Cerebrum - Spectral Extravagance

Chronique CD album (42:45)

chronique Cerebrum - Spectral Extravagance

Qui a dit que tous les albums de death technique qui sortent depuis 5 ans ne font plus que participer à une course ridicule à la surenchère? N'y aurait-il vraiment plus d'alternative aux brutasseries Origino-Spawn of Po-Decrepit Birthiennes et aux déflagrations inhumaines à la Braindrill / Benath the Massacre? Heureusement, si: il reste encore et toujours des Sadist, Gorod et autres Carcariass pour nous rappeler qu'on peut très bien en foutre plein la vue (enfin, plein l'ouïe !) sans pour autant faire dans l'hermétisme épais ou la promotion de la tendinite généralisée de la main et de l’avant-bras! Cerebrum, groupe grec qui va d'autant plus faire parler de lui qu'un certain George Kollias (Nightfall, Nile...) lui prête ici main forte, est justement un bon exemple de cette résistance à la crise d'épilepsie chronique qui secoue la scène.

Basant pour une bonne partie ses compos sur des plans death mid tempo plutôt sombres et ancrés dans une veine old school US à la brutalité revue à la hausse, Cerebrum tisse autour de ce socle aussi solide qu'éprouvé tout un canevas de plans techniques, tressautements, fulgurances et décalages aussi dense qu'impressionnant, mais - rompons tout de suite le suspense en adjoignant à cette liste un qualificatif moins sympathique - également un peu trop décousu. C'est en effet le principal défaut de « Spectral Extravagance »: la maîtrise technique est là, la diversité et la qualité des riffs et rythmiques sont indéniables, mais ça manque de cohérence, de fluidité, d'accroche … de génie quoi!

Et puisqu'on en est déjà à taper du poing sur le comptoir du bureau des réclamations, continuons avec les quelques autres sujets qui fâchent. Pour commencer, le chant. Honnêtement, les growls d'Apollon sont trop souvent ternes et peu puissants, ce qui a pour effet de contribuer à rendre unidimensionnelle une musique pourtant par ailleurs fourmillante. Il y a bien, pour contrebalancer, ces incursions en chant clair, dans un registre spacio-onirico-nasal qui pourra rappeler S.U.P., mais l'exercice n'est pas franchement concluant. Autre point - qui verra sans doute moins de monde se rallier à mon point de vue: la prestation du grand maître des fûts, Georges Kollias. Certes le bonhomme est expert en son art et mène la section rythmique de Cerebrum à la baguette (ouarf!) … Mais sa prestation a dû coûter tellement cher que le groupe se sent souvent obligé de le mettre un poil trop en avant dans le mix’. Prenez par exemple ce festival de cymbales qui se pointe aux alentours de 2:00 sur « Epiphysis Thrive »: tout ce raffut clinquant est tellement mis en valeur qu'il en viendrait à masquer les guitares!

Heureusement, si sur la première partie de l'album le groupe peine à décoller et à inscrire durablement la structure un peu trop tarabiscotée de ses compos dans notre caboche, il se rattrape un peu en deuxième mi-temps. Ainsi « Beyond Imagination », dans une teinte sombre et pas tout à fait franche du collier, réussit à nous accrocher durablement avec son « Prepare - to enter - the gallery of knowledge ». Même constat avec un « Thorns Of Weakness » très Immolationien dans l'esprit, qui s’ouvre sur un plan guerrier fédérateur. Le summum est sans doute atteint sur « Salvia Divinorum » où le groupe nous gratifie d'une ligne mélodique (à 0:24) qu'on assimile si vite qu'on en finit par se demander, au fil des écoutes, si « Nom de nom, mais ça ne serait pas carrément un reprise ce morceau? » tellement il ressort du reste de l'album et semble familier.

On évoquait à l’instant la filiation de « Thorns Of Weakness » avec Immolation … Ce clin d’œil aux ténors du genre ne semble pas être le seul. On décèle ainsi périodiquement sur ce même titre, ainsi que sur « Shreds of Remains », le glissement des vocaux d’Apollon vers un phrasé qui rappelle le grand Chuck Schuldiner. Sur le début de l’instrumental « The Prologue Of Completion », en greffant des sanglots féminins imaginaires, on replonge dans cet autre instrumental célèbre que ma mémoire poussiéreuse refuse d’identifier clairement et attribue à Pestilence. Et plus frappant encore, le riff d’ouverture du 2e morceau « Scatter-Brain » est étrangement similaire à celui ouvrant « Programmers of Decline », autre 2e morceau figurant sur le dernier Gorod. Sous influence, semblerait-il, nos amis grecs ...

Bref, sur « Spectral Extravagance » Cerebrum nous propose de bien bonnes choses techniquement parlant, de la diversité et une maîtrise certaine. Mais cela manque malheureusement de piment, d’accroche … Et au final cela ne suffit clairement pas à en faire un bon album. Il serait injuste et en partie faux de dire que « Spectral Extravagance » est un mauvais album, mais après un grand nombre d’écoutes, je reste sur une impression de gâchis, et la certitude que, vu le potentiel du groupe et toutes ces bonnes choses disséminées un peu anarchiquement sur toute la longueur de l’album, on serait en droit d’attendre vraiment mieux de ces gaillards… Same player, please shoot again !

 

photo de Cglaume
le 10/06/2010

4 COMMENTAIRES

Lmkt

Lmkt le 09/07/2010 à 12:45:04

http://www.youtube.com/watch?v=RFKNQnsu1rU pour une vidéo de Koko en train de jouer Pattern of Fear.

Et au fait, je pense pas qu'ils l'aient payé très cher, pas sûr à 100% mais c'est fort probable qu'il l'ait fait par plaisir et parce qu'il aime les chansons

cglaume

cglaume le 09/07/2010 à 13:44:18

C'était évidemment une boutade ! ;) Enfin toujours utile qu'il est mis un peu trop en avant à mon goût ...

Lmkt

Lmkt le 11/07/2010 à 11:09:46

Ahh, ok ok. Non mais on sait jamais hein, par exemple Derek Roddy si tu veux qu'il joue sur ton album c'est 15 000 dollars :)
Je me rappelle qu'il avait mis un sticky sur son forum y'a quelques mois en disant ça, 15 000 par album et pour les lives c'est genre 5000 + x/date ou je sais plus trop...
Hé ouais, la qualité ça se paye.

cglaume

cglaume le 11/07/2010 à 15:10:10

La vache ! Ca paie finalement le metal extrême !!!

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