Schleu - Lying in the Wrong Coffin

J'aime bien découvrir les groupes en live, en vraie vérité vraie. Schleu, j'aurais pu (j'aurais dû?) les écouter bien avant, ça me turlutetupinait depuis un bout, mais bon les amis les faisaient jouer pas loin de chez moi alors j'ai attendu de les z'y voir. Même qu'on devait jouer avec eux ce soir-là mais ça n'a pas pu se faire, tristesse éternelle... rayés de l'affiche nous avons été !

Et quelle affiche :

Et donc c'était au Pinky Bar !

LE Pinky Bar de Nommay, chez GIGI, bordel ! Une légende ! Gigi ET son Bar, indissociables ! Plus de trente ans de bons et loyaux services, un lieu tout petit mais Grand comme ça en dedans de son cœur, qui a pu faire jouer tout et tout le monde, des groupes underground nationaux et internationaux en manque de date sur leur trajet, en passant par toute la clique locale, du groupe de vieux briscards aguerris au premier concert de Jonathan, treize ans. Du Grindcore à la chanson Française en passant par le concert de Harshnoise dans les chiottes (oui, dans les chiottes) et la musique Tzigane.

Autant vous l'dire de suite, cherchez rien d'accrocheur chez les Schleu, ou alors ça accroche juste les minousses après les nombreuses aspérités hérissées. C'est tout en dissonances, angulosités, débris de musiques recrachés (ici un plan rock'n'roll à bottleneck défiguré, zappé en deux secondes, là des mélodies niaises singées énervantes). Des morceaux assez longs peuvent en réalité concasser plusieurs schémas distincts, structurant les choses de façon non linéaire et pas forcément cyclique mon cheeer, on n'est pas dans le format morceau Rock classique rabâché.

Alors que ''Let's Get Busy'' bouffe trois Amyls et sept Sniffers par p't'it déj', les Evil Chipmunks peuvent être de sortie (''Junkie Snail Dream''), et tout va toujours de travers, dans le fossé, même le groove posé au début de ''Sprawling Spud'' a un je ne sais quoi de bancal... un sale coup du vicieux couple basse-batterie, d'ailleurs on entend pas assez la basse sur ce disque, merde ! C'est ce qui en pâtit le plus, du passage sur galette : la basse-batt' était tellement puissante en faces pleines dans le petit Pinky Bar ! Bien soudée pour nous dessouder, batterie surpuissante épileptique, basse tractopelle chaloupée, du sport sans les collants kitsch et les dossards pas classe, quoi, et sans le classement capitaliste. Pas de gagnants, que des perdants au niveau des tympans. De l'art, quoi, arf !

Ah c'est sûr que par contre on entend mieux le chant sur le didisque. LOL !

Achtung privâte djoke : notre chère Gudrun 23 avait la voix complètement pétée ce soir-là, trop de fatigue sans doute... Mais elle a assuré comme elle pouvait et le concert fut succulent malgré tout. Ça me fait juste espérer les revoir... avec Gudrun en pleine forme vocale !

Car le registre du chant est assez fou, presque cartoonesque, ça miaule, ça couine, mais ça hurle et ça racle grave aussi, dans tous les sens. Tour à tour hôtesse de l'air sarcastique qui vous annonce que s'il y a bien un pilote dans l'avion, il s'agit malheureusement de son ex, un dangereux sociopathe suicidaire et qu'il est actuellement en pleine crise autodestructrice, puis sale petite gosse moqueuse, puis oursonne noire en rage ou encore speedy toon zébullonne « fallait pas m'piquer ma bière quand j'avais l'dos tourné ! »

Et faudrait que je me concentre un peu plus sur les textes, m'ont l'air bien marrants également. C'est parfois toute une histoire racontée, comme dans ''False Advertising'', qui recèle un plan gratte complètement génial vers les 3:10 qui m'avait fait grande impression au concert ; moui mon cher un jeu de gratte vraiment singulier. Accompagné de ricanements secs, c'est encore mieux, ahahah.

Boum ! / Cri / Fin abrupte.

Singularité rafraîchissante mais guère étonnante une fois réalisé que cette division de Schleus est en réalité un authentique conglomérat chic de freaks issus de Le Death to Mankind, Neige Morte, Surÿabonali, Torticoli, Tombouctou, Burne et Cougar Discipline, mais aussi du collectif dadacool de l'Hygiène Sonore à qui je dois révérence et reconnaissance éternelles, me prosternant jusqu'à la mort (du genre humain, et au-delà). Si vous passez au Grrnd Zero de Lyon, y'a des chances que vous leur tombiez dessus. Renversez pas leur bière de ma part et, rassurez-vous, vous allez en passer une belle, de soirée !

Pis bon, c'est un groupe avec qui il fait bon vivre, avec qui on peut échanger et discuter entre autres du danger d'ouvrir des huîtres quand on est un guitariste en pleine tournée, de jouer du Punk dans un Kebab à Nancy, de l'étrangeté de la surprise à se retrouver avec une maison / un boulot / des gosses, des plus belles années de sa vie quand on avait huit ans avec les copains et les copines, ou de la vie culturelle bouillonnante à Saint-Claude avec Tonton La Merde... La Vie, quoi : les huîtres, la merde, euh...
Eh, c'est quand que vous venez habiter la maison abandonnée à côté du Pinky ?

Allez, temps longuet et talent-aiguille, précipitez-vous donc sur leur tout nouvel album sorti en l'an... deux mille vingt-deux ! Rhan ! Nique l'actu ! Faites-vous bouillir le cul ! Avec les Schleu bien-sûr !

El Gep

le 21/01/2025