Shanghai - The Ultraviolent

Chronique CD album (59:36)

chronique Shanghai - The Ultraviolent

Si on ne vous a pas préalablement mis au jus, et qu'au détour d'un bac à CD vous tombez par hasard sur The Ultraviolent – le dernier Shanghai –, forcément au jeu de « Devine qui se cache derrière la pochette » vous risquez de vous prendre une taule. Car non, le 2e opus de cette formation plus coutumière des abords de la Grande Barrière de Corail que de ceux de la Grande Muraille de Chine (bref: il s’agit d’australiens) n’est ni un manifeste de Brutal Death sinophile, ni un album hommage au 1er Death Angel. La vérité c’est que ces aboriginaux font partie – aux côté de Darth Vegas, Osaka Punch et de quelques autres – de l’élite du Nawak Metal océanien, et que sur ce nouveau chapitre de leurs aventures, ils s’engagent logiquement et plus résolument que jamais dans les ambiances cinématographiques vintage auxquelles ils nous avaient déjà visuellement habitués.

 

Du coup, en comparaison d’Esoterica – leur premier bébé – qui cavalait comme un toon cinéphile de breaks incongrus en plans youpi-youpla, The Ultraviolent semble plus mûr, et / mais également (… un petit peu…) plus sage. Enfin disons moins les-doigts-dans-la-prise. Alors forcément, si vous êtes un taliban du Nawak qui ne supporte pas qu’une ambiance musicale reste posée plus de 20 secondes sans être interrompue par un bidibip Electro où un nuage de Salsa, vous allez ronchonner un poil. Si par contre vous appréciez les épices barrées dans votre popote musicale, mais avec modération, histoire de préserver la sensibilité de vos papilles, vous préférerez sans doute ce nouvel opus. Pour le dire autrement: Shanghai est passé de la ligne Jerry Lewis sous cocaïne à l’univers d’un Robert Rodriguez rétro... Ce qui peut clairement être vu comme un mieux!

 

Résultat, on retrouve cette fois encore dans l'échoppe de nos amis de véritables pépites de Metal kaléidoscopique (pas violent-violent, hein, le « Metal ») pleines de cuivres enjoués – ces feux-follets musicaux côtoyant dorénavant des morceaux plus versés dans les ambiances instrumentalo-orchestrales… Pas loin de la pure B.O. quoi, dans l'esprit d'un Secrets Chiefs 3. Au registre des vraies réussites qui raviront les fans de Nawak A.O.C., on citera « Transliminal Gameshow » et son côté J. Bond gentiment cintré, la bande-son fofolle des « Joyeux Mystères de l’Ouest » intitulée « Triggerhappy », le superbe « Caveat Emptor » (au clip non moins superbe), un « Shenanigans » qui cavale gaiment dans la boîte de Jazz, ainsi que l’exceptionnel « Ménage à 3 » qui rappelle nettement Unexpect. Pour le reste, l’album explore des univers aussi nombreux que variés, l’appréciation de ceux-ci dépendant fortement de vos accointances avec les diverses ambiances proposées. « The Mercy Killings », par exemple, fait dans les frissons en Noir & Blanc, les vieux candélabres et les planchers qui craquent, dans un mode 100% B.O. orchestrale. Du coup, si la seule chose qui vous motive, c'est le gros Death metal graisseux ou le registre Faith No Bungle, ça risque de vous laisser indifférent (... vous lui préférerez sans doute « The Greed Killings »). « Xin Yu » ouvre de larges horizons où souffle un vent mexicain grisant, tandis que « Tian Lu » s’enfonce dans une jungle orientale mystérieuse. De son côté « Sundowner » paresse tel un Bungle indolent sur un transat hawaïen, en équilibre entre somnolence insouciante et sieste paisible, le morceau ne décollant véritablement que grâce à un refrain grand et ambitieux. Quant à « A Murder of Crows », il met du temps à ouvrir ses pétales, mais quand il éclot pleinement, c’est au sein d’un chouette western Kill Billien, très Tarantinesque donc.

 

On regrettera quand même que la fin de l’album se délite un brin, perdant du coup en énergie comme en folie. Car si « Buffed Silver is Shiny » est doucement euphorisant avec sa touche « Love is All » délurée, il reste une gentille sucrerie qui ne tranche ni ne sue du booty sous la boule à facettes. « Sleepless Night… » suit dans une logique encore plus cotonneuse, le morceau semblant presque extrait du Ki de Devin Townsend. Sans parler du titre bonus de près d’un quart d’heure qui clôt l’album avec quasiment aussi peu de pertinence que « Lude » sur l’album précédent.

… Et de fait, c’est cette fin d’album rabougrie du kiki qui coûte quelques points à Shanghai, et explique la note inscrite en rouge dans la marge de The Ultraviolent.

 

En résumé, si vous avez envie d’un album de Nawak Metal cinématographique extrêmement léché (les visuels, les clips et le packaging sont superbes) et ne secouant pas trop violemment par les bretelles, The Ultraviolent vous apportera entière satisfaction – sans compter que les fans de Secret Chiefs 3, voire de Sleepytime Gorilla Museum, y trouveront de quoi festoyer gaiment. Par contre ceux qui ne goûtent que moyennement les B.O., tout comme leurs compères amateurs de bouquets finaux à la pyrotechnie luxuriante lui trouveront un léger goût de trop peu. Sauf qu'en s'abstenant, ceux-ci louperaient une bien belle œuvre, qui – au passage – efface brillamment le souvenir douloureux du 2nd album de leurs compatriotes d’Umläut (remember?).

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: développant plus intensément que jamais des ambiances ciné rétro fleurant bon le pop-corn nostalgique de La Dernière Séance, Shanghai propose un superbe nouvel opus de "7e Art Nawak Metal" qui devrait ravir les fans des Secret Chiefs 3 et autres Darth Vegas. Moins foutraque que le précédent album, plus ambiancé, plus réfléchi (… et donc peut-être un poil moins jubilatoire), The Ultraviolent renferme une grosse poignée de très bons nouveaux titres que nul nawakophile averti ne saurait décemment bouder.

photo de Cglaume
le 14/10/2015

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