Hippotraktor - Stasis

Chronique CD album (44:33)

chronique Hippotraktor - Stasis

Dans la famille « Groupes qui passent au Motocultor et pour lesquels je suis prêt à abandonner mon poste* pour aller les voir », je demande Hippotraktor. Parce que si Amenra, Stake ou Brutus ne suffisent pas pour convaincre que nos voisins fadas de frites en deux cuissons font du post-rock/metal de qualité, si celui-ci ne suffit pas à vous faire changer d'avis autant laisser tomber tout de suite. En plus eh, ils vous ont débauché Stefan de Graef de Psychonaut pour vous le coller au mic ; vous allez quand même pas résister plus longtemps ? Il y a trois ans, Meridian s’imposait d’ores et déjà comme une dinguerie de technicité progressive ; ce genre de renfort pourrait bien se montrer capable d'épaissir la sauce.

 

D’entrée de jeu, en tout cas, la cuvée Stasis 2024 confirme une approche Meshuggah-like dans la somptueuse complexité de ses compos. « Descent » ouvre l’album sur une déferlante rythmique stupéfiante de maîtrise, mêlant soubresauts convulsifs et atmosphères technologiques lentes et méthodiques. Qu’appuie un chant clair se payant ses phases gutturales frôlant le shriek en une hybridation étonnante. Comme si Regarde Les Hommes Tomber s’était djentisé. Hippotraktor réussit pleinement son pari d’intégrer le storytelling à son processus d’écriture, non seulement grâce à des modulations vocales d’une profondeur vertigineuse, mais aussi et surtout en édifiant un concept album d’intensité crescendo. « Echoes » rehausse ainsi la barre dès la seconde track grâce à une structure harmonieuse dans sa déconstruction alternant élégamment blasts évanescents et breaks éthérés. Sans doute le meilleur morceau de l’album.

 

… Une phrase que l'on se surprend à ressasser au cours de n’importe laquelle des expériences fondues dans la tracklist de Stasis. Sans que sa formule ne se brise intrinsèquement, chaque morceau surpasse son prédécesseur en y glissant le petit grain de sable dans l’engrenage de la linéarité. Distorsions martiales aux amplitudes typées Between The Buried And Me sur « Renegade », percussions tribales émaillant « The Reckoning » ou saccades éthérées pour ponctuer « Silver Tongue » fabriquent les prémices d’un univers sonore quasi infiniment riche de potentialités pour les futurs albums d’Hippotraktor. En attendant, aucun mal je pense à se contenter de la quintessence de post-metal incarnée par la title track de ce petit dernier, dont la lourdeur rythmique harmonise d’autant mieux sa polyrythmie électrique parsemée de breaks contemplatifs.

 

Impeccable du mastering à l’agencement des compos, Stasis, sans réinventer ni restructurer le prog, pourrait lui insuffler un souffle nouveau, aux relents combinés de Gojira, Periphery ou Textures. Soufflera-t-il de sa meilleure impulsion au retour d’Hippotraktor en tournée dès cet été ? La bande à Stefan de Graef dispose pour l'heure de quatre festivals pour le confirmer !

 

 

* Oui en plus d’écrire mes p’tits billets d’humeur pour votre webzine préféré je suis bénévole bar à ce festoche tous les ans ; n’hésitez pas à venir m’y commander votre binouze entre deux concerts !

photo de Aldorus Berthier
le 10/06/2024

8 COMMENTAIRES

Pingouinxs

Pingouinxs le 10/06/2024 à 16:42:56

Bien foutu, ça roule vraiment musicalement, le mix post/prog/djenty marche bien, mais merde encore une fois, ces voix claires me pètent vraiment toutes les mises en place :/

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 10/06/2024 à 19:03:23

Erf, j'espère ne pas avoir été le seul conquis par les parties vocales quand même :/

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 11/06/2024 à 11:12:04

Comme Pingu, j'ai du mal avec le chant clean, que je trouve exubérant...
Un peu de mal avec le terme de "post hardcore", soit dit en passant. 

Pour le Motoc', c'est quand tu veux! 😃

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 12/06/2024 à 11:16:49

Eh bien je vous ai tellement compris, les gars, que j'ai pas manqué de poser une question concernant le chant clair à Stefan quand je l'ai interviewé hier soir. Affaire à suivre !
Arf pour le post-hardcore, j'étais entre Hippo et Sorcerer quand j'ai écrit les deux... Correction expresse !

@Vincent : Rendez-vous au Bar 2 face à la Dave Mustage dans ce cas ! 🍺

noideaforid

noideaforid le 12/06/2024 à 11:54:15

Le belgicisme de fadas est biesses ;). Ça passe crème pour moi la voix et ce prog metal très planant il va beaucoup tourner sur ma platine virtuelle. Par contre, niveau comparaison j'ai plus pensé à tesseract,Vola, uneven structure,DVNE etc. merci pour cette découverte!
( Tu as mis trois C à saccades)

Vincent Bouvier

Vincent Bouvier le 14/06/2024 à 17:46:51

@ Aldo: aucune volonté de ma part d'imposer quoi que ce soit. Chaque rédac est libre de coller les étiquettes qu'il souhaite! 
On pourra en rediscuter de vive voix au mois d'août, du coup! 😎

Black Comedon

Black Comedon le 23/07/2024 à 21:59:35

J'ai pas été emballé non plus par le chant clair, c'est bea

Black Comedon

Black Comedon le 23/07/2024 à 22:03:11

Oups boulette
J'ai pas été emballé non plus par le chant clair, c'est beau d'avoir abordé le sujet, personnellement ce n'est le fait d'avoir du chant clair c'est plutôt le chanteur qui me pose probléme. Je le trouve un peu poussif et .. .systématique. Et je n'ai pas trouvé le petit truc en plus qui m'aurait fait passer outre, c'est propre mais relativement cliché : Grosse guitare détunée, des passages avec peu de gain pour montrer qu'on sait jouer proprement. La seule surprise aura été le chant saturé, par opposition, qui m'a fait penser à Kalisia.

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