume

cglaume le 08/07/2024 à 14:15:13

Beaucoup aimé les trois prestations que tu cites, oui. Et Clawfinger ❤️❤️❤️

FEDAYKYN

FEDAYKYN le 08/07/2024 à 14:28:58

Je commençais à amèrement regretter d'avoir louper ce concert pour faute de flemme/pluie/copains mais finalement ce report me rassure. Sinon oui Clawfinger c'était vraiment très très bien (tout comme l'enchainement derrière avec bioahazard, fu manchu et Body Count). En revanche mon petit coeur de cyco pleure après le concert de ST que j'ai trouvé pas du tout à la hauteur de leur légende et de tous les concerts que j'ai pu faire du groupe. Et puis Robert il était où ? Toute la famille à jouer le même jour pourtant ...

cglaume

cglaume le 08/07/2024 à 15:55:57

C’est vrai qu’une apparition du Robbie, ça aurait été chouette !!! En même temps, avec le monde qu’il y avait sur scène à la fin, si ça se trouve il était là mais il est passé inaperçu 😂

FEDAYKYN

FEDAYKYN le 08/07/2024 à 16:22:46

"En même temps, avec le monde qu’il y avait sur scène à la fin, si ça se trouve il était là mais il est passé inaperçu 😂" on l'aurait au moins entendu je pense. Une grosse basse comme ça on l'aurait remarqué.

Black Comedon

Black Comedon le 09/07/2024 à 13:18:17

Voulez tenter le graspop, mais les setlists m'ont refroidi, je suis à la fois triste de lire ce report d'un fan désappointé et content d'avoir fait le bon choix (quitte à citer du Leslie)

cglaume

cglaume le 09/07/2024 à 13:38:03

:D

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