Thumpasaurus - Hard

Chronique CD album (39:59)

chronique Thumpasaurus - Hard

Pourquoi Thumpaverse, 2e album de Thumpasaurus sorti en 2021, est-il l’un de mes plus gros craquages de slip de ces dernières années ?

 

Pour sa touche nawako-funky, sans doute. Mais aussi pour cette fraîcheur innovante, cette touche géniale et délurée, et ces tubes complètement incontournables. Et une fois n'est pas coutume, il semblerait que je ne sois pas le seul à penser ainsi, vu que le titre le plus emblématique de cette galette (« Struttin’ », dont vous devez aller mater de ce pas la vidéo si ce n’est déjà fait) a atterri en fond d’une réclame pour le Galaxy Z Flip4. Forcément, cela a dû contribuer à répandre la bonne nouvelle. D’ailleurs, peu de temps après, on retrouvait les Américains en train de faire les marioles dans le Late d’Alain Chabat. Puis sur des scènes parisiennes – à la Boule Noire le 26 mai, au Supersonic le 16 juin, puis au Nouveau Casino le 9 décembre.

 

… La thumpamania se propageait comme une traînée de poudre, mais oui les zamis !

 

Et la sortie d’un premier single, « Lipstick Makeup », en mars dernier, n’a rien fait pour renverser la tendance, ce jouissif bonbon funky n’étant que beats gourmands, zigouigouis complices, basse gironde et invitations à se secouer le boule dans les traboules. Pour un peu, s’abandonnant au fol enthousiasme alors généré, on s’en serait tatoué le portrait de Lucas Tamaren – chanteur-guitariste du groupe – sur la fesse gauche ! En mai débarquait ensuite « Terrified », morceau plus orienté Synthpop kitch, donc un peu moins apte à hameçonner mes atomes crochus – d’autant qu’on y décelait des accès nuageusement lounge’n’jazz, ainsi que quelques ressemblances appuyées avec le « Physical » d’Olivia Newton-John (« Here we go, here we go, even though, I’m terrified »... un arrière-goût de la mélodie accompagnant « …Physical, Physical, I wanna get, physical », non ?).

 

Croyez-moi : ces nouveaux morceaux ont vu couler tout autant de sueur que les « I’m Pissed », « Struttin’ » et autres « Space Barn » lors de leur interprétation depuis le haut des planches de la « Black Ball » parisienne !

 

Oui mais voilà : les meilleures choses ont généralement une fin. Et les comédies romantiques de tourner parfois à la comédie dramatique. C’est en tous cas ce qui s’est passé pour ma relation avec Thumpasaurus. Car la pochette de Hard, leur nouvel album, est un peu à l’image de son contenu – ou du moins de l’impression qui s’en dégage : vite-fait-pas-hyper-bien-fait, un peu par-dessus la jambe, un peu en mode foutage de gueule, du genre « Maintenant que ça marche pour nous, même si on pète dans un trombone, les gens vont adorer… Alors pourquoi se casser le cul ? ».

 

Non, tout n’est pas non plus que déception et mal-au-fion sur ce troisième opus jaune citron. Car – donc – il contient le génial « Lipstick Makeup » ci-avant loué. Mais également d’autres sympathiques tranches de kiff – plus ou moins épaisses – comme « Alien Sex Tape » (à la dimension BAR’n’Bontempi un peu proéminente, mais à l’accroche indéniable), « You’re My Best Friend » (dont le petit côté Hommage à Footloose emporte l’adhésion) ou encore « I’m Cute » (à la superbe tension funky et au saxo qu’on croirait tenu par Louis Cole).

 

Pour le reste en revanche, il va être nécessaire de s'adresser au SAV.

 

Car si tout une série de titres fait encore vaguement le taf, c’est sans plus, l’impression générale étant que les zozos se contentent de trouver une idée plus ou moins potable par piste, sans jamais prendre le temps de développer celle-ci en un morceau complètement finalisé, ni vraiment intéressant. C’est ainsi le sentiment laissé par « Why Do I ? » (gouaille funky insolente, mais polluée par une pénible attitude de dandys jeanfoutres), « Need More Money » (titre à la Louis Cole là encore, mais trop vite torché) ou « Fun Friends » (qui démarre sur un exercice de style à la The Jazz Discharge Party Hats de Zappa, avant de défunker sans conviction).

 

Mais la pomme de la discorde est habitée par des vers plus vicieux encore. Car, tout comme Thumpaverse avant lui (cf. « High School » et « Reaching », qui lui avaient interdit de se voir attribuer une note quasi parfaite), Hard est plombé par ce genre de compos futiles émanant habituellement 1) soit d’artistes qui se foutent royalement de plaire à qui que ce soit 2) soit de musiciens dont la consommation de drogues leur font prendre des outres à pisse pour des lustres versaillais. Ou comment transformer la ferveur de fans fraîchement recrutés en une aigreur digne d’un vinaigre de Villageoise…

 

Faites l’exercice. Mettez « Life Can Be Good Sometimes » dans vos écouteurs.

… Alors ?

… Vous la sentez monter cette envie de baffer ces faces d’ahuris qui viennent pourrir votre écoute avec leurs loufoqueries puériles et minimalistes ?

Essayez à présent « Strange Headspace »…

Elle est pénible ou pas cette diction à la Philippe Katerine, qui souille les furieuses funkeries bouillonnant en arrière-plan ?

On passe à « Paul's Music Box »...

Quelqu’un en a-t-il vraiment quelque-chose à foutre de ce piano s’excitant autour de la mélodie d’une boîte à musique tout aussi irritante que ces ritournelles insipides incorporées aux mobiles qu’on inflige à nos bambins au-dessus de leur berceau ?

Un petit dernier pour la route ? Allez : « Pay Attention To Me »…

Qui réussit à résister à l’envie de balancer à la mouille de ces zozos que leur crise de nombrilisme aigu, ils peuvent se la carrer bien profond, et que même si Primus avait fini en soins palliatifs, ça aurait sûrement sonné mieux ?

 

… Quant à « Bubble », en cherchant bien sur des faces B paresseuses des Red Hot Chili Pepper, on doit bien pouvoir trouver l’équivalent – ils ont eu leur période « cocooning régressif », non ? En tous cas s’ils en avaient eu une, on sait désormais à quoi ça aurait ressemblé…

 

« Bah alors, il est tout vénère lapin ? »

 

Oui. Forcément. Thumpaverse était tellement bon… Font suer les sagouins, à torcher un album aussi frustrant ! D’autant que la petite poignée de morceaux sympas m’empêche objectivement de leur mettre la moyenne ou moins… Du coup, même pas moyen de les fesser avec une intensité traduisant fidèlement la consternation du fan éconduit que je suis ! Quoique bougon, ronchon et grognon, une chose est sûre : je n’arriverai pas à bouder leur prochaine sortie – le souvenir des jours heureux est encore trop vif. Et puis les au revoir qu’ils nous réservent sur « I Wanna Go Outside » ont trop ce goût de nostalgie heureuse – on croirait entendre un générique de fin de film avec Jane Birkin et Francis Perrin – pour que j’arrive à finir vraiment fâché l’écoute de ce néanmoins fâcheux album…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : déçu, déçu, décu… Oui, malgré l’excellent « Lipstick Makeup », et la petite poignée de morceaux bonnards qui l’accompagnent. Parce que l’impression principale qui ressort de Hard, c’est celle d’artistes qui prennent un peu par-dessus la jambe le chapitre 3 de leur aventure musicale, quand ils ne se foutent pas carrément de la trombine de leurs fans avec des pistes n’ayant de réelle valeur ajoutée que pour des Shadoks masos et autistes. Forcément, quand on se rappelle du bonheur qu’avait été Thumpaverse, on l’a un peu mauvaise…

photo de Cglaume
le 22/12/2023

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 22/12/2023 à 18:17:16

On me signale une inexactitude : ce ne serait pas Louis Cole qui fait du saxo dans Clown Core, Knower & co, mais son compère Sam Gendel 😅

(Merci Etienne !)

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