Batushka + Black March le 28/09/2018, Antipode, RENNES (35)

Batushka + Black March (report)

Lorsque des connaissances y vont de leurs petits conseils musicaux avisés, les gens normaux se rendent directement sur Youtube ou je ne sais quelle autre plate-forme de streaming gratuit afin d'écouter un peu ce que ça donne. Ou encore, ils prennent un peu de temps en festival si ledit groupe est à l'affiche. De mon côté, lorsqu'on m'a dit quelque chose typé « Tiens, toi qui apprécies le black metal et les choses un peu inhabituelles, tu devrais te pencher sur le cas de Batushka !», je n'ai rien trouvé de mieux que les snober au Hellfest – parce que bon, il faisait chaud et jour, ce n'était pas spécialement l'éclate niveau contexte – et de quasiment tout autre extrait musical gratuit afin de me rattraper un peu plus tard en les chopant en concert à près de 200 bornes de chez moi. C'est qu'il y a des gens qui en veulent quand même. Bon, ok, j'avoue que je ne suis pas venue en terre rennaise uniquement pour ce concert en particulier, on dira que j'ai plutôt profité de rendre le weekend davantage productif et d'autant plus justifié en terme de kilomètres avalés. C'est ainsi que je débute les hostilités du dernier weekend de septembre placé sous le signe des concerts à l'Antipode, une simple MJC de quartier, loin d'être aussi dégueulasse qu'on pourrait le penser en terme de taille et de confort de concert.

 

Un petit mot rapide sur les Toulousains de Black March dont je n'ai malheureusement quasiment pas vu la prestation, la faute à une arrivée un brin tardive et une organisation de bar aussi archaïque que longuette. Malgré tout, du peu que j'ai pu en entrapercevoir et surtout entendre, le combo est très plaisant. Du black metal de tradition avec quelques relents thrash et punk, on ira plus lorgner du côté de Darkthrone en terme d'influences. Des compositions très solides, un son étonnamment propre extirpant le combo des niches old-school et autres visions underground cracras soit-disant authentiques et une vocaliste qui aura eu le mérite de me bluffer. Moi qui, d'ordinaire, n'ai aucun souci à déceler un je-ne-sais-quoi de jouvencelle au travers des nanas qui chantent comme des bonhommes, je dois bien admettre ne pas avoir décelé le pot aux roses de simple oreille. De plus, l'assistance est très garnie et en est ressortie plutôt enthousiaste pour une simple première partie, signe éminent que les Toulousains ont réussi à attirer le chaland de belle manière. Bref, du potentiel chez Black March, indubitablement.

 

Puis, après un long interlude placé sous le signe du cancer du poumon et de la bière durement acquise, il est grand temps de s'engouffrer de nouveau dans l'Antipode pour Batushka. Dont la scène s'est complètement métamorphosée. Multitude de bougies, backdrops à l'esthétique soignée et un autel recouvert d'une couverture brodée de très bel effet (aussi bien sur le visuel que sa qualité). Je n'en suis pas complètement étonnée, on m'avait quelque peu annoncé la couleur du concept de ce projet polonais anonyme que je définirais très vulgairement comme « c'est Ghost qui se foutrait un bon gros balai dans le cul et se mettrait au black metal ». A comprendre : ça va être cérémoniel sur fond de black metal tout ce qu'il y a de plus sérieux. Et pourtant, le groupe arrive lentement. Très lentement. Jusqu'à montrer très rapidement quelques signes gênants de sponsoring FestiFête pour les tenues. Va pour le masque mais cette cape... Diamétralement l'opposé de la couverture brodée de l'autel avec ses petits motifs têtes de morts très cheap à la limite du mignonnet dont l'ajout d'un nœud rose n'aurait pas dénoté avec un costume de « Hello Kitty fête Halloween ». C'est que les Polonais semblent attachés au fait de bien faire les choses un mois à l'avance à première vue. Voilà bien un point de détail qui amène un peu de cocasse durant ce préambule aussi solennel qu'interminable d'allumage de bougie et de démarrage tout en douceur de « Yekteniya I » qui a tôt fait d'effacer l'éventuel sourire qu'aurait pu attirer la tenue. Parce que, dès les premières minutes, on voit très bien qu'on n'est pas spécialement là pour rigoler et danser sur le « Thriller » de Michael Jackson en grignotant les bonbons périmés des fonds de boîte des vieilles rombières du village. L'ambiance s'installe d'emblée, doucement d'abord, pour progressivement s'alourdir au fur-et-à-mesure que le rituel s'éternise, une sensation fort étrange d'impatience d'une éventuelle explosion de riffs et de fascination quant à cette ambiance fort atypique. Et je suis loin d'être la seule dans ce cas tant l'assistance reste muette, aussi solennelle que le cérémoniel. Pas même quelques applaudissements d'usage à l'arrivée sur les planches de nos gourous polaks. Comme je disais, ça ne rigole pas avec Batushka...

 

Une fois l'explosion attendue venue, avec un son excellent pour une modeste MJC, c'est l'intégralité de leur seul album à leur actif, Litourgiya, auquel nous avons le droit. Dans l'ordre qui plus est. Véritable rêve pour tout chroniqueur qui est toujours en train de galérer avec les setlists comme moi. Mais paraissant quand même un brin trop facile. De la même manière que la prestation en général : les cinquante minutes filent et fascinent tant le registre de black metal tiraillé de chants grégoriens et l'ambiance due à la mise en scène ultra-rodée sont intéressants, mais une fois les musiciens partis après avoir baptisé l'assistance, il reste comme un petit goût curieux au fond de la gorge. On pourrait bien mettre la petite faute de goût vestimentaire sur le tapis mais il s'agit sans doute d'un peu plus que cela. Le rite était peut-être trop glacial et mécanique, et honnêtement, paraissait un brin fainéant en terme de mise en scène, quand bien même celle présentée ce soir était réussie en terme de restitution d'ambiance et de mise en place. Au fond, l'on sent que Batushka peut aller encore plus loin dans son délire, quitte à partir un brin au-delà de son fil sonore (une communication et autre gimmicks scéniques adaptés entre les titres par exemple ?). Ce qui fait sortir de la salle avec cette sensation fort curieuse d'avoir vécu un moment fort et atypique sur lequel on ne peut s'empêcher de poser des réserves : au vu de ce non-jusqu'au-boutisme et de l'utilisation diverse de solutions de facilité, Batushka parviendra-t-il à se renouveler, tant sur son spectacle que sur sa musique, si le projet se déciderait à livrer quelques offrandes sur galette supplémentaires ? Wait & see comme on dit...

 

 

Setlist

 

  • Yekteniya I
  • Yekteniya II
  • Yekteniya III
  • Yekteniya IV
  • Yekteniya V
  • Yekteniya VI
  • Yekteniya VII
  • Yekteniya VIII
photo de Margoth
le 10/10/2018

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