W.a.s.a.b.i - The wicked six

"Parce qu'il reprend un concept / style suranné, un groupe est-il à chier ?"
Voilà le genre de question que j'aurais voulu avoir au bac. Franchement, les idées philosophiques de Foucault ou Rousseau ne servent à rien, alors qu'à l'écoute de W.A.S.A.B.I je me suis vraiment interrogé.

A l'heure du rétrogaming, du vinyle, du 100% naturel dans les assiettes, est-il si mal de regarder dans le rétro en refaisant ce qui a déjà été surfait tout en tentant de l'améliorer ou aller sur une autre voie ? 

"The Wicked six" a quelques allures du passé. A l'époque des compilations Frenchcore, des Limp Bizkit en couverture de Rock Sound.
Evidemment, si tu trouvais ça naze il y a 15-20 ans, tu trouveras toujours ça aussi mauvais aujourd'hui.

Que le genre ait vieilli est une chose, qu'il ne soit plus écoutable en est une autre. Pour le coup W.A.S.A.B.I se débrouille pas mal avec des compos aussi frontales...que profondes.
Pas question de trouver du progressif et 5000 notes, mais entre la bidouille bien electro, l'alternance d'un chant masculin et féminin, sans oublier les caractéristiques d'un genre qui ne manque pas de groove, il y a du taf et une volonté de réinventer ce que l'on connait déjà trop bien.

Pendant 43 minutes on croise donc un peu de tout, y compris quelques longueurs. Parfois imputables au chant féminin qui traîne, ou un rythme un peu moumou, il est paradoxalement ce qui peut apporter une bouffée d'oxygène et d'originalité à l'album. Derrière, ça chante en français, gueule à l'américaine version MTV2, "rappe" à la Durst (donc pas vraiment rapper mais tu vois l'genre) 
Encore un peu plus loin, derrière encore, ça touche à quelques boutons et ça enrichit le son d'un orchestre qui aurait peut-être sonné un peu creux. Pas que cela soit fadasse, mais prime à l'efficacité : "simple", direct, classique, mais complet grâce à la fusion.
Au final tout ça se marie plutôt bien et quelques morceaux tabassent bien. Un petit manque de rythme sur certains morceaux n'empêche pas le groupe d'être plein de patate, de trouver quelques bons refrains pour torcher 13 bonnes pistes.

Comme toutes les tentatives demeurent louables, les défauts de cet album s'estompent face à une certaine fraîcheur et une énergie que l'excellente prod' laisse passer. Par contre, entre les mecs qui ne pouvaient pas blairer le genre lorsqu'il était à la mode, ceux qui sont passés à autre chose et ceux qui apprécient le style sans aimer le groupe, W.A.S.A.B.I est peut-être né trop tard pour devenir populaire. Qu'importe, "The wicked six" répond à ma toute première question...


Edit post-parution (4/5/16) : J'ai tout de même omis une chose importante (parmi d'autres) dans cette chronique. Leur univers, le concept, le côté graphique, le sens de Wasabi (We are savages and badly infected) avec un style graphique qui reprend des codes entre le comic en et manga. Si musicalement cela ne représente pas vraiment grand chose, il y a quand même dès la pochette, un boulot sympa qui se poursuit sur leur site web etc.
C'est de l'ordre du détail, mais comme c'est tout de même extrêmement soigné et bien fait, ça mérite donc d'être souligné.

Tookie

le 04/05/2016