Evil Drop - EP
Chronique CD album (25:28)

- Style
Rock Sludge ultra minimaliste - Label(s)
Autoproduit - Date de sortie
10 avril 2020 - écouter via bandcamp
Ludwig Mies van der Rohe est un architecte que vous connaissez presque toutes et tous sans le savoir. Ce n’est pas à cause de son fameux Seagram Building à New York ou de son impressionnante réalisation qu’est la Neue Nationalgalerie de Berlin, ce n’est pas non plus parce que ces travaux ont posé les bases de la construction de près de 99% des gratte-ciel. Ludwig Mies van der Rohe est surtout connu pour ce magnifique apophtegme repris dans bien des domaines: "Less Is More". Plusieurs décades plus tard, c’est peut-être sans le savoir qu’Evil Drop, duo niortais, a fait de cette maxime son credo musical et se lance dans l’aventure avec un premier EP éponyme.
Alors, plutôt que de vous perdre dans des métaphores douteuses avec plein de mots bizarres à faire pâlir un hippopotomonstrosesquippedaliophobe, je vais essayer de me plier au jeu de la simplicité moi aussi. Cet EP de presque 30 minutes déroule 7 titres d’un mélange crasseux de rock avec des gouttes maléfiques de punk et de stoner pour un résultat musical encourageant et qui s’appuie sur les conversations plus qu’animées entre une basse et une batterie.
Côté points faibles de cet album (comme ça, ça sera fait), c’est facile, il n’y en a qu’un. Peut-être qu’il y en a d’autres mais j’ai du les zapper parce que celui-là prend toute la place et c’est…le son. On se trouve dans cet vallée de l’étrange dans laquelle ça ne sonne pas vraiment comme une démo mais ça ne sonne pas non plus vraiment comme un album. Instruments un peu anémiques, qui manquent de coffre, son mat, bref ça manque clairement de jus de patate. C’est d’autant plus criant que les guitares n’étant pas de la partie, les autres instruments ont intérêt à occuper la place énorme laissée vacante. Et ce kick? Sérieux, ce kick! C’est incompréhensible parce que le reste de la batterie est loin d’être dégueu mais ce kick, ça n’est pas possible. Mais bon, Less Is More et si ça n'est pas magnifique d'un point de vue sonore, cela reste très écoutable.
Un point faible bien dommage car même si les titres ne sont pas forcément évident à la première écoute, ils se révèlent au fil du temps et attestent que le duo ne manque ni d’une certaine inspiration, ni d’une certaine capacité d’écriture. Les morceaux sont très catchy, direct et pourraient peu ou prou se résumer à : “ça commence, ça envoie sec pendant 3-4 minutes et ça se termine, pas l’temps d’s’ennuyer, ma gueule!”. A la manière d’un Red Fang sans guitares mais avec plus de gouttes de noirceur, ca groove dans les mid-tempos, la basse n’est pas feignante, les lignes sont simples ("I don’t Lie"), mélodiques, entraînantes avec ce qu’il faut de lourdeur pour garder de cette fibre stoner qui le fait bien ("Feed Me"). Côté son, elle sait parfois trouver des auxiliaires précieux dans les effets mais c’est un peu trop parcimonieux, et sans faire du Lightning Bolt, cela permettrait d’amener un peu plus de dynamisme, de surprise aux morceaux mais bon Less Is More.
La batterie tartine comme il faut, on aurait aimé un jeu un peu moins métronomique et un peu plus de variétés dans les fills mais bon Less Is More et puis c’est toujours en place.
Côté voix, ça manque un micro poil de bouteille, de force et d’assurance mais la base est hyper intéressante et ne demande qu’à s’améliorer. Une voix bien rocailleuse, qui chante surtout depuis le fond de la gorge, là où l’air, entre deux glaviots de la veille, prend toute sa saveur. Une voix de daron qui t’apprend la vie et que tu écoutes sans faire le malin. En plus, l’accent anglais de Niort passe parfaitement. Enfin, elle fait partie des épargnées du mixage et tire son épingle du jeu.
Evil Drop est un de ces albums devant lequel le chroniqueur est bien embêté au moment de lâcher sa note et il se doit d’avoir la décence de ne pas faire preuve de trop de condescendance. Affaibli par un son pas encore à la hauteur, sauvé par des morceaux bien écrits et joués avec les tripes, il y a indéniablement du potentiel que je ne peux qu’encourager dans cet effort minimaliste loin d'être minime. Mais il faudra garder en tête que Less Is More...More or less!
On aime bien: une base hyper solide, un côté simple et direct assumé et assuré, la voix, le minimalisme assumé
On aime moins: le son du kick, un mixage qui manque de jus de patate
1 COMMENTAIRE
cglaume le 27/04/2022 à 11:57:40
Je vous prierais de ne pas laisser traîner vos apophtegmes un peu partout Mr 8oris
😁😉
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