Ac/dc - Rock or bust

Chronique CD album (34:54)

chronique Ac/dc - Rock or bust

On dit que les légendes sont immortelles. AC/DC, sans nul doute, en fait partie. Et pourtant, aussi intemporel est son statut légendaire, les protagonistes qui l'ont construits, eux, sont comme tout le monde : de misérables êtres humains qui prennent de l'âge. Car même la légende ne peut rien faire contre les ravages du temps et ce n'est pas la santé de Malcom Young qui ira prétendre le contraire. Un gros coup de pied dans la fourmilière dans la bande australienne qui a semblé réveiller un démon du midi des plus tardifs. C'est ainsi qu'un Phil Rudd, creusé et ravagé par les plus vils adversaires de l'humanité que sont les ans et les shots de tord-boyaux et autres cachetons chimiquement acidulés, s'est vu prouver que la jouvence pouvait être sienne. En vain, la justice néo-zélandaise ne l'ayant pas vu d'un œil très bienveillant. Que voulez-vous, quand on est une figure du rock, il faut bien se prouver qu'on peut encore faire partie de la catégorie des mauvaises graines et devenir ainsi un futur bad guy sénile et tremblotant au pays des chaises roulantes des maisons de retraite.

 

Et puis, il y a les autres membres du clan, plus lucides et moins immatures dans leur crise de la soixantaine. Eh ouais, mec, pour se prouver qu'on reste une figure du rock, on peut simplement faire du rock. Du true, du gros, qui tache, sans fioriture ni autres artifices numérico-modernes. C'est du rock ou une mandale dans ta tronche. D'où le nom foutraque et facile de Rock Or Burst.

 

Et pour être true, rock et prouver qu'on est AC/DC, rien de mieux que de faire... Du AC/DC of course. Pourquoi changer alors que la recette marche depuis 45 ans ? Et surtout, en quel honneur des vieux iraient s'aventurer dans les territoires coreux des jeunots ? Allons bon, c'est comme si l'on nous disait demain que Lemmy allait nous sortir un album de black metal avec Motörhead. Aussi badasse pourrait être l'événement, soyons sérieux : l'ordre des choses et de l'évolution humaine veulent que les vieux restent dans leurs activités de vieux. C'est-à-dire faire des trucs de d'jeunz' de leur temps, d'où ce-dit écart générationnel.

 

Par chance, les Australiens sont des bons vieux cons, ceux qui fédèrent et relient tout âge et génération. Eh ouais, écouter/voir AC/DC, ça peut être aussi l'activité dominicale familiale post-messe, normalement chiante comme la mort pour chaque marmot qui se respecte. Tout comme ça peut être aussi cet émouvant échange et partage d'un paternel offrant ce nouvel album à sa progéniture sous le sapin alors que cette dernière a cassé son petit cochon en porcelaine pour acquérir ce même disque – version LP – pour son papounet. Et ça, ça ne s'invente pas.

 

Et pour le coup de Rock Or Burst, vous aurez compris qu'AC/DC ne se réinvente pas non plus. Bien au contraire, démon de midi oblige, c'est davantage dans le rétro arrière que la Young Family lorgne par rapport à ce qu'ils ont pu faire avec Black Ice ou Stiff Upper Lip. Car Rock Or Burst sent bon the 70's spirit : un album direct, aussi court que concis. Hormis bien entendu les frasques scénico-cascadeuses d'Angus dont les vieux os préfèrent laisser la main à la jeune génération Airbourneienne pour pérégriner les vertigineuses pirouettes de bout-en-train fini à l'urine d'un coucou suisse. Le démon de midi comme je vous le disais en début de chronique hein.

 

Direct comme un bon vieux burst fist avec seulement 35 petites minutes au compteur. Et qui commencent de manière tonitruantes avec un tandem pète-pif « Rock Or Burst » / « Play Ball » qui laissent présager de bons moments brise-voix et brise-pattes dans les fosses de stade à force de scandage à tue-tête de refrains et numéros de air-guitar qui feront pester les voisins mélomanes d'un soir. Voilà, le ton est donné : Rock Or Burst s'attarde bel et bien sur le passé où le CD n'existait même pas et où il était bon ton de mettre ses plus belles cartouches dès les premières rainures des galettes 33 tours, histoire de profiter de la meilleure qualité qui soit pour le meilleur. Et de meilleur, voici les deux titres que la cuvée 2014 a de plus marquant à offrir comme bons singles – dans le sens le plus positif du terme – sont-ils censés être. Ces hymnes qui rendront la fosse dingue et qui fera que les doyennes de la gente féminine dégraferont ses petits hauts de cuir histoire d'exhiber leurs mamelles flasques et tombantes sur les épaules des grands et musculeux hommes de l'assistance, compatissants surtout au fait de ne pas avoir cette image sordide devant les yeux.

 

Pour le reste, on reste dans le terrain connu, AC/DC étant ce qu'il est. Oscillant entre bon rock aux refrains bourre-crâne et morceaux plus lancinants et bluesy (« Rock The Blues Away », « Dogs Of War ») en passant par quelques moments plus faiblards et dispensables (« Miss Adventure », « Got Some Rock'n Roll Thunder ») par leur caractère trop facile de redite justement trop redite. Il faut cependant reconnaître que ce nouveau jet possède une crème solidement prise qui rend son écoute fort excitante dans sa globalité, bien plus que ne pouvait l'être leurs deux derniers opus en date je serais tentée de dire. La « faute » à un feeling AC/DCien omiprésent, une douce intensité mêlant feeling et chaleur dont seuls les Australiens ont le secret, le tout mis en galette avec une prod' sentant bon la moiteur que dégagent les lampes des amplis.

 

Certes, Rock Or Burst se pose là comme d'une sorte de retour aux sources d'une bande de vieillards recherchant la jouvence de leur folle jeunesse. Et aucunement ce disque ne touche du doigt la fraîcheur et l'énergie juvéniles de leurs premiers opus – de toute manière intouchables et inégalables – on ne peut pourtant s'empêcher d'en retirer un certain émoi. Celui de constater que les ancêtres qui ont bercé toute l'évolution de son existence ont encore bien la patate et l'envie d'en découdre en envoyant des balles honnêtes et sincères, à défaut d'être originales et réinventer la poudre au risque d'être de mauvais goût. Au final, AC/DC, c'est cette troupe de troubadours du rock qui préfèrent exhiber leurs imperfections naturelles dues au temps qui passent plutôt que de prendre le risque de se ridiculiser à grands coups de botox et autres ravalements de façades plastiques. Et c'est tant mieux comme ça.

photo de Margoth
le 18/02/2015

10 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 18/02/2015 à 11:00:42

Salut Margoth !

Cobra Commander

Cobra Commander le 18/02/2015 à 11:16:48

Serait-ce leur DERNIER album?

cglaume

cglaume le 18/02/2015 à 12:36:12

Démarrer avec AC/DC, ça le fait: bienvenue Margoth !

Jull

Jull le 18/02/2015 à 13:04:08

Putain Back in Black a 7 euros a la fnac... Je vais me le chopper!

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 18/02/2015 à 16:06:58

Welcome Margoth en Proficiaat

el gep

el gep le 18/02/2015 à 20:03:52

Bienvenue Margoth.

Margoth

Margoth le 18/02/2015 à 20:37:36

Merci pour votre accueil bien que je crains maintenant le bizutage ^^

Tookie

Tookie le 18/02/2015 à 21:27:16

Nous avons tous eu le droit à la bite au cirage. Tu t'en sors bien.

sepulturastaman

sepulturastaman le 18/02/2015 à 21:33:19

Finesse raffinement, j'écrirai ton nom en lettre de sang

slain.com

slain.com le 19/02/2015 à 10:24:45

C'est clair que ça reste du AC/DC, classique, sympa, mais ne fera pas des nouveaux adeptes. On se croirait dans son's of anarchy

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