T.f.t - Withering Times
Chronique CD album (42:04)

- Style
rock/folk/Shoegaze - Label(s)
Reverse Tapes - Date de sortie
24 février 2023 - écouter via bandcamp
T.F.T (pour The Flying Tacos, référence aux Flying Burrito Brothers) est un trio français dans lequel on retrouve Simon Lépinay de Stuffed Foxes dont je vous avais parlé récemment. Ce projet musical a pu, après quelques années de galères, concrétiser ses ambitions musicales dans Withering Times dont il est question ici.
Écrit sur une guitare acoustique dans un petit studio de 15 m² pendant les heures sombres, solitaires et incertaines de la pandémie de COVID, on y trouve - logiquement - une musique intime, sensible, un rock aigre-doux joliment écrit comme arrangé.
Un rock posé? Oui! Un rock qui pose? Non, car ces 9 ballades folk sont correctement autant que concrétement branchées dans la chaleur du 220 V. Un rock posé donc mais qui ne manque cependant pas de baluches, des baluches rasées de prêt et présentées dans un joli coffret sonore.
Certains riffs, certains ponts peuvent en effet se révéler "heavy", noisy ("I want you to find”) mais si les chevaux sont lâchés, ils sont bien gardés dans l’enclos cerclé d’un mixage intelligent dans lequel la répartition est parfaitement orchestrée.
A contrario, quand le groupe taquine dans un registre plus folk (Hollow et ses jolis leads d’harmonica), il l’électrise, lui fait quitter sa veste en daim pour une en cuir. Un rock un peu 70’s donc avec un côté baba-cool plus cool que baba, qui développe un des aspects trippant et aérien comme chez Stuffed Foxes mais en moins expérimental, en moins perché, en moins progy, en plus "listener-friendly", avec une voix beaucoup plus au centre de l’attention.
La structure instrumentale est ainsi très classique, très rock: guitare, basse, batterie, voix, ni plus ni moins. Le groupe n’utilise aucune machine et joue sur les sons de guitares et de basse pour apporter des textures, des couches qui rendent l’ensemble parfaitement rempli. Arpèges acoustiques, strumming folk style "coin du feu", guitares fuzzy, clean cristallin, élucubrations noisy, tout y passe et tout passe. Ca shoegaze à tous les étages et comme le son est léché, comme les plans sont savoureux, travaillé, on ne boude pas notre plaisir.
Côté voix, le grain est intéressant, on est dans le crooner-medium, une voix de face, un peu nasale. L’interprétation est sympathique, un poil psalmodiante peut-être parfois mais gorgée de belles émotions, non feintes, d’une sensibilité pleine de charme, jamais ridicule ou qui en fait des tonnes car ne manquant pas d’une certaine force, d'une belle assise. En revanche, il y a quelques passages, quelques notes tenues et quelques vibrato qui me semblent manquer un poil de justesse. Rien qui ne gâche l’écoute ou l’appréciation générale de l’album mais un petit écueil sur lequel certains tiqueront peut-être.
La section rythmique fait idéalement le taf. Côté fût, on n’est pas dans le beat de fainéant mais dans une approche rock très généreuse, classique mais variée et toujours bien sentie. Côté corde, c’est du tout bon gaston! Une basse autant texturante que rythmante (comme sur "Better Leave It Off") qui se positionne ainsi en composante sine qua non de l’identité musicale du groupe. Aussi, elle contrebalance l’approche plus noisy de la guitare en apportant une base harmonique stable.
Enfin, le mixage est très analogique, hyper chaleureux, du vrai miel au caramel pour les oreilles.
Withering Times est un album très sympathique qui s’écoute à l’occasion ou en boucle avec le même plaisir. Son rock/folk/shoegaze/trippant bien arrangé, joliment interprété et superbement produit repose l’esprit sans l’endormir, permet l’évasion de la réflexion tout en gardant un pied sur terre et, surtout, joue la carte d’une dualité en proposant une douceur énergisante, électrisante. C’est là sa belle originalité et ce pourquoi il vaut largement la peine d’être écouté.
On aime bien : la dualité doux/énergique dosée à merveille, le mixage aux petits oignons, les textures des guitares
On aime moins : la justesse de la voix parfois
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE