We 9 Guys - I Wanna Join the Circus

Chronique Maxi-cd / EP (16:19)

chronique We 9 Guys - I Wanna Join the Circus

Qu’il est bon de traîner dans les bas-fonds de Bandcamp, là où la prod’ est craspouille, là où les démos sont sans complexes, là où le ridicule côtoie le génie dans la plus totale indifférence du grand public ! L’une des façons les plus efficaces de faire des découvertes dans cette Cour des Miracles musicale consiste à pratiquer la chasse aux tags – ces petites étiquettes qualificatives censées donner à l'internaute de passage une idée de ce qui se trame derrière ces pochettes et titres intrigants. Allez hop, exercice pratique : essayons de trouver tous les groupes qui, pour décrire leur musique, utilisent le tag « tomate » (… et pourquoi pas ?). Pour mettre la main sur ces improbables promoteurs de l'audio-ketchupophilie, il faut donc utiliser l’URL suivante :

 

https://bandcamp.com/tag/tomate

 

Allez allez, cliquez… Eh oui, on trouve quand même 9 sorties (à l’heure où je vous écris) répondant à ce critère on ne peut plus pointu ! C’est vertigineux quand on y pense… Evidemment, sentez-vous libre de réutiliser l’adresse ci-dessus en remplaçant « tomate » par « aspirateur », « threesome » ou « poutine-gaypride » : the sky is the limit comme dit l'autre... Forcément, quand on est fan d’incongruités métalliques, qu’on n’a de cesse de se demander si le Stoner / Samba ou l'Eurodance / Doom ne feraient pas de formidables cocktails – bref : quand on est un Nawakophile averti – ce mode d’exploration de la jungle musicale est inespéré. C’est donc ainsi que, en tentant au jugé le tag « death metal ska » (après tout le Black / Ska de Leper et le Hardcore / Ska de 8 Kalacas dépotent... alors pourquoi pas ?), j’ai fini par tomber sur les joyeux marioles de We 9 Guys from Boston, Massachusetts.

 

Bon, en l’occurrence, là, patatras : les ricaneurs vont pouvoir ricaner. Car l’extravagant mélange proposé par les Américains n’a ni le cachet du Gospel / Black de Zeal And Ardor, ni le brio du Breakcore / Black / Musique baroque d’Igorrr. À vrai dire la formule du Club des 9 est plus proche du bric et du broc artisanal proposé par les Crotchduster et autres Big Dumb Face. Ça sent l’humour potache, les moyens limités et l’énergie pas parfaitement canalisée. Et pour la variété on repassera : la formule s’avère être à peu près tout le temps la même, les couplets tapant en général dans un Metal « extrême » moshy, bordélique, à guitares grésillantes et vocaux plus ou moins gruntés, tandis que les refrains, montés sur ressorts, tantôt Ska tantôt Highschool Party Punk Rock, viennent balancer avec insolence des fraises Tagada dans les chopes de bière. Tout ça s’avère dans l’ensemble assez accrocheur… Sauf que la prod' sent le garage, que la « batterie » a souvent l’épaisseur de la BAR des Ludwig Von 88, que les mélodies au synthé sont un peu criardes, et que ces salopiauds abusent du vocodeur. D’ailleurs je crois que c’est ce dernier point qui ruine le plus sûrement l’ensemble : bordel qu’avaient-ils besoin d’avoir recours à cette merde ? À la limite, juste sur un morceau pour faire les fanfarons, je ‘dis pas : mais aussi systématiquement ????

 

Beaucoup considéreront une telle sortie comme une vraie perte de temps (… ce qui n’est pas complètement faux). N’empêche qu’on se retrouve vite avec en tête les accroches de « So Many Girls », la basse impatiente de « I Wanna Make a Pizza », le Ragga / Grind de « Shawty » et le « I wanna be a piece of shit, under the seaaaaaa, I wanna be that cigarette rest between your lips ! » de « Piece of Shit » – morceau qui fonctionne pas mal en live, où il devient bien plus Hardcore (comme on peut le constater sur la fin de l’EP). Et tout ça n’est pas si désagréable au fond...

 

Donc c’est vrai, vous pouvez tout à fait zapper cette sortie pas franchement indispensable. Mais si vous aimez les zigotos qui s’amusent comme des gamins en tentant des mariages contre nature quoique pas si déconnants, rejoignez vous aussi ce cirque aux faux airs de bordel (… et vice-versa) : on ne s’ennuie jamais vraiment autour de la piste aux étoiles !

 

PS : si vous téléchargez l’EP, vous récupérerez en bonus l’intro « Yahhh ! » – qui fait le zouave en mode Techno Teutonne – ainsi que des versions démos des titres – qui "bénéficient" d’un son encore plus pourri (... si si, c’est possible) !

 

PPS : le groupe a également sorti Da Mixtape: 2011 peu de temps après cet EP. Regroupant des chutes de studios (… dirait-on) de moins d’une minute en général, la chose est encore moins intéressante que I Wanna Join the Circus, que les morceaux reprennent la formule habituelle ou qu’ils ne soient que de pauvres blagounettes sans lendemain. A noter quand même une reprise de « Your Love Is My Drug » (Ke$ha) qui ne ressemble absolument plus à l’originale, ainsi qu’un remix de « Pretty Boy Swag » (Soulja Boy) qui s’avère marrante dans la mesure où elle agrémente l’original d’une grosse gratte bourdonnante (NB : le morceau est disponible uniquement en téléchargement).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: OK, il y a des milliers de sorties plus intéressantes que I Wanna Join the Circus. Mais vous savez à quel point on aime la Fusion et le Nawak Metal par ici. Alors on ne pouvait décemment pas passer à côté d’un mélange de Death Metal (… en carton), de Ska et de High School Punk / Rock (… vocodé). Si ? Eh bien trop tard, il fallait le dire avant !

 

 

 

photo de Cglaume
le 10/07/2022

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements