Admiral Angry - A Fire To Burn Down The World

Remarqué l'année dernière avec "Buster", Admiral Angry revient cette année avec un nouvel EP plus ou moins expérimental nommé "A Fire to Burn Down the World". Le combo de barjots nous sert cette fois ci une seule piste de 23 minutes, lente, très lente et profondément malsaine.

Enregistré en une seule prise, avec uniquement du matériel pour les enregistrements vinyles, sans aucun mastering ou post-édition, le morceau nous est servi brut de décoffrage. La prestation du groupe n'en est que plus sincère et encore plus prenante, on ne pourra que saluer cette démarche assez extrême. Démarche extrême qui prouve une fois de plus l'attachement du groupe à la scène underground.

Musicalement, la démarche est tout aussi radicale. Ne faire qu'une seule piste de plus de vingt minutes est osé, même si dans le genre du slowcore l'idée est souvent présente. Le morceau, d'une lenteur incroyable, est mené par une batterie martelant constamment le tempo. Les guitares balancent des accords bien entendu très bas, on est limite dans l'infra son par moment. Seul le chant apporterait presque une nuance de temps en temps. D'ailleurs, ce chant est toujours aussi malsain et violent, à la limite de la rupture. On a l'impression d'avoir un être possédé par une rare folie qui nous gueule dans les oreilles, quelques crachats nous arrosant de temps en temps. Tripant et effrayant à la fois. Profondément lent et monotone, le titre a tout de même quelques passages, plus aérés, où tout semble s'arrêter et où seuls des larsens et de violents cris surgissent de nulle part. Cette violence, souvent latente, est prédominante durant tout le titre. Ça en deviendrait presque dérangeant par moment. On arrive à la fin du morceau presque épuisé par tant de bruits, de violence, se demandant si on aime vraiment, ou si on déteste plutôt.

Sorte de figure de style musicale, ce nouvel EP d'Admiral Angry est une réelle expérience sonore aux limites de la lenteur et de la violence. Aucun compromis n'est fait par le groupe qui continue dans sa démarche extrême et jusqu'au-boutiste. On pourrait se demander quel est l'intérêt d'une telle "œuvre" tant elle parait inabordable (et inappréciable) par bon nombre d'auditeurs. Le fait qu'elle ne soit pressée qu'à 300 exemplaires montre cependant qu'elle ne se destine qu'à un public bien précis. Impressionnant malgré tout.

DreamBrother

le 17/06/2010