The Great Procession - The Great Procession

Chronique CD album (38:13)

chronique The Great Procession - The Great Procession

La lutte est rude sur Coreandco. Acharnée. Sans répit.

Parce qu'en plus de devoir slalomer plus ou moins gracieusement entre les nombreux disques promos et ceux que l'on découvre par nous-même, il faut parfois compter avec la concurrence.

Et en l'occurence, pour faire la chronique de ce premier disque de The Great Procession, il m'a fallu l'arracher des griffes acérées de 8oris, déjà bien plantées dans les chairs de l'objet, car il avait lui aussi jeté son dévolu sur l'animal pour garnir sa liste déjà bien remplie de « groupes de pas trop loin qui, quand même, ont de la gueule ». Et là-dessus, il n'y a pas grand doute pour peu que l'on s'intéresse un peu aux catalogues plus undergrounds, l'Hexagone est riche de formations intéressantes. Seisachteion et Xuaterc vous font régulièrement part des méfaits de la scène black metal locale, Crom vous compte les assauts peu bariolés d'un death/crustpunk/hardcoree antitout mais néanmoins correc', tandis qu'un lapin de renom fait surgir de son chapeau nombre de magiciens d'orchestres nettement plus fantasques.

Quant aux autres, dont je fais partie, qui se perdent dans les méandres post-matho-coro-bidulophiles, il faut parfois aller chercher les disques avec les dents et mener la lotta dura senza paura.

Bref, les griffes de 8oris disions-nous. Amadouées par un mail « ah, je les avais déjà contactés ! », elles ont desserré leur étau. Une lutte sans merci, qu'on vous dit !

 

Bref, ce disque éponyme de The Great Procession est tombé dans mon escarcelle, pour huit morceaux d'un post-metal de qualité, et qui va chercher différents horizons en digérant très bien plusieurs influences (véritables ou supposées) : dans tous les cas, on se prend vite à penser à d'autres groupes dans les sonorités, mais toujours de façon bien amenée et sans y trouver de redondance.

 

On pourra par exemple imaginer des sonorités à la LLNN dans les notes qui surnagent sur la distorsion du premier morceau « Throw me to another sun » ou dans le beau riff sismique accordé probablement en outre-tombe sur le dissonnant « Upper part of your universe » (mais aussi plus généralement dans le chant), penser au riffing de Cult Of Luna période The Beyond sur « Celestial Star », aux sons de guitare de Glassing dans les effets de « Lament of Chimeras », et même à The Great Cold Distance de Katatonia pour le riff principal du dernier morceau « Annihilation » (excellent morceau de clôture, par ailleurs, et clippé ici), ou encore une espèce de 'post-neo-metal' qui affleure de « No light for anyone ».

Et si on veut rester dans le local de par chez nous, où les excellentes formations « post et dérivés » se multiplient, on pourra retrouver des instants à la Grief (« Lament of Chimeras » encore) ou Reigan-Do (« Duality »).

 

Mais au-delà des références, auxquelles chacun-chacune peut bien faire raconter plus ou moins ce que bon lui semble, comment parler de cet album ?

Vous aurez déjà compris qu'on est dans une zone post-metal, souvent saturé de son et aux quelques aérations bienvenues, souvent très bien placées pour donner du relief aux morceaux, effritant donc l'écueil du monolithisme parfois difficile à contourner dans le genre. Ici, c'est plutôt réussi.

Le chant, lui, est globalement hurlé bien que de plus en plus d'incursions en clair s'invitent (de façon assez variée pour que cela soit à préciser) à mesure que l'on progresse dans l'album.

 

Bref : on n'est pas loin de la bonne vieille recette de choses déjà beaucoup entendues. Et pourtant plusieurs pas de côtés, signalés plus haut, viennent donner une vraie personnalité à cet album de The Great Procession, qui offre une très très bonne carte de visite pour un premier album. Notons de plus que tout le processus est à 100% DIY et autoproduit, ce qui mérite d'autant plus d'être salué, car le résultat final n'a vraiment pas à pâlir face à certaines productions 'pro' et largement distribuées.

 

Un petit mot enfin sur le concept derrière l'album, dont on devine une esquisse derrière la photo (de l'ex-bassiste Pascal) qui sert d'illustration à l'album : le lien entre l'humanité et l'espace dans lequel elle évolue, son 'environnement', le lien entre les différentes modalités du vivant, connexes et interdépendantes. Si je mets 'environnement' entre guillemets, c'est parce que ce mot désigne l'extérieur par rapport au référentiel que nous sommes. Ici, il me semble que l'idée est d'effacer cette extériorité, pour accepter le fait que nous ne sommes qu'une partie du monde, et pas forcément le centre autour duquel tout le reste doit être redéfini. Peut-être que je me plante sur le message exact. Mais c'est celui-là que j'ai envie de comprendre, parce que c'est aussi ce dans quoi je me reconnais.

 

A écouter pour saturer l'air de la fin de l'hiver d'un peu de distorsion. En faisant attention aux petites choses.

 

PS : le groupe cherche un batteur (et peut-être autres membres, d'ailleurs, si j'ai bien compris) pour pouvoir se produire en live, alors n'hésitez pas à vous rapprochez d'eux, surtout si vous êtes dans le coin de Nantes, Gesté, par là.

PS 2 : Maintenant, 8oris, on veut aussi ta chronique en commentaires :)

photo de Pingouins
le 27/03/2023

2 COMMENTAIRES

Moland

Moland le 27/03/2023 à 07:50:14

C'est amusant, moi, je me bats pas trop pour garnir ma todolist.
Et oui, on veut la seconde chronique. Fissa. 
En attendant, vais découvrir ce groupe. Merci pour la découverte. 

8oris

8oris le 27/03/2023 à 14:11:42

Comme quoi, j'ai bien fait de te la laisser celle-là parce que je n'aurais pas dit "mieux". :D
Je tiens à préciser au lecteur que la lutte n'a été qu'épistolaire, fort heureusement.

Le passage "Vous aurez déjà compris qu'on est dans une zone post-metal, souvent saturé de son et aux quelques aérations bienvenues, souvent très bien placées pour donner du relief aux morceaux, effritant donc l'écueil du monolithisme parfois difficile à contourner dans le genre. Ici, c'est plutôt réussi.
Le chant, lui, est globalement hurlé bien que de plus en plus d'incursions en clair s'invitent (de façon assez variée pour que cela soit à préciser) à mesure que l'on progresse dans l'album." résume parfaitement l'ensemble.

Perso, j'ai craqué sur le côté très "lourd" et tellurique du son. Les guitares sont bien down-tunées comme j'aime sans que ça sonne djent-cancan! C'est bien la lourdeur qui sert le morceau, pas le morceau qui sert la lourdeur! ;)
En outre, malgré cette signature sonore lourde, les morceaux arrivent bien à décoller et nous avec (Sylvan cycle).
La voix mérite aussi qu'on s'y attarde parce que pour un premier album, ça force le respect (j'avais eu le même sentiment sur Reigan-Do).
Je trouve aussi que c'est très accessible au niveau des structures, malgré une certaine complexité. Bref, post-metal oui, mais pas du post-metal qui ronronne, du post-metal qui cartonne.
Au niveau du mixage, c'est vrai que pour du DIY, c'est quali sauf que...ça sature pas mal. 

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