Brighter Death Now + raison d'être + Desiderii Marginis le 07/03/2024, Le Glazart, Paris

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Le Glazart est un lieu fascinant. Déjà par la pluralité des genres musicaux qui s’y côtoient, de la techno de schlagos au goregrind salace, mais aussi grâce au sentiment de satisfaction qui nous saisit au terme de chaque périple entrepris pour s’y rendre. Entre la traversée de la station Porte de la Villette et ses crackheads prêts à vous agripper la jambe au moindre pas de travers et les piles de sacs poubelles et autres déchets grosses comme ça jonchant la périphérie du quartier, même pas besoin d’en passer les portes pour se sentir bien imprégné de douces effluves bien underground.

 

Réuni sous le signe de la dark ambient, le public ne peut que confirmer cette impression : les fringues, les démarches et les blagues y sont ce soir du jeudi 7 mars plus sombres encore que devant la Temple du Hellfest. Ce qui n’empêche pas la terrasse du Glazart de se fendre assez vite d’une joyeuse animation, bien encouragée par l’ouverture retardée de ses portes. Rien de bien surprenant au vu du bric-à-brac de câbles, de consoles et de projos éparpillés sur la scène au moment de s’engouffrer dans son obscurité : la tendance de ce soir se dirigera bien davantage vers le côté ambient/industriel de Brighter Death Now que vers ses aspérités black/death.

 

Tout juste le temps de glaner deux-trois goodies au stand de merch installé en fond de salle que résonnent à ses quatre coins les premières notes profondes et éthérées de Desiderii Marginis. Une première partie que devait à l’origine assurer Deutsch Nepal, avant rétractation pour raisons personnelles. Fort heureusement la dark ambient suédoise est un très petit milieu, au sein duquel les artistes se connaissent encore mieux que les colonies de rats peuplant Châtelet, et Johan Levin s’est facilement laissé convaincre de se greffer à l’aventure. En début de set, il lève d’ailleurs tout timidement sa bière à l’attention du public pour un salut de circonstance. J’espère ne pas voir là le signe d’une quelconque fébrilité de sa part ; pour le coup on ne peut pas dire qu’il ait volé sa place. Obscur dans son atmosphère, lancinant dans son déroulé, pénétrant par la puissance de ses lignes de basses, Desiderii Marginis fournit une prestation particulièrement convaincante. Tout du long, son auguste et placide silhouette se découpe en premier plan d’un diaporama de paysages industriels du plus bel effet, en appui de touches atmosphériques saisissantes. Alors que par petits intervalles peuvent s’égrener des sonorités respiratoires à cheval entre Dark Vador en plein sommeil mystique et un Predator en maraude, Johan Levin agite de temps en temps devant lui une longue baguette pour se donner des airs de sorcier, ou de chef d’orchestre en plein trip de codéïne. On sait où va sa préférence lorsqu’il la frotte contre une cymbale pour amplifier des vibrations qui nous pénètrent jusqu’aux entrailles.

 

Aaah c’est déjà rare d’assister à une première partie de si bonne qualité, alors quand le set le set se fend d'une durée équivalente à la tête d’affiche d’un concert de metal c’est d’autant plus troublant. Limite dominerait l’impression que le deuxième groupe n’a déjà plus rien à prouver, tant le précédent a déjà coché toutes les cases du cahier des charges. Une impression à laquelle pour ma part je n’adhère jamais, pourtant ce soir mal m’en a pris. Raison d’Être figure peut-être parmi les noms les plus prestigieux de la dark ambient, à la discographie chargée de certains des meilleurs albums du genre. Jeter un tout petit bout d’oreille à Daemonum & Daemoniacum devrait suffire à en convaincre. Et pourtant, si je l’avais découvert ce soir-là, j’aurais peut-être repoussé l’écoute de ses albums à plus tard. Le set de Desiderii Marginis juste avant aurait-il fixé une valeur étalon trop élevée pour la présence scénique de Raison d’Être ? Là où Johan Levin brillait par le calme et la lenteur avec lesquelles il manipulait sa console, ce qui collait d’autant mieux à une esthétique « ambient », Peter Andersson se montre plus concentré, plus saccadé, comme s’il accordait une trop grande importance à la maîtrise de sa partition. Si ses clips apocalyptiques diffusés en arrière-plan s’inscrivent dans la continuité de Desiderii Marginis – avec ses propres fulgurances, notamment un long gros plan sur un iris orange digne de l'œil de Sauron (guère la meilleure manière d’éviter de se fourrer le doigt dedans, si j’ose dire) – le ressenti globalement plus lisse et moins captivant qu’il dégage n’entraîne pas assez l’adhésion du Glazart, qui se laisse aller à la discussion plus qu’à l’écoute. Mauvais calcul ; les basses, on aurait clairement préféré les ressentir au fond de nos tripes que sur les vibrations des rideaux de fer au fond de la salle.

 

Ne reste plus qu’à espérer que Brighter Death Now assure la discontinuité qualitative de la soirée en relevant un peu la barre. Et sur une scène bien spacieuse une fois débarrassée de tout le fatras des deux premières parties, on se sent un peu plus respirer comme on sent Roger Karmanik et son acolyte plus libres de leurs mouvements. Est-ce bien nécessaire pour un black metal privilégiant une instrumentation atmosphérique et torturée ? Pas forcément, ce qui n’éclipse pas la pertinence de la scénographie. La console et les instruments additionnels placés au premier plan et les pédales de disto en fond de scène arrangent au contraire l’espace de manière à laisser le frontman faire étalage de sa gestuelle de manière plus accentuée. Assister à un concert de Brighter Death Now, c’est un peu comme vivre une descente aux enfers à intensité crescendo. Dans le jeu de lumière déjà, de plus en plus froid et saccadé à mesure de sa progression, jusqu’à difficilement distinguer les silhouettes dans l’obscurité crépusculaire jusqu’à laquelle elle descend. Comme sur les clips toujours plus glauques, sombres et tourmentés pour donner le ton. Sans oublier le jeu scénique de Karmanik, qui se tord de folie à chaque résonnance de son growl chthonien, ainsi que de la silhouette indistincte de son comparse bassiste, dont on peut vanter la présence aussi discrète qu’essentielle. Ni l’utilisation feutrée des instruments additionnels, entre trompette, violon et cymbale frottée à la baguette, dans un paysage sonore d’une richesse insoupçonnée. Une alchimie sonore et visuelle arrachant au public des vivats appuyés lors des parties plus rythmées, qui se limitent non sans éloquence à des basses lourdement syncopées.

 

Très certainement, Brighter Death Now a gratifié Paris d’une performance à la hauteur de sa réputation de précurseur de la musique industrielle en métamorphosant le Glazart en émule d’un septième Cercle de l’Enfer que Dante n’aurait pas désapprouvée. Les cauchemars de forêts de pendus, de messes noires dans des usines abandonnées et du regard lubrique de Jeffrey Epstein planqué dans mon placard qui m’ont poursuivi pendant deux semaine après le concert, ça c’est une autre histoire.

photo de Aldorus Berthier
le 21/03/2024

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4 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 21/03/2024 à 13:51:48

Pas sûr que le concert m'aurait branché, mais le report est très sympa !

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 22/03/2024 à 10:02:39

Merci collègue ; je me suis lâché pour mon premier report publié depuis French Metal. Le dernier remonte à 2018 !
(Par contre on va clairement envisager d'investir dans un nouvel appareil photo...)

pidji

pidji le 22/03/2024 à 10:34:40

ça peut valoir le coup pour l'appareil photo, oui 😁

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 22/03/2024 à 11:38:55

Ça fait depuis 2012 qu'il me suit partout sans jamais faillir, laisse-moi juste le temps d'en faire le deuil 😢

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