Barren Earth - A Complex of Cages
Chronique CD album (1:01:26)

- Style
Death Prog - Label(s)
Century Media Records - Sortie
2018
écouter "Further Down"
En 2012, la réception de The Devil's Resolve n’avait été que bonheur, allégresse et pommes de terre sautées. Et pour de bonnes raisons: un super-groupe (avec des zigs d’Amorphis, Thy Serpent, Moonsorrow – et même le gratteux de Waltari crénom!) avait réussi à pondre un réjouissant album de Death mélo à tendance progressive, à la croisée des vieux Opeth et Amorphis… On a payé des tournées générales d’Apéricubes pour moins que ça!
En 2015, problème de synchronisation d’agendas, détecteur de bons plans bloqué au SAV, congé sabbatique de Huggy les bons tuyaux: on était complètement passé à côté de On Lonely Tower, l’album d’après. En même temps, vu le rythme insensé des sorties métalliques, quand les promos ne trouvent plus le chemin de notre boîte aux [e-]lettres et que l'on n'est pas inscrit au fan club de tel ou tel groupe, il devient difficile d’éviter certaines impasses…
En 2018, alors que la génération Bitcoin est grave en Marche sur Snapshat, Barren Earth revient avec un 4e opus intitulé A Complex of Cages. C'est donc le moment opportun – comme avant tout décollage de chronique effectué dans les règles – de ressortir la checklist pour vérifier si tout est toujours bien en place:
- Death mélo? CHECK! Les rugissements profonds (bel organe que celui de Jón Aldará!) sur fond de caresses guitaristiques administrées tambour battant mid tempo sont toujours bien présents
- Touche Prog? CHECK! On croirait toujours entendre Opeth par moment. Ou le Edge of Sanity de Crimson. Et puis ça s’entortillonne régulièrement avec classe – et ce dès le tout début de « The Living Fortress ». Sans compter que les morceaux font en moyenne dans les 6 minutes…
- Le clavier des « 1000 lakes »? CHECK! Celui-ci n’est certes pas omniprésent, mais certaines sonorités ne trompent pas, comme par exemple ces roucoulades à 5:48 sur « Zeal »
- Les saveurs Psyché 70s? CHECK! Quand le clavier ne s'emploie pas à reproduire les kitcheries d'époque moulées à l’orgue Hammond, on entend la batterie faire Poc Poc et la lead sortir la disto' « fumette » de sa pédale à malice.
- Les occasionnelles fragrances orientales? CHECK! On a cette fois encore l’impression de croiser furtivement Orphaned Land (à 3:56 sur « Zeal », à 5:42 sur « Solitude Pith »…), voire même un BaK assagi (après la barre de la minute sur « Solitude Pith »)
« Bah alors lapin, pourquoi tu boudes? C’est quoi ce 6.5/10? »
Cette note mi-figue mi-tigée est la moyenne entre un 8 récompensant tout un tas de morceaux et de passages aussi juteux qu’auparavant (Aaahhhh le « I’ve found a way » de l’aventureux « Furter Down »!)… Et un 5 justifié par des incursions nombreuses dans le roudoudou le plus mélancolique et le plus anesthésiant qui soit. En ce qui me concerne, les 2 minutes 30 qui démarrent « Zeal » auraient pu être cédées pour pas cher à un groupe de Dark Gothique OuinOuin. Le début mollasson de « Solitude Pith » aurait endormi sans problème Nicolas et Pimprenelle (… d’autant que le marchand de sable repasse en fin de titre sur un passage rappelant un peu le « Solitude » de Candlemas). Sans parler de « Withdrawal », que je confierais volontiers avec le bébé et l’eau du bain à la tuyauterie de ma salle de bain afin d’alléger la fin de l’album d’une série de lourds bâillements qui fatiguent inutilement nos muscles maxillaires. Et puis damned, quand Barren Earth fait plus qu’un emprunt léger au répertoire d'Orphaned Land, c’est pour nous faire avaler les épaisses et étouffantes pâtisseries dont ces derniers ont plâtré leur récent méfait – écoutez au tout début de « Scatterprey », c’est flagrant. Sans parler de ce chant clair, là: autant auparavant celui-ci se mariait agréablement aux growls, autant à présent il se fourvoie dans des gérémiades dandy qui donnent envie de distribuer des claques. Serait-ce le succès de Leprous qui a poussé nos amis dans cette désagréable voie[/x]? C’est que sur « The Living Fortress » (...tiens, vers 1:36) et « Withdrawal » (à 2:44), on a un peu l’impression d’entendre les collègues norvégiens.
Alors oui, si les tartines de chamallow tiède ne vous rebutent pas, et si vous êtes sensibles aux malheurs des Pierrots dââârk qui sanglotent à la lune, vous devriez apprécier tout particulièrement le virage entrepris par Barren Earth. Pour ma part, si je me laisse bercer agréablement par ces nombreux clins d’œil à Opeth et toute la scène Death atmo’ de ma « tendre jeunesse », j’ai vraiment du mal à digérer ces chichis lourdingues et ces complaintes pleines de piano délicat et de confidences déchirantes. Je vais donc me voir dans l’obligation de vous rendre vos 2 barils de Barren Earth et de récupérer mon paquet de Damnation Defaced...
La chronique, version courte: pour ceux qui – comme moi – avaient quitté Barren Earth sur The Devil's Resolve, mauvaise nouvelle: au beau Death mélo légèrement progressif à la Opeth / Amorphis de l’époque s’est greffé une vilaine tendance à chouiner en mode dandy délicat. On ne lorgnerait pas sur le public de Leprous des fois Messieurs?
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE