Tng - gad

Chronique CD album (54:42)

chronique Tng - gad

Alors que de Malaisie était arrivé début juillet le très bon dernier album de Piri Reis (Ritma), qui lui a valu les honneurs d'atteindre le statut de groupe du mois d'août sur CoreandCo, et que le pas-si-lointain Singapour avait récemment fait une belle percée avec les EP de Saviourself et Naedr, c'est 20 jours plus tard que la réplique survient d'îles assez proches géographiquement : les Philippines. Les responsables de cette nouvelle secousse de screamo et apparentés portée en si peu de temps ? TNG, qui avec gad commettent leur premier méfait.

Et qui font par ailleurs entrer les Philippines dans la liste des pays d'origine des groupes chroniqués sur ce webzine. Et rien que ça, ça fait plaisir.

 

En découvrant cet album (grâce au webzine Unite Asia, comme souvent en ce qui concerne les groupes asiatiques), une sorte de réflexe s'est emparé de moi alors que j'étais dans ma première écoute. J'ai saisi mon petit mouchard de poche et envoyé ces quelques mots à mon cher collègue et néanmoins ami Freaks : « Tu poses pas de questions et tu écoutes ça ». Et désolé de dévoiler ainsi nos échanges privés, de toute façon Zuckerberg, Bezos et compagnie sont déjà au courant, le lectorat de CoreandCo avait donc le droit de savoir. Bref.

 

Les TNG, qui ont l'air d'être de sympathiques personnes (en jouant lors de concerts de soutien pour des refuges pour animaux, par exemple), ont passé près de trois ans à composer la dizaine de morceaux qui forment ce premier album avant d'arriver à ce résultat qui les satisfasse. Et qui fonctionne bien.

 

Comme le dit leur chanteur Alden, qui a eu la gentillesse de répondre à quelques-unes de mes questions par mail, "gad a reçu un très bon accueil ici, dans notre pays, particulièrement du fait de ce que les auditeurs ressentaient lorsqu'ils l'écoutaient. Pour nous, c'est un voyage à travers les souffrances qui nous ont touché individuellement ces dernières années. Nous n'avons jamais essayé de faire cet album pour qu'il plaise, peut-être est-ce simplement que les gens ressentaient les mêmes émotions que nous au moment de composer ces morceaux". 

 

Derrière cette pochette qui n'est pas sans rappeler une illustration de fables (apparemment récupérée d'un vieux bouquin pour enfants des années 1800), les grenouilles "symbolisent l'agilité et la capacité à s'adapter à n'importe quel endroit où elles se trouvent. Comme notre groupe : nous pouvons jouer n'importe où et faire en sorte d'être sûrs de laisser une marque chez les personnes qui écoutent".

On y trouve une dizaine de morceaux aux titres sybillins, de trois lettres chacun, chantés en anglais et en philippin.

Pourquoi trois lettres ? "l'idée a commencé avec le nom du groupe, nous avons essayé de trouver un mot de trois lettres, donc court mais avec beaucoup de sens, et les gens peuvent aussi y mettre leur propre interprétation en lisant les paroles de chaque morceau. Mais ça ne sera le cas que sur cet album, nos nouveaux morceaux ont de plus long noms, avec des mots de cinq lettres, haha!"

 

Et c'est donc ici un très long album de screamo tendant sur le hardcore mélodique, fortement inspiré par les incontournables Envy, proche de ce qu'avait fait Hawak l'année dernière, qu'offrent TNG, avec des compositions étonnamment étendues pour le style : la moyenne dépasse la barre des cinq minutes.

 

Cette durée sera peut-être d'ailleurs l'un des principaux bémols de cet album : si l'entame de gad est plus que réussie, avec trois premiers morceaux réellement enthousiasmants qui iraient chercher du côté d'un Touché Amoré plus speed et avec une voix beaucoup plus arrachée, qui fonctionne ultra-bien jusqu'au bout des cordes vocales ; que d'autres morceaux comme « orb » contiennent de purs moments, telle cette explosion hurlée très convaincante dans les émotions transmises ; que d'autres plages (comme « cty ») iront chercher du côté de la tradition plus emo que hardcore, pour celles et ceux qui aiment ce genre d'exercice, une certaine longueur finit par s'installer dans l'écoute.

Et notamment à partir de « now (end) », où TNG s'essayent à une progression plus longue et contemplative (plus de sept minutes), essentiellement constituée d'une montée finalement assez attendue.

A mon humble avis, le groupe aurait pu se passer d'intégrer ce morceau à l'album, pour plus d'homogénéité d'ensemble, ou peut-être le rendre un poil moins long.

Car au bout du compte, du fait de sa durée, gad perd un peu en impact et aurait peut-être gagné à poser le mot fin après le septième morceau. Ce qui aurait déjà constitué une bonne demi-heure de musique.

 

L'enthousiasme qui m'avait poussé à me draper d'impérativité au moment de communiquer avec mon cher collègue et j'espère encore ami Freaks s'est donc un peu estompé, ou plutôt modéré : j'aurais peut-être du dire : « hey, tu devrais écouter ça, il y a des trucs vraiment pas mal dedans, certains morceaux sont excellents ».

 

Car mine de rien, TNG proposent ici un bon album dans le style, solide pour un premier disque, et où l'on sent finalement que cette légère impression de « trop-plein » déborde essentiellement de l'enthousiasme de ce jeune groupe et de sa volonté d'exposer et de faire découvrir le plus possible de sa musique aux oreilles du monde.

Car Alden me l'a bien dit, c'est même le nom de l'album : "'gad' signifie d'avancer sans avoir de vrai objectif ou but. Nous avons décidé d'en faire le titre de l'album car c'est un mot de trois lettres, comme pour les titres de chansons et le nom du groupe, et aussi parce que le sens du mot lui-même est applicable  à ce que nous voulions faire : tout simplement jouer, sans véritable but ou objectif".

De fait, vu la démarche, c'est probablement en live que ces morceaux s'expriment le mieux, et j'espère bien avoir l'occase de les voir un jour.

Aussi, légère critique il y a de ma part, certes, mais elle est bienveillante au possible, et on ne peut qu'espérer le meilleur aux TNG pour les années à venir.

 

A écouter ? Voir le titre du dernier morceau.

photo de Pingouins
le 04/10/2022

1 COMMENTAIRE

Freaks

Freaks le 05/10/2022 à 17:12:04

Me suis exécuté sans broncher, à la confiance... Et l'enthousiasme est partagé l'ami ;) Sont vraiment très bons tous ces groupes qui fleurissent par là bas.. 

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