Yearning - MMXXII

Pour un petit shot d'emoviolence – des familles, ajouterais-je – toujours bienvenu, voici donc récemment arrivé ce premier EP des Montrealais de Yearning, sobrement intitulé MMXXII.

Pour le petit commentaire probablement dispensable de ma part, autant je trouve que la transposition de 2022 en chiffres romains est plutôt une bonne idée, assez esthétique, autant le logo du groupe avec la première police gothique de passage posé par-dessus une photo, c'est un poil cheapos.

Mais bref, là n'est pas le propos puisqu'ici, c'est surtout ce qui se cache dans la forêt représentée qui nous intéresse : les sept morceaux, au nom d'autant de chiffres romains, que contient cet EP. Ensuite petit avertissement, c'est à ne pas confondre avec le groupe finlandais du même nom, bien qu'il y ait relativement peu de risque si l'on y réfléchit un peu : ce dernier zonait plutôt dans un univers doom, et une reconversion stylistique vers l'emoviolence est relativement peu probable.

Et ben disons-le d'entrée : si vous aimez Orchid mais que vous aimez les trucs plutôt bien produits, alors Yearning est ce qu'il vous faut pour passer les neuf prochaines minutes (oui, c'est court). Parce qu'en effet, on est ici sur une sorte de revival total d'Orchid, une sorte de Chaos is Me mais avec le son de Gatefold, ou de Like Shadows d'Ampere. Difficile par exemple de ne pas penser à « Epilogue of a Car Crash » (qui clôturait Chaos is Me) sur l'intro de « I ».

Cependant, dans ces morceaux qui coulent et défilent sans peine, Yearning ne se contentent pas de faire du copier-coller, puisque l'on retrouve des sons qui peuvent renvoyer (au moins pour moi) à Battle of Wolf 359, sur la fin de « III » ou le début de « V », ou une similitude avec les morceaux les plus courts de Welcome The Plague Year ou du screamo parfois plus « classique », sur le début de « VI » par exemple.

Mais dans l'ensemble, si on a un tout petit peu de voix parlée à mi-EP, absolument aucune voix claire ne vient entacher ce condensé d'emoviolence : malgré quelques zones plus aérées, c'est essentiellement très rentre-dedans avec de légères mélodies qui surnagent, mais très peu mises en avant, dans le plus pur style des groupes cités plus haut en référence.

Comme souvent avec ce qui fait moins de dix minutes, ici ma première écoute de ces neuf minutes me faisait tendre vers le 9/10, que je vais un tout petit poil minorer au bout du compte, mais ne vous détrompez pas : dans le style, MMXXII est très clairement l'un des EP qui m'ont le plus enthousiasmé depuis ma découverte de celui de Letters to Catalonia il y a quelques temps déjà (bien que tout à fait en retard), et se fait déjà une bonne place dans mon top des EP de l'année, sans aucun doute possible.

Une de mes seules critiques (au-delà des quelques mots sur la pochette) est que c'est excellent, mais c'est très très court. Comme tout ce qui est bon, au final, ça finit trop vite. Un ensemble de cette qualité là, je n'aurais aucun problème à m'en envoyer deux fois la dose dans ce qu'il me reste d'intégrité physique. Et j'attends impatiemment la suite.

A écouter si vous n'avez pas peur d'appuyer plus vite que prévu sur le bouton repeat.

Pingouins

le 11/02/2022