Toehider - XII in XII #10 - X

Chronique CD album (23:50)

chronique Toehider - XII in XII #10 - X

LE PROJET « 12 IN 12 », MILLÉSIME 2023 / 2024


 

Explications préalables : entre mai 2009 et avril 2010, sa muse ayant alors manifestement besoin de coups de pied au train pour avancer, Mike Mills – Mr Toehider – s’est lancé dans un projet fou… Celui de livrer 12 EPs en 12 mois. Parce que certains sont comme ça : ils ont besoin de se fixer des objectifs inatteignables pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Résultat des courses : pari réussi ! Et de brillante façon qui plus est (vérifiez donc ici et ) ! Et comme ce genre d’expérience est de celles dont on ressort en se disant « Plus jamais ça ! », Mike n’a pas pu s’empêcher : il a fallu qu’il recommence ! Dès le 23 février 2023 pour ceux qui suivent le groupe sur Patreon. Et à partir de début août pour les autres.


 

MOIS 10 : TOE-HEAVIER

Je n’ai pas forcément tout l’historique en tête, mais ce coup-là, je ne crois pas que Toehider nous l’ait déjà fait. Le gros Metôl qui sent la gnôle, ça oui, il a déjà pratiqué. L’Ambiant soporifique aussi. Ainsi que le Médiéval en cotte de mailles. Tout un bel arc-en-ciel métallico-rocko-progressif, plein de surprises et de gourmandises variées. En revanche, le registre doomy-gloomy-fuzzy, avec bottes en plomb et mégatonnes de distorsion, je ne pense pas. Je dois d’ailleurs dire – désolé les copains, on a grosso-modo les mêmes valeurs, mais on ne vote pas forcément 100% pareil – que ce n’est pas trop ma tasse de thé, habituellement. Il y a suffisamment de raisons d’avoir le moral dans les chaussettes et le tensiomètre à zéro pour que j'évite que ma musique en rajoute une couche. Mais je respecte, hein, on a le droit d’aimer le jus de tomate et les bigorneaux. Perso, moi, non. Mais on reste quand même copains, OK ?

 

En tous cas, ce diable de Mike Mills doit posséder je ne sais quel talent d’hypnotiseur ou de magnétiseur. Car bien qu'il soit tout dédié au Metal escargot et plus lourd qu'un kebab au boulgour, son X – dixième EP du projet 12 in 12 cuvée 2023/2024 – a réussi à me convaincre… C’est qu'il serait capable de vendre des radiateurs dans le Sahel, notre Mikey !

 

Allez, l'objet ne contient que quatre pistes, donc comme d’hab’, je vous propose d’aller vous engluer le moral et les pattes à ma suite, sur chacune d’entre elles, histoire que je vous dise le quoi, le comment, et le qu’est-ce.

 

C’est le larsen menaçant et la cymbale fatiguée que « Lost All Sense of Purpose » s’adresse tout d’abord à nous. Le mastodonte titube, hésite, vrombit… C’pas la fête à ‘Mimile ici, croyez-moi ! Mais Mike décide de prendre la parole, et si le ciel n’en reste pas moins méchamment sombre, cela semble quand même réveiller un brin la batterie, et réinjecter un semblant de vie dans cette piste bien mal en point. Mais que les âmes en peine se rassurent : le refrain est asséné par une voix shriekesque sortie tout exprès des abysses pour l’occasion, la rythmique se reprend un gros shoot de Xanax, et hormis un solo qui renvoie un dernier signe d’espoir en hennissant rageusement, l’aventure se termine au fond du trou, dans une apogée de white noise funeste…

 

Crachin de distorsion grésillante, allure désenchantée, le couple zoo-hémophile dont l'histoire nous est contée sur « Lizard and Vampiress » a beau ne pas offrir un premier abord très engageant – tout comme la pochette de Salty, qui illustre cette union – il finit pas séduire, notamment grâce à l'un de ces refrains dont Mike a le secret.

 

« Art is Theft32 is Art » s'avère bien moins facile à avaler, par contre. Il faut dire que les cordes vocales du maestro ne sont plus là pour nous extirper du marasme. « La 3e piste est à peine écoutable », c'est lui même qui le dit. Ces quatre minutes et 11 secondes ne sont rien d'autre qu'une triste complainte larsenophile sur fond d'agonie rythmique. L'instrument étant ici seul à s'exprimer, c'est l'occasion de faire une parenthèse pour vous parler de cette guitare baryton PRS 277, qui est manifestement destinée à secouer les couches inférieures de la croûte terrestre, et que Mike s'est amusé à accorder aussi bas que possible. C'est cette puissante arme sismologique qui lui a inspiré cet exercice de spéléologie musicale en 4 actes que les psychologues jugent à raison incompatible avec un état dépressif.

 

Après toute cette suie et ce charbon, « Those That Can't, Those Who Can » sonnerait presque comme l'une de ces jolies histoires toehideriennes comme on les aime, printanière et primesautière. Mais relativisons : c'est surtout l'effet de contraste qui aboutit à cette impression. Car la tonalité reste quand même majoritairement sombre, pesante même, quoique l'histoire qui soit contée soit délicieusement décalée et franchement savoureuse. Bien que la tonalité générale reste relativement crépusculaire, on est content de retrouver le Toehider auquel on est plus habitué, ce plaisir étant décuplé par un refrain – encore, oui, je sais – d'autant plus superbe qu'il prend le temps de se déployer dans des dimensions rappelant assez nettement Devin Townsend. Comment diable... D'un EP aussi noir, aussi « soins paliatifs », Mike Mills réussi à extraire une telle pépite... Il ne cessera donc jamais de nous étonner, l'animal !

 

Alors non, si vous voulez enchanter un trajet en voiture, convaincre un incrédule ou séduire l'être aimé, vous ne diffuserez pas X sur vos enceintes. Par contre si vous voulez une nouvelle raison d'admirer Mike Mills, palper une nouvelle des cordes de son arc, ou vous préparez sans douleur à une soirée « Temesta & Lames de rasoir » chez les Dépressifs Anonymes, ces 24 minutes sont clairement tout indiquées !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. Lourd c'est lourd, il n'y a plus d'amour. Sur X, Toehider taquine le registre Doom, Distorsion & Depression... On en ressort donc plein de charbon et doté d'un gros bourdon, mais également incrédule tu-le-crois-Doudou-dis-donc. Car, même si habituellement on ne goûte guère ces langueurs métalliques plombées, on se surprendrait pour une fois à apprécier ces vrombissements exsangues... et ces mélodies incroyables, marque de fabrique de l'Australien que toute la noirceur et le mal être suintant de cette scène ne peuvent suffire à altérer.

 

 

photo de Cglaume
le 15/07/2024

7 COMMENTAIRES

noideaforid

noideaforid le 24/07/2024 à 01:33:03

Those That Can't, Those Who Can rejoint ma liste de morceaux écoutés dix fois de suite. Ce final MaMa!!! 

cglaume

cglaume le 24/07/2024 à 07:29:38

10 fois de suite ?? 😅 Monomaniaque va ! 😉

noideaforid

noideaforid le 01/08/2024 à 15:40:23

Comme les métaphores improbables( Les radiateurs dans le Sahel :D ) être monomaniaque est un des symptomes de la nawakophilie

cglaume

cglaume le 01/08/2024 à 17:50:46

Pas faux, haha 😆

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 06/08/2024 à 10:30:12

Allons cglaume, ne nous fait pas croire que ton roaster nawakophile ne contient pas minimum une dizaine de morceaux que t'as pas écoutés au moins quinze-vingt fois de suite

cglaume

cglaume le 06/08/2024 à 10:41:15

Je n’essaierai pas, non 😁

noideaforid

noideaforid le 06/08/2024 à 18:40:28

@Aldorus Si tu ne connais pas trop Toehider écoute juste  How Do Ghosts Work? c'est quand même le style de morceau hyper addictif et Willgivit ce titre parfait pour marcher et sentir la coolitude glisser en toi.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • Devil's days à Barsac les 9 et 10 mai 2025
  • Seisach' 6 les 17 et 18 octobre 2025
  • ULTHA au Glazart à Paris le 27 juin 2025