Sarrazy Rochelle - Cyclotimic songs

Marc Sarrazy, la bonne cinquantaine, est un pianiste qui a navigué entre Classique et Rock avant de se prendre les pieds dans le Jazz.
Laurent Rochelle, la cinquantaine encore plus entamée, est un saxophoniste autodidacte, guidé par le Taoïsme où le non-vouloir et le laisser-venir font bon ménage.

Sur « Bleu funéral », Marc Sarrazy aimerait être une tomate pour ne plus penser ! Tout ça sur fond de la marche funèbre de Chopin, un groove de malade, une guitare piquée chez Nile Rodgers (d'un Chic !) et un piano électrique bien inspiré. - "Vivement que tu me donnes ton La pour que je me pose sur le Sol" - .

En manque de voyages ? Le duo toulousain vous emmène, fier, et loin, comme Fantômas sur son segway.

Cyclotimic songs est typiquement le genre d'album où il faut prendre le temps. Une écoute distraite, en passant, est vivement déconseillée. D'un bazar de Calcutta en passant par un manoir hanté, ou croisant Baudelaire sur le coin d'un zinc ; il en faut de l'endurance, ... et du temps. - "Pour n'être pas les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertue, à votre guise" – C. Baudelaire.

Revenons un instant sur cette couv' réalisée par Brenda Galluissi – Brenda Machin – aussi sobre que iconoclaste. Fantômas sur un segway ! Anachronique, drôle, enviable (dans un 4e film jamais réalisé). Il y'a de ça dans Cyclotimic songs et même plus.

Lorsque l'on se penche sur le cas Sarrazy Rochelle, on découvre que le duo dandy offre un univers à la fois vintage et futuriste. Le jazz permet cela, surtout lorsque les codes sont éclatés. On devine une véritable passion pour les Arts. Du cinéma populaire aux textes les plus obscurs en passant par le Hip-Hop froissé et la Soul lumineuse. Dans leurs premières sorties discographiques, le duo a proposé une relecture d'un titre, cinq fois avec cinq chants différents.

L'ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne chez tout le monde, bien heureux !

En un peu plus de 40 minutes, Sarrazy Rochelle nous offre des mondes.

En terminus, « Lobotomy Nostalghia » est probablement le meilleur truc post-ce-que-vous-voulez que vous allez écouter cette année. Quelque part entre Derya Yildirim & Simsek, Sigur Ros et Michel Magne.

Accoudé au bar, Charles Baudelaire vous attends au 2e étage, et c'est probablement hébété que vous allez pousser les battantes du saloon pour vous retrouver au pied de Sad Hill. Là où vous attendent, le Bon, la Brute et le Truand. Ne manquez pas le rendez-vous (le morceau dure 2'50''), il est énorme !

Plus loin, la très solaire Manel Cheniti, vous emmène dans ces cercles sucrés et mouvants. Prenez de l'énergie sans compter, il en faut pour plonger dans les ténèbres d' Antoine Volodine « Buffalo IV ».

S'il fallait un point d'orgue à cette belle entreprise, rien de tel de convier John Malkovich dans les pensées du poète urbain Mike Ladd.

Ceci dit, histoire de faire le difficile, on aurait apprécié, tout autant, Bill Murray vu par Saul Williams !

Vivement le prochain épisode !

Eric D-Toorop

le 02/10/2021