*shels - Plains Of The Purple Buffalo

Chronique CD album (77 minutes)

chronique *shels - Plains Of The Purple Buffalo

On se sent parfois petit à l'écoute de certaines musiques.

Pas uniquement si l'on est musicien, en simple auditeur. Le genre d'album-test pour le chroniqueur adepte des superlatifs qui écœurent le lecteur.
*Shels est un "collectif", un groupe aux membres interchangeables qui a déjà vu dans ses rangs se mêler des membres de Devil Sold His Soul, Eden Maine, qui se nourrissent des inspirations et des goûts de chacun pour un contenu qui éclate les frontières des genres.
 
"Plains Of The Purple Buffalo" est bien difficile à "décrire". Facile à écouter, facile à comprendre et à suivre, mais comme tous les grands albums, il bouleverse et complique le travail du chroniqueur. Les sentiments de l'auditeur sont aussi confus que le style/l'étiquette qu'on souhaiterait leur apposer.
Entre le post-rock et le postcore fluet, peut-être y trouverions nous là la meilleure description d'un album long de 52 minutes, mariant grosses guitares et ambiance légère, variant le chant léger, quelques vocalises ("Bastien's angels") et hurlements ("Crown of eagle feathers").
 
Mais *Shels c'est surtout une sensation.
On manque de vocabulaire pour la transmettre...
Le périple imaginaire sur "Journey to the plains" marque le début d'une progression alternant instants forts, secs, durs, peut-être même un peu sombres pour quelques passages perilleux, avant l'achèvement d'une longue marche et la découverte de plaines merveilleuses matérialisées par l'inclusion de cuivres qui semblent jouer pour la splendeur d'un paysage qui s'offre à nous.
Le silencieux "Plains Of The Purple Buffalo part 1" est le calme avant le tempête de la seconde partie. Une tempête sans vent : on se prend à imaginer l'impressionnante course de lourds buffles pourpres dans des prairies vertes. Le bien-être chimérique, une nature pleine de surprises durant nos songes musicaux, s'enfonce en nous de minute en minute.
 
Le groupe a la faculté d'alterner les passages forts, prenants, avec d'autres plus silencieux, en incorporant cuivres et piano, sans jamais se presser, en nous berçant comme sur un "Vision quest" un tout petit peu trop long.
 
"Atoll" n'a rien d'un simple interlude. C'est une césure dans un album qui délaisse les grande prairies pour un voyage qui va emprunter de nombreux chemins.
Certains comme "Butterflies on Lucy's way" sont d'une grande naïveté musicale et imaginaire mais d'une incroyable richesse. Il n'a pourtant suffit que d'un chant soigné dans des tons aïgus, de chœurs reprenant de simplistes "pom pom pom pom" ou "la la la la", deux guitares reprenant les clichés post-rock, une autre acoustique (avant une reprise plus électrique) et d'un clavier joué avec seulement quatre touches. Mais la rencontre de ces éléments fera parcourir un frisson dans le dos de beaucoup, ou donnera un sourire béat aux plus difficiles.
La construction des morceaux n'a rien de prévisible, elle est harmonieuse mais toujours inattendue.
 
Le déchaînement de "Crown of eagle feathers" bascule, le temps d'une chanson de 3min40, cet album dans une atmosphère plus postcore, mais ne semble être qu'un mauvais rêve avant d'entendre chanter les anges de Bastien sur la piste suivante. Ils se transformeront en démons au son de trompettes au jeu apocalyptique, avant d'entrer dans un silence contemplatif dans notre esprit.
La sensibilité du chant de "Conqueror" et le sono glacial qui se dégage paraissent bien pessimistes avant "The spirit horse". On retrouve là ce sentiment de joie, de liberté, de légèreté du début de l'album. 
 
Mais déjà l'album s'achève sur "Waking" avec des nappes vaporeuses et des cuivres lointains. On sort de l'état rêveur que l'album nous a insufflé pendant 77 minutes (!!), et lorsqu'on est chroniqueur, on espère que le lecteur ne passera pas à côté de ce chef-d'œuvre.
photo de Tookie
le 29/08/2011

6 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 29/08/2011 à 11:46:54

Les salauds, ils ont volé les bisons de Road To Fiasco!
http://roadtofiasco.bandcamp.com/
Sinon, comme ça, la chronique me fait peur: je vois... des plaines de rêve, un édredon, une couette, un oreiller.
Une bonne sieste.
J'irai peut-être écouter quand-même...

Pidji

Pidji le 29/08/2011 à 11:53:15

Héhé, dans son genre, il est vraiment bon ce disque, si si ;)

Radioshack

Radioshack le 07/03/2012 à 18:37:12

Un album à la grandeur du groupe, grandiose.

Radioshack

Radioshack le 07/03/2012 à 18:40:09

Ah oui, faudrait faire gaffe à quelques coquilles (album de 80minutes) et dans la conclusion c'est pas Walking mais Waking, et l'album se conclût sur Leaving to the Plains. Sinon la chro' vaut le coup d'oreille à jeter sur l'album

Tookie

Tookie le 07/03/2012 à 18:56:41

Tout s'explique, tout se justifie :
-L'erreur 52min est bien une coquille, mauvaise sélection dans ma liste historique de "minutages" pré-enregistrés dans l'admin.

-Walking, coquille.
-La fin sur "Leaving to the plains" est en fait une grosse erreur. Quand j'ai eu l'album promo...en MP3, je n'avais pas ce dernier morceau. Découverte corrigée (et la tracklist avec) lorsque j'ai acheté l'album, mais je n'en ai pas affecté la chronique, ce qui sera bientôt chose faite.

Radioshack

Radioshack le 16/11/2012 à 18:29:23

Ah, je comprends bien, sinon, ce que je trouve quand même dommage dans cet album, c'est qu'il évolue d'une certaine manière (ça c'est bien), mais bien trop loin du varié (et cultissime chef d'oeuvre) Sea of the Dying Dhow alors que ce Plains of the Purple Buffalo reste assez homogène. Enfin, ça ne m'empêche pas d'y revenir très régulièrement. Et vivement une date sur Paris...

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