Aeveron - Existential Dead End
Chronique CD album (56:12)

- Style
Death Swanö-mélodique - Label(s)
Battlegod Productions - Sortie
2008 - Lieu d'enregistrement “Rape of Harmonies” Studio
écouter "The Embodiment Of All Misery"
« Danny!!!!!... Danny!!!! »
Ah qu’il est poignant le cri douloureux et fervent du fan de Dan Swanö! Ne l'avez-vous jamais entendu retentir, désespéré, au fond d’une salle de concert investie par un second couteau de la scène Death Mélo? N’avez-vous jamais ressenti l’espoir fou mais fragile exprimé par ces muettes exclamations perçant l’apathie des commentaires de bas de chronique de Witherscape? Seuls les chasseurs de galinettes cendrées, à l’apéro de 9h15, ont entendu complainte semblable, quand la crépinette à gorge mouchetée, touchée à l’aile, hurle son incompréhension à la face de l'Esprit de la Forêt…
Car depuis cette lointaine époque où il a sauté en marche du vaisseau Edge of Sanity, Dan n’a donné à ses ouailles que de sporadiques raisons de croire à nouveau en des lendemains qui growlent. Les fructueuses propositions de reformation formulées liasses de billets en main par les plus gros festivals? Repoussées. Bloodbath? Abandonné. Infestdead? Il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé… Et puis les nombreuses productions qui sortent des studios Unisound et les « featurettes » effectuées à gauche et à droite, c’est bien mignon mais ça ne nourrit pas son fan! Il y a bien eu Demiurg et Witherscape plus récemment, c’est vrai. Quel bonheur… Mais crénom: ce qu’on veut nous, c’est notre Danny des 90s, c’est Edge of Sanity!
Face à ce genre de pathologie lourde, les médecins du Metal sont formels: quand les apnées nostalgiques au plus profond de la discographie de l’être aimé ne suffisent plus, il faut user de stratagèmes, de succédanés, de substituts. Du matos élaboré hein, pas de la petite méthadone de contrebande pour Swanoïnomane en cours de désintox "hard discount". C’est là qu’intervient Aeveron – groupe allemand, et non pas rodézien comme pourrait le laisser penser son patronyme. L'effet est garanti par des tests effectués en laboratoire: l’inoculation d’une forte dose d’Existential Dead End, 2e album des zigs en question, redonnera sourire et tonus aux plus fragiles des Swanöphiles. Car cet album n’est que growl profond et caressant, envolées mélodiques impulsives, chant clair qu’on-s’y-croirait, poussées Black/Death virulentes et sucrées… « Dan » est écrit en lettres rose-sang sur tous les murs de ce fringant mémorial, si si! Ecoutez donc « The Embodiment of All Misery », et osez me dire que ça ne vous fait pas penser à du Edge of Sanity chevauchant un pur-sang blacky. Lancez « Existential Dead End », et observez ces éruptions d’un Death qui sait être aussi barbare que caressant (... bienvenu au « Happy Wisi-gay Club »!). Les élans héroïco-heavy sentent l’amour des grands anciens pour les duels à la lead, quelques passages transpirent le Rock’n’Roll bodybuildé à la late-Carcass, les remontées de bile Black fleurent bon le Dissection et le Diabolical Masquerade… On aurait même l’impression de replonger dans le Mystic Places of Dawn de Septic Flesh à l’écoute de « Contemplation »…
Du coup c’est dommage que les Teutons Danophiles abusent un peu d’un clavier parfois franchement trop sucre d’orge. Certes Dan ne crachait pas sur l’exercice, mais il s’arrangeait en général soit pour que ce dernier ne soit pas trop en avant, soit pour qu’il évite les sonorités trop « neuneu ». Alors qu’ici, parfois, ça pique (aïe le solo de synthé à la Pretty Maids à 4:09 sur « Anger Complex », gloups la mélodie Youpla Folk "à 2 doigts" sur « Bound For Victory »). C’est sûr que parfois on y gagnerait en remplaçant quelques flonflons bien roudoudou par un peu de cuir et de chaînes à la The Crown. Mais globalement le résultat est vraiment super accrocheur, et profondément jouissif. Et puis finir les hostilités sur une reprise de « Twilight » presqu’au niveau de l’original, c’est quand même signe d’un extrême bon goût!
Allez hop, une petite injection en intraveineuse en espérant qu’un Wacken et un Hellfest réunis finissent un jour par convaincre M. Swanö de se laisser tenter par quelques dates exceptionnelles…
La chronique, version courte: Envie d’un gros shoot d’Edge of Sanity période Purgatory Afterglow / Crimson? Envie de sucre, de feu, de poils, de câlins? Ce 2e album d’Aeveron s’applique en couches épaisses dans les oreilles, et redonne le sourire des Danny retrouvés!
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