Blackbraid - Blackbraid II

Les avis, c'est comme les Trves de balle.

On en a tous un. 

Voici le mien.

Il n’a pas fallu longtemps pour que John S. Krieger (Aka Sgah'gahsowáh) donne une suite à son premier skeud plus ou moins boudé par les Trves et plus ou moins adoubé par les Falses.

Comme sur votre webzine préféré, je suis plutôt dans le second camp, je vais me faire un plaisir de pouvoir exprimer, une nouvelle fois, mon amour de la musique meanstream.

Pour contenter les Trves, il n’y a toujours pas de message politique à l’horizon. 

Sgah'gahsowáh évite encore le piège de la revendication. Les mouvements comme Land Back, c'est pas son truc. Il ne milite pas et ne prétend pas être né dans une tribu de laissés-pour-compte alcooliques et faignasses, à cause de cet enfoiré de Custer.

Il n'a pas non plus de Casino à Las Vegas.

Le gars était encore menuisier, il y a peu.

C'est Trve ça ou bien ?

Ici, on parle de destin et de folklore. Du coup, les Trves peuvent aimer aussi...
Sauf qu'il a été interviewé dans le New York Times.

Et ça, les Trves n' aiment pas.

Car bon, le BM ça doit rester underground, espèce de dork. Rien ne vaut, en effet, un témoignage sur un webzine ukrainien... euh non russe (les fachos, c'est les Russes maintenant).

Les webzines de fachos, c'est Trve. 

En plus, il ne cause pas de Satan.

Et oui Sgah'gahsowáh n'est pas chrétien.

Il n'est même pas camé comme Niklas Kvarforth, la petite frappe qui se prend pour GG Allin.

Nul quoi.

De la bouse.

Un pur produit créé pour faire du fric par le neveu américain de Malcolm MacLaren, vous dis-je, le John.

Par contre, l’ambiance nordique norvégienne (Immortal) ou suédoise (Bathory, c’est évident) est bien encore présente. 

Marrant, car il s'est viré d'un festosh en Norvège, récemment.

C'est Trve non ?

Il s'en est excusé.

Et zut, c'est pas Trve.

D’une longueur conséquente et nanti d’une prod moderne mais naturelle, ce deuxième jet reprend tous les codes du premier album en les sublimant.

Oui, nous avons toujours à faire avec un BM léché plus ou moins atmo mais sachant se faire sauvage aussi.

Oui les instru folk ménageront encore de belles respirations dans cet album.

Blackbraid nous embarque dans son univers avec une facilité déconcertante.

Rien ici n’est pompé, ni pompeux. Rien ne sonne forcé ou opportuniste. Blackbraid se cogne probablement d’être la nouvelle sensation swag des webzines.

Il assoit tout simplement sa position d’évocateur.

Évoquer :

1. Dans des formules littéraires, appeler, apostropher des choses inanimées en leur donnant la parole.

2. Rappeler quelque chose ou quelqu'un du passé à la mémoire (évoquer les souvenirs heureux de sa jeunesse, évoquer un ami disparu)

3. Faire apparaître, faire allusion à, rendre présent à l'esprit par des images, par des évocations (évoquer les magnifiques paysages d'une région)

Rarement un verbe n’a été aussi adapté à une musique. Car Blackbraid fait tout cela à la fois, que ce soit dans ses passages doomy, heavy, trad ou féroces.

De longues pièces passionnées ou passionnantes comme le monstrueusement addictif "The Wolf That Guide The Hunters Hand", "Moss Covered Bones On The Altar Of The Moon", ou encore un puissant (ce chant d’intro limite Death, machette de machette) et redoutablement bien gaulé "Twilight Hymn Of Ancient Blood" ne peuvent décemment pas laisser indifférent n’importe quelle tête de Metal.

D’autant qu’une reprise de Quorthon période Blood Fire Death se loge en queue de peloton.

Et ça, c'est putain de Trve.

Au final, indépendant jusque dans sa production, Blackbraid II conjugue la fureur et l’intelligence au charisme certain de son maître d’œuvre pour s’écouter avec le cœur.

Crom-Cruach

le 11/09/2023