Wormfood - Posthume

Chronique CD album (54:10)

chronique Wormfood - Posthume

Wormfood est un groupe dont une partie du line up a longuement batifolé (et batifole encore) avec les doux dingues de Carnival in Coal, notamment lors des rares  prestations live de ces derniers. Wormfood est également un groupe qui a eu derrière ses fûts Alexis Damien, plus connu pour être Monsieur Pin-Up Went Down. Avec de telles références, comment ne pas avoir envie de se ruer sur ce 4e album des pères vers, tout en se demandant pourquoi on n’avait pas trempé plus tôt nos doigts de pied frileux en ces eaux musicales fleurant bon l’originalité et le bon goût? D’autant que les 2 précédents albums ont récolté des critiques plutôt enthousiastes, que le titre « Vieux Pédophile » a été à l'origine d’un petit buzz à l’époque, et que la prestation du groupe lors de la 2nde édition du VS Fest avait été plutôt probante… Mais ne ruminons point le passé et voyons donc ce que les vers ont l'habitude de se mettre sous la dent.

 

S'il fallait vous torcher une version ultra courte de cette chronique, il suffirait d’écrire:

« sur Posthume, Wormfood fait un grand écart de presque une heure entre séduction et répulsion, dans un registre doom/dark poético-cradingue assez personnel qui provoquera sans aucun doute les réactions les plus extrêmes au sein des sphères gothico-métalliques. ».

Mais comme vous avez acheté votre billet à plein tarif, on va vous en donner pour votre argent.

 

La dualité des sentiments que Posthume m’évoque est tellement forte que je ne vois qu’une façon d’écrire cette chronique: dans un registre schizophrène où se mêlent le brûlant et le glacé. A l’écoute de Posthume, c’est en effet un tourbillon étourdissant de sentiments contradictoires qui nous assaillit:

 

Beuark!, quel chant insupportable! Ce registre déclamatif hyper théâtral, ces textes romantico-morbides qui – je suppose – doivent être nés sous le haut parrainage spirituel de Baudelaire et de Sade, cette tonalité geignardo-larmoyante: tout ça évoque un mélange un peu écœurant d’Eros Necropsique et de Misanthrope, la cuvette est là, je vous en prie, laissez-vous allez …

* … oui mais, Ouawh!, El Worm est un chanteur véritablement habité, et il sait à merveille retranscrire la tension, le déchirement, la colère, et – quand il prend la peine de lâcher un tant soit peu la bride à ses cordes vocales – il s’avère capable de très belles envolées, comme celle à 2:43 sur « Salope » (« Et je tiens à te remercier … »)

* … M’enfin Beuark!, on aurait été reconnaissant au groupe d’avoir évité ces quelques détours dans le registre variétoche francophone, cf. le goût « Nouvelle Scène Française » du début, certes sombre, de « Salope » …

* … Même si, Ouawh!, ces faux airs de Gainsbourg sur le début du morceau ne sont pas crades du tout! Et puis cette version alourdie de « Des Hauts et des Bas » – oui oui, c’est ça, le morceau de Stephan Eicher! – est quand même assez jouissive, notamment lors de ces chutes dans d’abyssales profondeurs à l’hallucinante densité qui interviennent en conclusion du refrain, sur le « …ce que je n’voulais pas … ».

* Par contre, désolé de l’apprendre à ceux – dont je suis – pour qui la musique de St VitusCandlemas et autre Solitude Aeturnus n’est qu’un malencontreux accident dû au passage en mode 33 tours d’un single de heavy metal, mais Beuark!Wormfood est de ces groupes qui aiment traîner des pieds dans le dénuement le plus total, les larmes dégoulinant sur le drap mortuaire dans lequel il sont drapés, le joie-de-vivomètre étant définitivement coincé sur -100. C’est doom, c’est lugubre, c’est sinistre même …  

* … sauf que, Ouawh!, sur l’excellent Troubles Alimentaires, non content de nous pondre des textes vraiment sympas, le groupe nous propose une version carrément plus « clap your hands », plus enlevée quoi, de ces doomeries, un peu comme un Cathedral joyeux, qui aurait néanmoins de belles auréoles de sueur stoner sous les bras.

* Dommage qu’à côté de ça, Beuark!, on se fasse royalement chier sur un Passage à Vide auto-descriptif trop lancinant, dissonant et plaintif (hormis sur la fin, habilement hypnotique), ou sur « Le Seul Amour », aussi désagréable qu’il est long (eh oui, parce que tout ça s’étire généralement sur de 6 à 9 minutes!) …

* … Alors qu’à côté de ça, Ouawh!, les sonorités exotico-tribales de la fin des « Noces Sans Retour », qui trouvent également un écho en début en en fin de « Vanité des Amants », ainsi que dans l’outro instrumentale « EWB28IF » – grandiose, qui se termine avec une pirouette « sourire en coin » sur le bruit de clochettes dans les alpages –, sont autant de preuves s’ajoutant à celles listées dans les Ouawhs! ci-dessus que le groupe est doué d’un talent insolent.

 

Bref, tout ça n’est ici clairement que question de goût et de sensibilité, les points noirs qui me repoussent sur Posthume n’étant clairement pas le fait d’une immaturité ou d’un manque de talent. A chacun de voir si les miasmes gluants, la poésie dépressive et la lourdeur voulue de cette musique vous toucheront ou non. Personnellement, il y a trop de Beuark!, pour compenser les Ouawh!, mais la démarche et la personnalité du groupe étant ce qu’ils sont, ils gagnent ma sympathie et bénéficieront donc d’un 6/10 qui passe la frontière de la moyenne des épaules et de la tête.

 

PS: … sauf que ce promo tout voice-overisé, à base de « Vous écoutez Posthume, le nouvel album de Wormfood » plaqués sur chaque début et fin de morceaux, est tellement horripilant que * bim *, on redescend la note à 5,5. Envie de tuer le mec qui pollue inlassablement ces 8 morceaux, rogntudju!!!

photo de Cglaume
le 18/01/2011

2 COMMENTAIRES

Pidji

Pidji le 18/01/2011 à 09:35:48

Je n'ai pas du tout écouté, mais j'aime beaucoup ta chronique :D

cglaume

cglaume le 18/01/2011 à 18:22:18

Merci :)

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