Tub Ring - Last and First Men

Chronique CD album (49:03)

chronique Tub Ring - Last and First Men

En cette période trouble où les manettes des états sont confiées à ce genre de sinistres crétins qui trublionnent habituellement au sein des web-communautés « T-bones, Pick-up & Boobs », il faut savoir espoir garder. En continuant, par exemple, de chercher outre-Atlantique des raisons de se réjouir. Même si la Maison Blanche l’est de plus en plus, blanche, et de moins en moins home-sweet-home. Tiens, pas besoin d’aller bien loin pour inscrire à nouveau une ligne dans la colonne « crédit » de l’Oncle Sam. Il suffit de regarder du côté de Chicago, cité abritant le QG de Tub Ring. Car non contents d'aligner déjà sur leur CV sept albums exemplaires d’un Nawak Metal canal historique (i.e. qui a repris les affaires là où Mr. Bungle les avait laissées après California), Kevin Gibson, Rob Kleiner et leurs potes ont décidé de nous montrer que ce n’est pas parce qu’on s’est souvent avéré super brillant par le passé qu'on ne peut pas continuer ainsi encore quelque temps.

 

Car de grosses quantités de talent peuvent sans mal tordre le cou aux statistiques.

 

Il s’était écoulé 7 ans entre Secret Handshakes et A Choice of Catastrophies… Il en aura fallu autant entre ce dernier et Last & First Men, pour un résultat tout aussi probant. Ne comptez donc pas sur moi pour me plaindre de la longue attente qu’implique la conception d’un album tubringuesque. D’autant que, pour ne pas changer, celui-ci s'avère également tubesque. Du moins ce qualificatif est-il approprié pour une bonne partie des seize compos nouvelles qu’il propose. Car le Nawak Metal dont il est ici question n’est pas seulement joyeusement cintré : il est aussi foutrement accrocheur. Mais ça vous le saviez déjà si, par le passé, vous avez fréquenté cette accueillante communauté de l’anneau balnéaire (Tub = baignoire, Ring = anneau, pour ceux qui auraient besoin de sous-titres).

 

Face à cet artwork très typé Prog 70s (non, nulle reprise de Yes ici. Pas de reprise du tout, d’ailleurs, cette fois), à quoi l'auditeur doit-il s’attendre ? Eh bien à une pochette-surprise tout aussi pétillante que par le passé, mais plus si surprise que cela, à vrai dire, puisque le groupe reste dans la droite lignée de ce qu’il propose depuis quelques décennies maintenant : un gloubi-boulga génial, tantôt sépia tantôt rétro-futuriste, qui tire le meilleur de riffs Metal / Surf Rock / Punk, d’orchestrations cuivrées, de beats glitchesques et autres joyeusetés improbables, le tout bénéficiant d'une prod’ toute proprette qui permet de savourer la chose sans se retrouver avec des bouts de gras entre les dents. Le résultat : une zique tirée à quatre épingles, peignée et parfumée selon des standards quasi-british. Le qualificatif vous fait tiquer ? Pourtant cette apparente retenue qui nuance les éruptions de créativité débridée, cet humour légèrement tongue-in-cheek, tout ça mériterait presque l’étiquette « Monty Python Metal ». Et cela participe grandement à leur personnalité. Ça et ces lignes de chant bien souvent livrées en appétissants mille-feuilles pas tout à fait aussi sérieux et sobres qu'ils voudraient le faire croire.

 

Mais la magie Tub Ring, c’est avant tout cette capacité à concevoir de merveilleuses petites pépites musicales qui sont autant de balades insolites dans des univers décalés, mystérieux et profondément attirants. Seize titres (assez courts), c’est beaucoup. Sauf qu’ils passent vite, très vite. Car malgré une belle homogénéité globale, ceux-ci réussissent à être à la fois attachants et uniques en leur genre. D’ailleurs on aurait envie de les décrire exhaustivement, l’un après l’autre, mais ce serait déraisonnable. Alors vous savez comment l'on procède dans ce cas : on butine, on insiste sur une sélection arbitraire, en espérant que ces petits coups de fourchette vous donneront envie de rester plus longuement à table. Laissez donc vos papilles se faire titiller par l’insidieusement séduisant et organiquement mécanique « The Confession », qui propose un bel aperçu de ce qui vous attend sur ces presque 50 minutes hors du temps. Plus Rock et rageux, « REDACTED » nous rappelle également que, parmi les bunglophones, c’est sans doute de Dog Fashion Disco que nos amis sont les plus proches. Les fans d’Amélie Bunglain chériront « Keeping Your Memory Alive ». Ceux dont la cocotte-minute n’attend qu’un claquement de doigts pour lâcher violemment la vapeur se secoueront la couenne sur « Spread ». Ceux qui savent que les autistes domineraient le monde si seulement ils s’en donnaient la peine trouveront des arguments au sein de « Arrive », tandis que ceux qui aiment se faire fouetter par des violons – ou des violoncelles – couineront de plaisir sur « Second to None ». On renverra les fans de Muse vers « Hazardous Occupation », les amateurs de tressautements pianistiques vers « Let’s See How Deep… », et les esthètes du Nawak Metal en costume blanc vers « Fixer Upper ».

Quant aux autres, ils n’ont qu’à farfouiller entre les lignes et les pistes…

 

Last & First Men est donc une autre de ces géniales cavernes d’Ali Babarré. Un buffet gargantuesque débordant de confiseries anglaises bigarées. Un cocon coloré à la fois douillet et piquant, qui stimule, étonne, élève et questionne. Tout ce que l’on devrait attendre de la musique, en somme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : vous saviez déjà que Secret Handshakes, A Choice of Catastrophies, ainsi que nombre des autres pépites déjà livrées par Tub Ring, font partie de ces incongruités musicales qu’il faut chérir – surtout en ces temps où Mr. Bungle, le geyser originel du Nawak Metal, s’est reconverti au Crossover Thrash de terrain vague. Eh bien Last & First Men ne changera en rien l’excellente opinion que vous aviez de ces excentriques virtuoses. Entre Dog Fashion Disco, GodswoundsTally Hall, Fjokra et bien d’autres, le millésime 2024 des Américains ne surprendra pas ceux qui connaissent déjà leur parcours, mais les régalera tout autant que les cuvées précédentes !

photo de Cglaume
le 03/12/2024

12 COMMENTAIRES

Black Comedon

Black Comedon le 03/12/2024 à 22:35:36

Mais où qu'on trouve ce truc ? J'ai trouvé un album sur Bandcamp mais le reste où qu'il est. On ne peut rester insensible à ce genre de phrase:  " (i.e. qui a repris les affaires là où Mr. Bungle les avait laissées après California)" 😋

el gep

el gep le 03/12/2024 à 23:36:27

ALI BABARRE, AHAH !

el gep

el gep le 03/12/2024 à 23:37:06

...ben tiens en majuscules sans accent ça sonne "ali babar" en fait... merde.

cglaume

cglaume le 03/12/2024 à 23:47:36

@blacky : ça se trouve là : https://c12fb7-c3.myshopify.com/

cglaume

cglaume le 03/12/2024 à 23:48:35

@gep: Babar, carrément. Sa raie Grèce comme disait Platon

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 09/12/2024 à 15:25:22

Y s'passe décidément pas un mois sur ce webzine sans que ne soit faite allusion à Mr Bungle !

cglaume

cglaume le 09/12/2024 à 18:37:41

@aldo : il manquerait plus que ça !! 😉

Black Comedon

Black Comedon le 06/01/2025 à 16:23:23

Merci pour le lien mais c'est meta reloud, y a que de vynil ou une clé USB a 30 € qui pour le coup contient TOUT, ce qui est très excitant, mais dont les frais de port représentent pas loin de 45 €. Monde de merde 

Black Comedon

Black Comedon le 06/01/2025 à 16:24:03

Je veux bien mettre 45 € pour du demat mais ça existe po, mais dans quel monde qu'on vit, hein !

cglaume

cglaume le 06/01/2025 à 16:58:00

M'en parlez pas ma pov' Dame !!

😁

el gep

el gep le 06/01/2025 à 22:09:01

Je comprends pas et je dois pas être le seul: 45€ de frais de port pour... une clef USB ?!? Gnnn ?

cglaume

cglaume le 06/01/2025 à 22:26:57

Une clé Ultra Super Balaise, sans doute 🙂

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

  • EXOCRINE au Salem le 17 janvier 2025
  • Planet of Zeus + guests au Petit Bain à Paris le 6 mars 2025