Infestation - The Vermin Within

Chronique CD album (41:32)

chronique Infestation - The Vermin Within

« Old school Thrash metal from good old Germany ! »

 

C'est ce qui figure sur la carte de visite d'Infestation. Ou plutôt sur le fronton de sa page Bandcamp, en guise de courte présentation. Simple, efficace, sans tortillons ni volonté de faire passer des vessies tradi' pour des lanternes de génie. Du côté de sa pochette, The Vermin Within raconte la Nième destruction de l'Humanité par des démons extra-terrestres (à moins qu'il ne s'agisse d'aliens infernaux) dans des teintes pistache tchernobylienne, fraise hémoglobinienne et orange pyrotechnicienne. Du classique in-your-face, donc, qui aurait presque mérité de figurer dans la mini-série de mes chroniques « Je ne sais pas ce qu’ils trafiquent, mais la pochette surbute : j’achète ! ». Le logo ? L'habituel mikado de hameçons effilés, façon qui-s'y-frotte-s'y-pique. C'est ce qu'on appelle du produit formaté, qui fait saliver l’œil et frétiller le museau...

 

Mais il n'y a pas que visuellement que ce jeune groupe germain déroule la bobine du You-Get-What-You-Expect. Car musicalement leur premier album est exactement ce que l'on est en droit d'attendre de musiciens 1) débordant d'hormones bouillonnantes et d'une furieuse envie de prouver au monde qu'ils ne plaisantent pas 2) ayant grandi avec Destruction, Sodom et Kreator 3) refusant d'envisager qu'il existe une troisième, une deuxième, voire une première vitesse sur leur bolide, excepté lors de rares petites mosheries bien groovy.

 

Là vous vous dites : « Ouh là : on va ingurgiter du riff copié-collé, des chœurs décérébrés et des hymnes moult fois réchauffés ». Le risque était grand, on ne vas pas se mentir. Mais il n'y a pas de fatalité. Car quand c'est l'énergie et la volonté de bien faire qui priment, des miracles peuvent se produire. Et c'est bien ce dont il s'agit avec The Vermin Within qui, s'il rappelle ses modèles de loin en loin, réussit à trouver sa voie, et surtout à nous apporter exactement ce que l'on aime avec juste ce qu'il faut de variations et d'intelligence pour que les 13 pistes proposées ne s'essoufflent ni ne perdent en pertinence.

 

Quasiment rien à jeter en 41 minutes de course échevelée. Si ce n'est – allez, montrons qu'on garde un peu la tête sur les épaules – « Infernal Anthem », une intro cousue de fil blanc. Et – si l'on décide de se montrer un peu dur – un « Executioner » un peu plus ronflant, quoiqu'il réserve lui aussi bon nombre de passages fulminants. Pour le reste, rien à redire. Tout n'est que riffs abrasifs, transitions au lance-pierre, basse qui dévale fièrement les pentes rocailleuses, chevaux lâchés dans la nature, et nombre de ces plans qui font bicher l'amateur du genre : celui de l'hélico de guerre à lourds pals tranchants, celui des violents coups de fouets riffés, celui des énergiques ricochets guitaristiques, celui des traces de pneus sur le bitume, ou encore celui de l'essaim de frelons furieux. Tantôt la lead ouvre les titres sur un appel irrésistible à la rébellion sauvage (« Kill The Traitor », « Infestation »). Tantôt on tombe sur un peu de mosh anthraxien (dans la première partie de « Ravage Unleashed! »). Tantôt du pseudo D-Beat vient relancer la machine (« 1 2 Fuck You », « Mind of a Killer »). Tantôt les élytres frottent tellement fort que ça sent le brûlé (sur le refrain de « Ravage Unleashed! », pour prendre un exemple parmi d'autres).

 

Et pour être bien sûr de ne perdre personne en chemin, Infestation parsème sa tracklist d'éléments plus typés encore, comme autant de petits cailloux blancs qui permettent aux Petits Poucets que nous sommes de retrouver notre chemin : un chant Crossover supplémentaire sur « Infestation », plus une bonne vieille salve de blasts à la fin du même titre. Une dégaine Rock'n'Roll de vieux motard bagarreur sur « Death Road ». Un interlude bicéphale en la présence de « 1 2 Fuck You »Un épilogue frontalement brutal, à la toute fin de « Warzone », qui compense l'adoucissement relatif semblant initialement devoir conclure le titre. Et enfin « Bierpartei », séance de Biergarten Thrash tout en allemand, rappelant un peu le « Freibier » de Tankard (mais sans le dégaine rigolarde), et beaucoup plus encore les imitations motörheadiennes de Tonton Angelripper.

 

Pas de raison de tortiller pendant des plombes pour franchir la ligne d'arrivée conclusive : The Vermin Within, c'est le Thrash tel qu'on l'aime. Tradi', débarrassé de son gros boule heavy/groovy, fonçant comme un dératé vers l'infini et au-delà, sans se soucier du qu'en dira-t-on, mais sans pour autant ressasser lourdement les mêmes recettes servies dans les cantines voisines. Alors dépêchez-vous de vous en délecter avant que ces jeunes Teutons ne prennent du bide et fassent du gras !

 

 

PS : l'album est ressorti en janvier 2024 chez Iron Shield Records, agrémenté d'un morceau supplémentaire, « Modern Warfare ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : vous prenez un groupe bien jeune, afin qu'il déborde d'énergie fulminante et d'une rageuse soif de riffer. Vous le choisissez dans un stand allemand, pour être bien sûr qu'il soit moulé amoureusement à la louche, et pas décoré d'inutiles fanfreluches. Vous demandez à consulter ses bulletins scolaires, pour vous assurer qu'il s'agit d'un élément sérieux, futé, et pas d'un tâcheron copiant laborieusement par-dessus l'épaule du voisin. Et avec un peu de chance, vous vous retrouvez avec un album comme The Vermin Within, petite pépite de Thrash furibard, fonceur et foudroyant, qui tronçonne dans les règles de l'art sans nous perdre ni lasser.

photo de Cglaume
le 18/07/2024

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