Amphitryon - Sumphokéras

Chronique CD album (47:07)

chronique Amphitryon - Sumphokéras

Avant de lire le texte d'une chronique, notre attention est souvent happée par les éléments plus simples à identifier : la note, la cover de l'album, et puis le style. S'il est marqué "Doom metal mélodique progressif", cela n'a pourtant rien à voir avec My dying bride, Paradise lost ou Anathema. Ici, pas question de dépression ou de mélancolie. Le mot Doom est mis là parce que la musique d'Amphitryon se pare de quelques passages lents, et que dans l'ensemble le tout est dépourvu de blast ou autre pouka pouka cinglant. Mais ne vous détrompez pas, il s'agit là de metal, au sens noble du terme.

 

Cet album est basé sur une pièce de théâtre nommée "Le cycle d'Ephapsaménée", écrite par un des musiciens du groupe, mr Scarpa. Cela se passe dans la Grèce antique des mythes et légendes. Là se déroule une guerre permanente entre déités, créatures, et les humains des premiers temps, plongés dans l'obscurantisme et le mysticisme de jadis. La mythologie ici n'est plus mythomanie, elle devient réalité. Les dieux Grecs sont au rendez-vous, tous plus en furie les uns que les autres, et les humains commettent les pires atrocités, entre complots en vue d'ascension au pouvoir et fratricides pour y parvenir, guerres impitoyables et destructrices entre cités rivales. Ces temps oubliés sont loin aujourd'hui, et la platitude de la vérité est devenue trop insupportable. Ce disque est un refuge, une ouverture vers ces temps oubliés où la terre était encore plate, où le chaos et la barbarie donnaient un sens au destin.

 

L'univers d'Amphitryon est tortueux comme le labyrinthe de Minos, si bien qu'il est parfois difficile de ne pas en perdre le fil (d'Arianne). Certains riffs sont terriblements écrasants, des ambiances de tartares se mêlent à d'autres atmosphères plus héroïques, et souvent, juste après, tragiques... Les voix sont multiples, l'une Death très rugueuse, deux voix féminines typiques de l'opéra, et il y en a encore... L'aspect progressif prend des dimensions assez grandioses, dont la complexité me fait penser au travail de Magma. Bien sûr, on est loin de l'aspect rock progressif et des polyphonies étranges autant que variées, ici on parle de metal progressif et mélodique. Mais je pense ne pas trop me tromper en affirmant que les compositeurs d'Amphitryon sont nés avec des disques de Christian Vander dans les oreilles. Le groupe comprend énormément de musiciens talentueux (qui sortent tous du conservatoire notez) qui travaillent plus pour mettre en scène une histoire que juste de la musique.

 

Le seul et véritable problème de ce groupe, c'est que sa dimension théâtrale lui donne des airs trop grandiloquents, même si les aspects musicaux n'en sont pas moins réussis. Nous ne sommes plus là dans une salle de concert où le public sent la sueur et la bière, où les cheveux nous collent à la figure après avoir headbangué sur des riffs rock'n roll durant des heures. Le concept d'Amphitryon, parce qu'il est fortement développé, demande une installation toute autre pour se produire sur scène : un théâtre, un opéra peut-être un jour ? Un endroit où l'on s'assoit dans un de ces sièges rouges confortables avec nos petites jumelles pour assister à l'événement. Loin d'être anecdotique, cet album ne passera pas souvent dans mes oreilles, mais devrait en intéresser plus d'un.

 

 

Achat ou pas achat ? Pas achat.

photo de Carcinos
le 12/07/2011

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