Release the cure d’Indecision et son engagement politique

Release the cure d’Indecision et son engagement politique  (dossier)
 

 

Les groupes de Hardcore sont souvent porteurs de messages, c’est dans l’essence de cette musique que de revendiquer. La majorité des groupes Hardcore old school ont en effet des textes très engagés politiquement, de sick of it all à madball en passant par Biohazard ou le groupe auquel on s’intéresse aujourd’hui : Indecision. Et nous voyons que même si c’est surtout une différence dans la musique qui a crée le mouvement new school (le côté punk qui s’efface de plus en plus), les textes de beaucoup de groupes Hardcore new school ont perdu la flamme, le message. Peut être ont ils perdu l’espoir que leur message soit entendu ou alors préfèrent ils s’intéresser à leurs déboires sentimentaux et raconter commencer s’est passé telle soirée, leur enfance … C’est aussi possible que les maisons de disques acceptent moins les groupes engagés qu’il y a une quinzaine d’année par rapport au climat de mondialisation qui a envahi le milieu du disque. Qui sait … on nous sert ce qu’on nous donne et si on écoute tel ou tel groupe ce n’est pas par hasard même en Hardcore.

En tout cas en 1998 époque où a été crée le disque « Release the cure » d’Indecesion, il y avait déjà beaucoup de choses à critiquer aux Etats Unis et dans le monde entier, on peut dire que les années 1990 voient le début d’une mondialisation féroce mise en place par la consommation de masse : le fait que nous consommateurs nous sommes des acteurs qui disons tous les jours oui aux méfaits de la société moderne. Et la perversité du système globale se prouve bien par le fait qu’il couvre tous les secteurs, comme par exemple celui de la santé ou les patients deviennent des statistiques et des consommateurs de produits (de médicaments en l’occurrence) et qu’ils suivent impuissants la politique incarnée par les grands laboratoires américains et européens. C’est le principal message de ce disque et l’exemple pris est celui du virus du SIDA et de la recherche d’un vaccin. Voyons ce qui est écrit sur la pochette du cd :

« Le titre de ce disque « release the cure » (=sort le vaccin ) est une référence à deux théories de conspiration majeure. La première c’est le fait que le gouvernement et l’élite qui contrôle les lois ont crée des maladies et des épidémies (nommément le SIDA) comme des outils de régulation des populations et la deuxième que le gouvernement et l’élite qui contrôle les lois ont les vaccins contre ces maladies, qu’ils les ont depuis toujours mais qu’ils refusent de les sortir à cause de leurs propres agendas secrets.

Si demain un vaccin totalement efficace est « trouvé » l’économie médicale sera tout simplement détruite. Ils apparaissent comme cherchant désespérément le vaccin, mais en réalité si le vaccin sortait c’est tous les revenus des centres de traitement, des hôpitaux et des médicaments qui disparaîtraient. Donc pour l’instant personne ne trouvera jamais de vaccin. Le gouvernement, l’élite législative et l’économie médicale travaillent tous en chœur et ne sont pas préparés à faire face à une si grande perte d’argent. De plus les gens infectés taisent leurs souffrances et continueront à souffrir et à mourir jusqu’à ce que l’élite décide soit qu’un nombre suffisant de personnes sont mortes et que la population est contrôlée soit qu’ils se sont fait assez d’argent et qu’ils sont prêts à accepter la perte d’argent que représenterait un vaccin. Je ne le vois pas arriver bientôt.

La réalité est simple: le vaccin sera administré aux survivants lorsque sera décidé qu’un nombre suffisant de personnes sont mortes. Le vaccin sera annoncé comme récemment trouvé alors qu’en fait il a toujours existé. La douleur des uns est le profit des autres, la santé c’est la pauvreté Il est l’heure de révéler la vérité pour qu’enfin il y ait une prise de conscience de ce qui se passe vraiment[…].

Petite analyse: aux Etats-Unis et en Europe les firmes deviennent géantes et les Etats nains, le pouvoir politique est détenu par l’argent, le réseau économique mondial des plus grandes firmes est bien plus puissant que n’importe quel parlement ou gouvernement. Et les laboratoires sont ici décrits comme des firmes comparables aux autres, un autre maillon de la chaîne. Dans cette branche les produits sont les médicaments et la logique n’est pas la santé publique mondiale. Et donc Indecision nous dit que les laboratoires de recherche détiennent le vaccin contre le SIDA mais ne le sortent pas par rapport à son rôle de régulation des populations pauvres. En effet les maladies, la malnutrition, le Sida empêchent les pays pauvres d’avoir une économie, des laboratoires de recherche et les pays riches assoient tout simplement leur pouvoir sur cette population.

Telles sont les questions auquelles s’attaquent Indecision et nous voyons qu’ils n’hésitent pas à faire passer le pouvoir américain comme coupable, l’image que l’on retient c’est celle du sang sur la main. Et il est vrai que même s’ils ne nous fournissent aucune preuve cette théorie se tient et n’est jamais démentie par des contres preuves . Au contraire nous pouvons voir qu’il existe beaucoup de choses à critiquer chez les grands lobbies pharmaceutiques, notamment concernant leurs politiques vis à vis des pays du Tiers Monde. A partir de maintenant essayons de voir les autres thèmes des chansons de cet album.

Dans le titre éponyme de l’album d’Indecision le groupe met l’accent sur le côté dramatique de la situation que l’on a expliqué au dessus et sur la douleur avec la phrase « one death is tragedy » et les phrases comme « pain is profit » ou « epidemics equal revenue » mettent en scène l’idée de complot. La pointe de l’engagement est sûrement ces phrase « on paie pour la recherche et on vie dans la maladie », « combien de mensonges supplémentaires es-tu préparé à vendre ». Puis la chanson se finit par la métaphore de la maladie et de la douleur qui se propage.

Voyons maintenant les autres chansons, « the higher side of low » est une vision du monde déprimée et noire, entre le titre et le texte en lui même il y a une phrase glissée « parfois la meilleure protection contre la douleur est la cessation de tous sentiments ». Ce thème du combat de la douleur est récurrent dans les textes Hardcore et on voit qu’ici le style est haché les phrases se suivent brusquement. Ca colle très bien à la façon dont on chante en Hardcore (tout est logique).

Le titre « Maybe monitored to assure quality control » est une déclaration contre la culture "fast food" et ce qu’on appelle culture des feuilletons américains aseptisés, favorisés par le matérialisme et le fait que beaucoup d’américains sont élevés en dehors des préoccupations d’enrichissement spirituel, par des expériences vécues, par une culture saine (celle qui rend les gens capables d’avoir un minimum d’indépendance d’esprit). Le texte semble décrire l’esprit de zombies complètement hors de la réalité ; il essaye en tout cas de semer le doute avec beaucoup de questions comme « quelle est ta définition de ce qui est réel » « Mais qu’est-ce que tu as ? , Qu’est ce que tu ressens ? ». Ca se finit par un percutant : Give me convenience or give me death / this what rapes us makes us and breaks us / every fucking day ( donne moi du confort ou bien la mort/c’est ce qui nous viole nous crée et nous casse / tous les putain de jours). « Though the wasteland go searching we » porte sur la jeunesse et le fait qu’il y a de moins en moins de terrains fertiles pour que les jeunes puissent exprimer leurs rêves, leurs visions, et leurs buts. Mais la chanson met en scène un monde de gâchis, celui où arrivera la société si elle continue à contrôler vicieusement la jeunesse. « des mondes gâchés de regrets comme tu ne peux pas t’imaginer / Essayer durement d’oublier les aspirations défaites » .

Nous commençons à avoir une ébauche de l’imaginaire Hardcore, un imaginaire noir où les lumières sont rarement celles de l’espoir mais plus celles de la souffrance et du feu. Et logiquement le son qu’a la musique Hardcore colle parfaitement à cet imaginaire. C’est pourquoi c’est un style extrême, brut et qu’il est difficile d’entendre des groupes se disant Hardcore avoir des textes de groupes de pop. Toute cette imagerie est le sens du hardcore. « Burning saints », le sixième titre de l’album se fâche contre l’impérialisme américain rappelons que Indecision est un groupe originaire de Brooklyn aux Etats Unis et ils n’y vont pas de mains mortes, les deux premières lignes nous disent : Où est le centre du monde ? l’arrogance est l’ignorance, l’arrogance aveugle ». Ensuite le texte se poursuit sur l’idée que les empires sont temporaires. La phrase « en attendant la fin du nouvel empire romain »est très claire et se poursuit par une critique des éléments négatifs de la culture et de l’impérialisme américain, qui par sa « culture plastique » s’étend au monde telle une infection. Le titre se finit dans l’image d’un cataclysme soufflant les villes, tuant les personnes. Si il est difficile de transmettre le style d’écriture, en tout cas ce texte est empreint de lyrisme comme un modèle de vieilles prophéties.

Dans le titre « Dead » les Indecesion nous montre leur caractère marginal, leur rejet du style de vie métro-boulot-dodo et leur rejet des du prix à payer pour un chèque minable en fin de semaine : « J’emmerde ce style de vie, je refuse de vendre mon âme pour un chèque et de rendre quelqu’un d’autre plus riche alors que je perds des jours, des semaines et des années précieuses ». La vision est ici d’inspiration néo-communiste (quelque chose qui doit être un vrai poil à gratter dans le dos de la politique et du style de vie capitaliste américain).

Puis « suspension of belief » se revendique contre l’autorité des compagnies de disques, « l’autorité n’est basé que sur l’intimidation, ils vivent pour donner de la peur qui compense le courage qu’ils n’ont pas ». Cette chanson exhorte les groupes à continuer le combat, à rester indépendant et à ne faire aucun sacrifices artistiques.

« At the wake » parle de la mort, un thème fréquemment utilisé en Hardcore, et Most precious blood le groupe qui regroupe d’anciens membres d’Indecison ont beaucoup de chansons sur ce thème dans leur premier album « Nothing in vain ». Étrangement on peut penser que les plus belles chansons d’amour en Hardcore sont celles qui parlent de la mort, car ces thèmes se rejoignent souvent dans le même titre. En effet la frontière entre l’amour et la haine est aussi mince que celle qui sépare la vie de la mort et … beaucoup d’autres métaphores justifient ce point. Mais comme il n’est pas bon de tout expliquer car un point de vue influence parfois un peu trop, le mieux est de vous laisser découvrir les thèmes de ces trois dernières chansons par vous-mêmes et de rester le plus fidèle au vrai texte et non pas à l’interprétation.

Cet article a eu pour but de déceler le message des textes d’un groupes de Hardcore, et aussi de montrer que c’est un style où il y a un fond et non pas un style d’énervés qui chantent l’alphabet en gueulant. Un chroniqueur du webzine coreandco.fr.st nous dit dans sa chronique que « Release the cure » est pour lui le meilleur album de Hardcore de tous les temps, et je crois que quand c’est dit, tout a été dit.

photo de Fab
le 15/12/2004

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