Something Animal - Bestial Curse Part 1

Si au pays du prog-multi-styles, on a Toe Hider et sa série de 12 ep, au pays du hardcore français, Something Animal lance la sienne avec Bestial Curse Part 1, premier EP d’une trilogie à venir dont le planning n’est pas connu et sur lequel je me suis penché pour vous. Je ne vais pas trop m’attarder sur le concept zoologique derrière l’album, je n’ai pas eu vent des paroles pour m’éclairer sur ce fil rouge tout intéressant qu’il soit. Et ne comptez pas sur moi pour quelques facilités chronico-scenaristiques qui consisteraient à écrire que cet EP a du chien, qu’il va réveiller l’animal qui sommeille en vous et autres jeux de mots zoocentrés.

Par contre, je tenais à préciser que le groupe m’a été vendu comme - je cite - "du post hardcore chaotique et rock’n’roll" et c’est plutôt pas vraiment tout à fait ça.

Hardcore, on y est, ça tartine, ça rentre-dedans, ça scande. Ok, on n’est pas à New-York dans un sous-bassement éclairé aux néons ou sur un live de HateSix mais les gars sont clairement pas des olibrius fragilus, y a plutôt de la gnac, de l’énergie, celle enveloppante et grégaire du hardcore.

Rock’n’roll, mouais, plutôt pas vraiment, vite fait. C’est pas les sixties, plutôt les nineties, il manque le "'n'roll"

Et il nous reste ces deux épithètes, posés là un peu injustement car point de chaotique ici (enfin, pour moi, le hardcore chaotique, c’est plutôt…euh…Anna Sage?) et encore moins de post (enfin pour moi le post hardcore, c’est plutôt…euh…Junon?) et donc par extension vraiment pas post hardcore chaotique (enfin pour moi, le post hardcore chaotique, c’est plutôt…Plebeian Grandstand?).

Alors, avec tous ces plutôt, s’est-on fait niqué?

Et ben, non, pas du tout parce que Something Animal, c’est malgré tout très cool. Encore un peu jeune, certes mais c’est très cool. Le groupe a une saveur plutôt unique, et même si l’exercice de l’étiquetage est un sine qua non de la promotion des débuts, il est ici bien délicat. Il y a bel et bien une grosse base hardcore mais pas du trve old school hardcore, pas non plus du hardcore moderne, plutôt quelque chose de plus alternatif, plus nuancé mais qui lui empreinte son énergie communicative. Il y a quelques intrusions stylistiques ici ou là (le un peu mathcore "Rat", le un peu metal "Dove", le un peu punk "Bird") mais c’est toujours très léger.

Côté guitare, c’est un sans faute (avec un superbe dialogue sur "Rats" par exemple), tout fonctionne, c’est varié, le son est cool. La basse est là, bien "cocore", ça claque quand il faut, ça boom boom quand il faut. La batterie n’est pas fainéante avec un jeu bien simple mais efficace.

Côté voix, peut-être, ce sera là un point de discorde pour les auditeurs comme cela aura été celui de ma voix intérieure. Entendons nous et entendons le bien: le pépère maîtrise le mic, zéro doute là-dessus. Il n’est pas en reste sur ces compères niveau énergie, que nenni. L’accent, le flow, tout ça passe très bien. Par contre, le grain a une saveur particulière, qui sature sans partir dans des extrêmes (et c’est peut-être ça qui donnerait une couleur plus rock à l’ensemble d'ailleurs). Point ou très peu de growl, de scream, de fry et autres joyeusetés, on est dans quelque chose de parfaitement intelligible mais du coup peut-être un peu trop retenu. D’aucuns auront l’impression d’une voix un peu en sur-régime et qui mériterait de passer une vitesse pour soulager le moteur. A force d’écoute, j’avoue que ça passe mais ça n’aura pas été évident au début.

Bestial Curse Part 1 propose aussi un format plutôt intéressant: 5 titres, 19 minutes, ni trop long, ni trop court ici, bien équilibré, ça passe vite et bien et la ré-écoute se fait avec plaisir. Cet EP permettra sans mal à Something Animal de faire connaître son hardcore alternatif qui, malgré une approche vocal surprenante, ne démérite pas.

On aime bien : un petit EP sympathique

On aime moins : une voix qui dénote un peu dans l’ensemble

8oris

le 19/06/2024