Përl - Interview du 22/06/2021

Përl (interview)
 

Peux-tu présenter Përl à nos lecteurs ?

Përl un trio, Aline Boussaroque (guitare chant), Thibault Delafosse (batterie) et Bastien Venzac (basse, moi-même), basé originellement en banlieue parisienne. Depuis notre création en 2008, nous avons lentement dévié d'un rock-metal alternatif vers un post-metal teinté de black, de doom, de post rock et de rock indé.

Notre 3eme album, les Maîtres du Silence, vient tout juste de sortir

 

Ce nouvel album est sorti il y un bon mois, quels sont les retours de la presse et des fans que vous avez eus ?

Les retours de la presse sont très bons en général, malgré le fait que notre style ne soit pas simple à appréhender (chant en français, morceaux complexes). Une super interview sur Radio Metal, un article très positif dans Rock Hard... On commence à réussir à toucher la presse et ça fait plaisir! Niveau fan, les anciens semblent ne pas être déçus des nouveaux morceaux, loin de là, et l'on a réussi malgré le manque de concerts à agréger de nouveaux fans. Nous attendons avec impatience les concerts maintenant pour le défendre sur scène!

 

En parlant de concert vous avez publié une session live de "L'(h)être balafré" enregistrée à L'Empreinte, vous avez d'autres morceaux de cette session ou c'est vraiment un one-shot ?

Ah ah, non, nous avons un second morceau en réserve, que l'on sortira à la rentrée. En plus de la captation vidéo, cette résidence nous a permis également de travailler sur notre future configuration live, qui inclut sur scène Chris Krilin, notre guitariste live, ainsi que Yannick Lacombe, que je me plais à décrire comme notre "Light Shaman".

 

La présence de Chris, c'est pour « libérer » Aline de la guitare ou c'est pour avoir des plans à 2 guitares ? Il ne fera que le live ou il pourrait intégrer définitivement le groupe ?

C'est effectivement pour libérer (délivrer) Aline de la guitare. On avait un morceau, « Parenthèse 56 », sur l'album R(a)ve, dans lequel la guitare n'arrive que très tard. Aline, pouvait ainsi se concentrer seulement sur le chant et le jeu de scène... Ce morceau s'est rapidement révélé un de nos meilleurs en live, ce qui a du nous faire réfléchir et confier la guitare à un gratteux live.

En l’occurrence, Aline continue à composer et enregistrer toutes les guitares, et Chris n'est pas intéressé par ces aspects de composition. Nous restons pour l'instant officiellement un trio en studio, et un quintet sur scène. Le contre-coup, c'est que cela permet également à Aline de reprendre la guitare par moments pour des plans à deux grattes, voire des synthés modulaires.

 

Du coup comment un morceau de Përl est créé? C'est « démocratique » ou c'est Aline qui amène les riffs et la base des compos ?

C'est totalement démocratique! On compose principalement en répétition, en jammant. On peut partir d'une ligne de basse (comme sur « le Veilleur »), un riff de gratte ou un pattern de batterie (« Monarques »). On compose chacun sa partie, puis Aline pose son chant et ses paroles par dessus.

Il a fallu se mettre un peu à la compo à distance, car j'étais aux Pays Bas pendant le gros de la phase de composition de l'album... Ça ne nous a pas trop convenu. Les grosses avancées se sont faites lors de mes visites régulières en région parisienne.

 

À propos des paroles c'est le fruit de discussion entre vous trois ou bien c'est complètement personnel et intime pour Aline? Et si Thibault ou toi avez un texte elle serait d'accord pour le chanter ?

Les paroles viennent d'Aline, on a pu discuter ensemble des thématiques générales, du concept de l'album, mais elle a clairement fait 98% du boulot. Ensuite, nous n'avons clairement pas sa qualité d'écriture... Thibault avait proposé un texte à l'époque de R(a)ve ("Je Songe"), mais depuis cette époque elle est la seule maître à bord pour les paroles!

Et vu les nombreux retours ultra positif sur ses textes, nous serions stupides de tenter de trop interférer!!

 

Elle ajoute de temps en temps des citations comme sur « Le jour des corneilles » ou « Fusce Deliria », sais-tu ce qui l'influence dans son écriture ?

Elle lit ENORMEMENT. Et a une bibliothèque hyper fournie. Aussi bien des anciens que des modernes, beaucoup de philosophie, de la poésie (Aragon, dont nous avons tiré le texte de « Parenthèse 56 », René Char,...).

Elle aime rendre hommage à ses lectures, d'où les citations qu'elle a toujours introduit dans ses textes.

 

Si on reste sur « Le jour des corneilles », il y a un passage avec du Shamisen cet instrument traditionnel japonais, c'était prévu dès le début ou c'est une opportunité de changer une partie de guitare acoustique (ou autre chose d'ailleurs) par cet instrument-là ?

Lorsqu'on a composé ce passage, on a senti qu'il fallait un solo instrumental par dessus, chose qui est très rare dans nos musiques. C'était l'opportunité d'inviter un musicien. Violon? Sax? Nous connaissions bien Guillaume, et la touche zen que pourrait apporter un shamisen nous a intéressés, bien que l'on avait peur que l'instrument apporte toute une imagerie asiatique que l'on ne désirait pas initialement.Il a composé intégralement le solo, et voilà le résultat, qui nous a immédiatement emballés!

 

Si on reste sur l'équipe qui a participé à l'album, vous avez enregistré à nouveau avec Étienne Sarthou et confié le mastering à Magnus Lindberg, c'était plus simple de travailler avec les mêmes personnes?

Oui, pour le coup, nous avions été totalement satisfait du travail d'Etienne sur Luminance, qui avait su magnifier notre son, et proposer beaucoup de petits détails d'arrangement. Etienne ne bosse qu'avec Magnus pour le mastering, donc on était reparti avec le même duo, pour le meilleur!

De plus, un enregistrement est toujours un moment délicat. Retravailler avec les mêmes personnes permet de l'attaquer plus confortablement, car l'on sait déjà en partie comment cela va se passer.

 

Pour le futur vous envisagez de travailler à nouveau avec eux ? (je sais que c'est tôt pour cette question... )

C'est effectivement tôt! On verra le moment venu: faire confiance à une équipe qui fonctionne, ou bousculer un peu nos habitudes et travailler avec un autre "producteur" pour expérimenter d'autres choses? Nous verrons bien!

 

L'album sort sur le label Terre Ferme en double LP, comment êtes-vous entrés en contact avec eux ? et si je ne me trompe pas, vous êtes en autoprod pour le CD c'est une manière de partager les risques ?

On a fait une petite date en 2019 avec Møsi, dont Marien, le responsable du label, est le guitariste-chanteur. Ça a très bien marché, et c'est lui qui nous a proposé de travailler avec eux.

Terre Ferme est un label jeune, spécialisé dans "la chanson/rock français chanté très très fort". Ils ne font que des vinyles. Et vu que l'on reste attaché aux CD, le deal s'est fait comme ça.

 

Vos pochettes ont toutes une composante grise importante et une figure du règne animal, c'est encore le cas ici même si c'est le blanc que l'on perçoit en premier... c'est une cohérence que vous recherchez ou juste un hasard ?

Pour la figure du règne animal, le papillon sur R(a)ve est vraiment une idée de Pierre Vergeat, l'illustrateur de l'album. Pour les deux suivants, les présences d'un éléphant et d'un rapace, puis d'un loup et/ou de corneilles faisaient partie de nos propositions aux artistes (Jeff Grimal, pour Luminance, et Raphaëlle Monvoisin, pour les Maîtres du Silence).

Pour la couleur dominante... Je pense que nous restons attaché surtout à l'aspect dessiné, peint, artisanal. Aquarelle pour R(a)ve et le dernier, stylo pour Luminance... Le côté grisâtre doit venir de ça.

 

Et les pochettes à l'aquarelle à l'époque du presque tout numérique, c'est une manière de vous démarquer ou c'est plus une question de goûts personnelles ?

Les deux!

On adore surtout laisser un artiste nous surprendre par son interprétation de notre univers. On choisit un artiste en fonction de son style graphique, puis go! Et l'aquarelle de Raphaëlle nous a vraiment touchés.

Étonnamment, elle a un style presque parfait pour des contes pour enfants, mais un univers beaucoup plus sombre lorsqu'elle fait des photographies. On a parié sur le fait qu'elle arriverait à hybrider les deux!

 

Peut-on revenir sur le nom de l'album, plutôt paradoxal pour un disque quel que soit son genre mais probablement encore plus pour un disque de metal... qu'est-ce vous voulez dire par Les maîtres du silence ? D'ailleurs on retrouve un peu le même genre de paradoxe avec Luminance car je pense que tu seras d'accord pour dire que votre musique a une bonne part sombre même si vous jouez sur les contrastes...

On a tous nos interprétations dans le groupe, et on aime le fait que ce titre prête autant aux questionnements.

 

Tu nous donnes la tienne ou tu préfères que chacun se fasse son idée ?

L'une d'elles serait que les "Maîtres du Silence" désignerait la faune, qui est bien plus doué que l'humain pour se réfugier dans un silence total. Les petits êtres. Ceux dont "la nuit emplit leurs yeux" à l'aube.

Personnellement, Përl est un groupe presque "timide" dans nos relations "pro". J'aime l'idée que des gens s'imaginent que l'on oserait se proclamer comme étant "les Maîtres du Silence". D'une certaine manière, est-ce que le groupe qui réussit à briser le silence pendant l'ensemble d'un concert pourrait s'affubler d'un tel titre? Pourquoi pas!

 

J'imagine que vous brûlez d'envie de défendre ce disque sur scène, avez-vous déjà des projets en ce sens ou vous restez complètement prudents à cause de la pandémie ?

On a commencé à démarcher pour l'automne, on espère pouvoir faire une release party avec un peu de retard. Et une tournée au printemps. Mais rien de concret pour l'instant.

Ça sera la guerre de toute façon, entre les tournées de 2020 reportées, le tsunami de sorties en septembre et l'intégralité des groupes qui voudront jouer...

 

Y a-t-il des groupes avec qui vous êtes amis (ou que vous appréciez) que tu voudrais nous présenter et/ou avec qui vous aimeriez faire un split?

On a eu un énorme coup de coeur, musicalement et humainement, pour les Néerlandais de Laster qui nous ont accompagné lors de notre dernière tournée européenne en janvier/février 2020. C'est très très bon en live, je conseille de les découvrir sous cet angle d'abord.

 

 

si tu vois une question que j'ai oublié allons-y, sinon je te laisse le mot de la fin !

Bastien : J'ai bien une question pour toi: en tant que chroniqueur/journaliste, que penses-tu de la scène metal française actuellement, surtout de celle chantant en français?

Papy : Personnellement j'ai toujours été fan des groupes  qui chantent dans leur propre langue (que je la comprenne ou pas) donc je soutiens toujours ce concept-là... après je suis aussi très fan de metal, hard rock, rock à l'ancienne, donc si un groupe mêle les deux ça me va vraiment bien.

Si je trouve 2 groupes que j'aime autant l'un que l'autre, j'aurais en priorité envie de mettre en avant le Français ou celui qui chante en français ou dans sa langue maternelle.

 

Bastien : Je vois, ma collection de CD est blindé de groupes qui chantent dans leur propres langues... Islandais, gascon, hongrois, coréen, japonais, mongol, néerlandais...

 

Le mot de la fin, tout simplement, merci vraiment à toi pour cette interview, et le temps passé à faire vivre notre scène bénévolement! On a tellement besoin de gens comme toi, merci!

 

photo de Papy Cyril
le 29/09/2021

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 03/10/2021 à 09:12:54

L'interviewer interviewé en toute fin, une belle variante de l'arroseur :)

papy_cyril

papy_cyril le 03/10/2021 à 14:16:28

j'ai trouvé ça plus agréable qu'être arrosé :-)

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