Tyranny Is Tyranny - The Rise of disaster capitalism

Chronique Vinyle 12" (41:08)

chronique Tyranny Is Tyranny - The Rise of disaster capitalism

Pour ce nouvel opus, le quatuor de Madison, s'inspire de l'oeuvre de la journaliste activiste canadienne Naomi Klein. Auteure connue pour son opposition nette au capitalisme, aux travers d'ouvrages comme No Logo, Mourir pour un MacDo en Irak, Tout peut changer (qui oppose climat et capitalisme – c'est de saison) et donc The Shock Therapy : The Rise of disaster capitalism très discuté lors de sa sortie en 2008. Ses détracteurs lui reprochant de dépeindre un monde à la Disney (j'y reviens*) et ne pas tenir compte des avancées du capitalisme en matière de mort infantile (3% en 20 ans en Afrique ! -sic-). Les mêmes jugeant sa critique trop facile et sans perspective et force de proposition. Les divers courants de gauche ayant déjà adopté la quarantenaire dans leurs supports.

Pour qui connaît un peu les préoccupations du groupe, The Shock Therapy est une évidence en matière de référence. Les américains faisant preuve de lettres depuis leurs débuts avec des textes soignés.

 

On avait apprécié en partie la découverte de leur précédent album Let It come from whom it may ; la faute à une production trop cheap, des chants déséquilibrés et des choix brouillons. Nous étions restés sur des riffs caduques qui auraient tant voulus en dire. La curiosité sur les références annoncées, Howard Zinn et toujours Chomsky, mit en avant les textes incisifs du combo. Let It come from whom it may devenant un album bien plus intéressant à lire qu'à écouter.

 

« Or does it explode ? » en ouverture, propose d'emblée un tout autre point de vue ; un noise-rock à la Whore mais en mode progressif. La plage s'étend sur plus de sept minutes, et le groupe prend son temps. L'auditeur assiste à une mise à nu, toutes en émotions. Choix surprenant qui a le mérite de retenir toute l'attention pour la suite.

 

« Pillar of cloud, Pillar of fire » déboule dans un souffle de cuivre et sans le riff franchement heavy à 3 minutes de la fin, nos pensées se tournent vers les Sons of Frida, orfèvres en matière de digression post-noise. Ce titre fut choisi pour mettre en avant la sortie du disque. Il gomme à lui seul les manquements que l'on faisait à l'encontre de leur plaque précédente.

 

« She who struggles » en passe de 3 pour dépasser les sept minutes. Un son particulièrement clair se développe et prend à contre-pied l'auditeur. Le postulat noise-rock de départ est balayé de brillances, on flirte avec les idiomes du post-rock. Au loin résonne Fugazi.

« Kabuki Snuff Theater » nous ramène à l'ancienne mouture du combo, à ses approximations aussi. « Victory will defeat you » post pose son écrin durant près de quinze minutes. Ce final joue un peu maladroitement sur la triplette initiale, finalement la plus intéressante de l'ensemble. On préférera lire ces 2 derniers titres pour bien en saisir toute la substance.

 

The Rise of disaster capitalism se meut en un peu plus de quarante minutes pour cinq titres dont les 3 fois 7 imposent seuls la validité. Bilan comptable suffisant, en 3 titres la moitié de l'oeuvre repoussent au loin les présupposés, les maladresses et les faiblesses des efforts précédents.
En cours de route, Jason Jensen, le guitariste a rangé son étui. Humainement (on s'en doute), ce départ a été dur à négocier. Un message aussi poignant que volontaire est posté sur leur site internet. Ils sont comme ça les Tyranny ... Human after all. Et probablement qu'ils mériteraient une plus grande reconnaissance tant pour leurs textes, leurs références et leur post-noise désormais appliqué, mais qu'ils méritent autant le respect de leur position hors-jeu du grand barnum rock'n'roll.

 

*Le grand-père de Naomi Klein fut le premier travailleur à déclencher une grève dans les studios Disney.

photo de Eric D-Toorop
le 18/12/2015

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